Esther s’appuya doucement contre le mur en soupirant, juste terrorisée par ce qui allait suivre. Elle était un peu en avance pour son rendez-vous avec Lestrade, mais valait mieux ça qu’être en retard. Surtout après ce qu’il s’était passé. Elle ferma les yeux et se mordit la lèvre inférieure, essayant de se souvenir comment tout ça avait bien pu dégénérer aussi vite. Mais c’était un peu flou… Elle ne se souvenait pas vraiment de tout, elle avait pris un sacré coup sur la nuque.



-Mais puisque je vous dis qu’elle est flic !!!

Esther se renfonça dans l’ombre, le cœur battant à tout rompre, avant de reculer lentement loin du bureau. Comment avaient-ils pu le découvrir ? Elle fouilla dans ses poches et en sortit son portable. Elle s’éloigna encore un peu plus et appela ses collègues du Yard à mi-voix pour prévenir qu’elle avait été découverte et que le groupe international de criminels allait surement prendre la fuite.

-Je n’agis pas sans….

Elle se retourna vivement en entendant un petit déclic qu’elle aurait reconnu entre mille. Le bruit d’un pistolet qu’on venait d’armer. Elle bondit vers le fond du couloir où se trouvait une fenêtre, avec l’espoir de pouvoir s’enfuir par là. Mais si elle avait réfléchi un peu plus avant d’agir, elle se serait aperçut de son erreur.
La balle la frappa dans le dos de plein fouet et elle s’effondra sur le sol en hurlant de douleur. Instinctivement, elle se mit à ramper pour s’éloigner le plus possible du tireur.



Jusque-là, tout était à peu près clair. La suite s’était déroulée dans une sorte de brouillard. Elle se souvenait d’une pluie de coups, de sirènes, de bruits de courses et de cris, puis elle avait repris pleinement conscience dans une chambre d’hôpital. Avec plusieurs côtes cassées, le rein en compote, un poignet plâtré et divers points de suture un peu partout sur le corps.
Elle avait fini par demander ce qu’il s’était passé aux infirmières. Elle n’avait pas appris grand-chose, juste qu’elle avait été retrouvée par ses collègues, et que personne n’avait voulu se prononcer sur ce qu’il s’était apparemment passé. Mais c’était déjà un bon début.

Esther finit par rouvrir les yeux et se décider à frapper doucement à la porte du bureau du lieutenant, d’une main tremblante. Après tout, elle avait survécu à une balle dans le rein, des côtes cassées, un poignet fêlé et plusieurs coups violents. Pourquoi pas à Lestrade aussi ?

Greg attendait Esther de pied ferme dans son bureau. Il était vraiment furieux. Ça ne lui arrivait pas souvent mais là Esther avait dépassé les bornes ! Etant la meilleure dans ce domaine, ils l’avaient envoyé en infiltration dans un groupe international de criminel. Mais elle s’était faîtes démasquer et tabasser. Le temps que l’équipe d’intervention arrive, les criminels avaient préparés leur fuite et avaient décampés. Où étaient-ils allés ? Mystère… Un échec total donc… Il ne restait rien permettant de retrouver leur trace. Lorsqu’il l’avait appris Greg était entré dans une colère noire. Esther et ses foutus risques !! Pas d’arme de service sur elle, l’impression d’être plus maligne que tout le monde et elle n’avait même pas appelé son supérieur avant d’appeler les renforts. A la rigueur sur ce dernier point il pouvait peut-être fermer les yeux. Mais le reste était du suicide ! Et si tout cela ne suffisait pas, Greg avait eu la mauvaise surprise de voir un « UNE ORGANISATION CRIMINELLE INTERNATIONALE S’ECHAPPE SOUS LES YEUX DU YARD » s’étaler à la Une du Times le lendemain.
Il avait été à l’hôpital prendre des nouvelles de son agent et avais appris qu’elle avait reçu une balle dans le rein, avait des côtes cassées, un poignet fêlé et avait dû subir plusieurs point de suture. Il dut donc prendre son mal en patience et une semaine plus tard, lorsqu’elle sortit enfin de l’hôpital, il la convoqua dans son bureau. Il entendit soudain frapper timidement à la porte

- Entrez !, dit-il d’un ton autoritaire

Il désigna le siège devant son bureau à la jeune femme et retourna derrière son bureau, sans s'asseoir cependant.

- Bonjour Esther. Comment allez-vous ?, demanda-t-il un peu froidement

Esther inspira longuement avant d’actionner la poignée. A en juger par le ton du DI, elle allait vraiment passer un sale quart d’heure. Elle referma doucement la porte dans son dos et fixa le lieutenant, un peu apeurée.
Elle s’assit précautionneusement en retenant à grand peine un gémissement mais sans pouvoir cacher sa grimace de douleur. D’ordinnaire, elle serait restée debout. Mais là… Elle était blessée, et ce n’était pas vraiment le moment de tenir tête à Lestrade, ni même de le provoquer indirectement en lui disant que c’était plus confortable pour elle de ne pas s’assoir.
Elle haussa les sourcils, surprise par sa question.

-Euh… dit elle bêtement.

Elle baissa les yeux sur sa main crispée sur son genou.

-Pas très bien, mais de mieux en mieux… finit elle par répondre prudemment.

Elle garda les yeux baissés. Chose plutôt rare chez elle, mais vu la situation…Et puis, pour être honnête, elle était fatiguée et pas très fière de la tournure des évènements. Elle espérait –surement à tord- que l’entretien ne durerait pas trop longtemps, et que son chef serait assez clément mais… elle n’y croyait pas trop.

La jeune femme semblait avoir parfaitement compris la situation puisqu’elle répondit prudemment qu’elle n’allait pas très bien mais de mieux en mieux et garda les yeux baissés. Son supérieur resta debout derrière son bureau et soupira avant de s’asseoir


- Bon, vous savez pourquoi je vous ai convoqué n’est-ce pas ?


La jeune femme hocha imperceptiblement la tête en gardant les yeux baissés.


- Vous vous rendez compte des risques inconsidérés que vous avez pris ?? Pas d’arme de service sur vous ?! Vous devez toujours l’avoir sur vous ! Vous avez eu de la chance d’avoir reçu une balle simplement dans le rein et pas dans la tête ou le cœur !! Vous êtes inconsciente des risques !! Vous n’êtes pas plus maligne que les autres Esther, et votre inconscience a failli coûter la vie à un des agents venus en renfort ! Sans compter que vous devez d’abord appeler votre supérieur avant d’appeler les renforts. Bon, sur ce dernier point, et vu la situation, je peux à la rigueur comprendre. Mais pour le reste….


Il se releva et regarda dehors avant de se retourner vers Esther


- Vous mériteriez que je vous interdise toute future mission. Parce que ce n’est pas la première fois que vous prenez autant de risques inconsidérés.

Esther fixait obstinément sa main qu’elle crispait et décrispait sur son genou. Elle se contenta de hocher légèrement la tête pour répondre à son supérieur. Evidement qu’elle savait pourquoi il l’avait convoquée. Parce qu’elle avait pris des risques énormes et commis des fautes qu’on pouvait certainement qualifier d’impardonnables.
Elle releva les yeux sur le lieutenant tandis qu’il la sermonnait, et ne put cacher sa surprise. Coûté la vie à l’un des agents venus en renfort ? Si elle en avait le courage, elle essayerait de lui en demander un peu plus… Mais là, tout de suite, elle considéra cette idée comme très mauvaise. D’une part parce que l’interrompre en plein remontage de bretelle avait l’air d’être plutôt suicidaire comme comportement, d’autre part, parce qu’elle était encore un peu sous le choc de tout ce qu’il s’était passé et avait encore du mal à en parler. Ah, et, accessoirement, parce qu’elle était figée et incapable d’ouvrir la bouche.
Elle profita du moment où Lestrade regardait dehors pour changer légèrement sa position. Elle rebaissa la tête lorsqu’il se retourna. Elle s’en félicita d’ailleurs, parce qu’elle sentit les larmes lui monter aux yeux en entendant sa dernière réplique. Elle se mordit la lèvre inférieure pour éviter de se mettre à pleurer. Elle avait horreur de pleurer de manière générale. En publique c’était encore pire. Mais devant son chef n’en parlons pas.


-Je crois que si vous faites ça, je n’ai plus qu’à démissionner… murmura-t-elle d’une toute petite voix.


Elle regretta instantanément ses paroles et palit encore un peu plus. Le DI pouvait prendre ça pour de la rébellion ou de l’insolence alors qu’elle n’avait fait qu’exprimer une pensée comme une autre. Ou plutôt une vérité. Elle pris son courage à deux mains et leva les yeux vers lui.



-Je… Ne… ne le prenez pas mal… bafouilla-t-elle. Mais… Mais je fais pas ce boulot pour… pour rester enfermée assise derrière un bureau…

La jeune femme n’avait toujours pas prononcé un mot. En même temps dans sa situation, et pendant que son supérieur l’engueulait, ça aurait été suicidaire. Mais la dernière réplique du lieutenant dut faire mouche puisqu’elle reprit la parole. Enfin « reprit la parole »…c’était beaucoup dire. Disons que ses lèves avaient enfin réussies à articuler quelque chose.

-Je crois que si vous faites ça, je n’ai plus qu’à démissionner… murmura-t-elle

Greg regarda la jeune femme, sans savoir s’il était toujours furieux et à moitié choqué de cette forme (bien que déguisé et très éloignée) de chantage ou s’il avait de la peine pour sa subalterne. Esther releva les yeux, pâle, et expliqua immédiatement sa pensée, ayant sûrement réalisé comment il pouvait le prendre.

-Je… Ne… ne le prenez pas mal… bafouilla-t-elle. Mais… Mais je fais pas ce boulot pour… pour rester enfermée assise derrière un bureau…

Le lieutenant soupira et se rassit

- Je sais. Et vous êtes un bon flic Esther. Vous êtes douée, vraiment. Mais vous vous rendez compte des risques que vous prenez ?? Le but de vos missions n’est pas de vous faire tuer. Sans compter qu’à cause de votre inconscience, ces mois de recherches pour localiser ces criminels ont été réduits à néant. Nous avons de nouveau perdu leur trace et je ne doute pas que nous ne la retrouverons pas tout de suite… Et je ne parle même pas de l’horrible publicité que cela a fait au Yard. Comment voulez-vous que les médias et l’opinion publique nous prennent au sérieux si, et je cite la Une du Times, dit-il en précisant bien la provenance de la phrase en espérant qu’Esther réalise enfin l’étendue des dégâts qu’elle avait causé, « une organisation criminelle internationale s’échappe sous les yeux du Yard » ?

Il se radoucit un peu.

- Donc si je résume la situation, votre inconscience a failli vous coûter la vie, celle d’un des agents venu en renfort vous aider, nous avons perdu la trace de cette organisation criminelle et nous sommes la risée du pays. Avouez que ce n’est pas très glorieux Esther…

-Je l’avoue… murmura la jeune femme en le regardant enfin avant de baisser la tête
 
Greg la regarda et vit alors l’impensable. Esther…pleurait. Vraiment. Dans son bureau, en plein remontage de bretelle. Il n’avait jamais vu Esther pleurer. Il n’avait jamais vu Esther exprimer beaucoup d’émotion en général d’ailleurs, et surtout pas de faiblesse. Elle était trop fière pour cela (dans le bon sens). Il fut un peu déstabilisé de la voir comme ça et ne sut pas trop comment réagir.
 
-Je… Je suis… vraiment navrée…, dit-elle d’une voix brisée. Si… Si je pouv-vais revenir en… en arrière… ou faire quelque chose pour… pour réparer ça… je le ferais sans hésiter…

Greg se rassit et se radoucit. Il se sentait quand même mal de voir les larmes rouler le long des joues de sa subordonnée…
 
- Je le sais.
 
Il n’en doutait pas. Esther prenait des risques inconsidéré mais elle se rendait aussi compte des conséquences, elle assumait et elle s’en voulait réellement d’avoir tout fait foirer, il le savait. Il lui tendit un mouchoir.
 
- Arrêtez de pleurer Esther. Je ne vous ai pas convoqué dans mon bureau pour vous faire pleurer. Mais il faut vraiment que vous appreniez à prendre moins de risques et à plus réfléchir avant de foncer. Autant pour vous que pour les autres et les missions elles-même. Je ne veux plus voir ce qui s’est passé se reproduire, d’accord ?

Esther prit machinalement le mouchoir que lui tendait son supérieur, toujours sans lever les yeux. Elle essuya ses larmes, mais d’autres virent prendre leur place. Puis elle se moucha discretement. Elle avait de la chance d’avoir un patron si compréhensif. Elle laissa passer quelques secondes avant de prendre son courage à deux mains et de relever les yeux sur lui. Une sorte de détermination farouche brillait derrière ses larmes.


-Je ferais de mon mieux…  mais c’est une habitude difficile à perdre. dit elle d'une petite voix.

Elle lança un bref coup d’œil à sa main, qui torturait le mouchoir avec acharnement, et s’efforça de se détendre un peu. Elle inspira et expira longuement plusieurs fois de suite.


-L’agent venu en renfort qui… qui a failli y passer… Il va bien ? demanda-t-elle timidement.

Elle se sentait mal de savoir qu’à cause d’elle, un autre agent avait failli y laisser la vie. La sienne passe encore, mais celle des autres, c’était plus embêtant. Et elle ne se sentait pas de vivre avec un mort sur la conscience. Tout du moins, pas encore…

Greg fut rassuré de voir Esther réussir à se reprendre et lui assurer qu'elle ferait de son mieux pour perdre cette habitude qui avait tout fait capoter.

-L’agent venu en renfort qui… qui a failli y passer… Il va bien ? demanda-t-elle timidement ensuite.

Greg regarda Esther et hocha la tête

- Ses jours ne sont plus en danger. Mais il va lui falloir du temps pour récupérer. Il s'est pris une balle dans le rein et une autre a frôlé le poumon et le coeur. Il va s'en sortir. Mais sur le moment, nous avons eu peur en voyant l'emplacement des balles. Heureusement qu'il y a de très bons chirurgiens à Londres.

Le lieutenant regarda la jeune femme. Il savait qu'elle devait se sentir mal. Elle se foutait de mettre sa vie en danger, au fond il soupçonnait même qu'elle aimait ça, mais celle des autres c'était une autre histoire

- C'est pour ça que vous devez absolument faire plus attention Esther. Cette fois nous avons eu de la chance mais je ne tient pas à retrouver un jour votre cadavre ou celui d'un de nos agents parce que vous prenez des risques insensés.

Esther se sentit vraiment soulagée en voyant son supérieur hocher la tête. Mais son soulagement fut de courte durée. Une balle dans le rein, une autre qui avait failli perforer le poumon ou toucher le cœur… Si son but avait été de faire tuer indirectement un agent de Yard, elle aurait presque pu être fière d’elle. Finalement, l’idée de démissionner ne lui paraissait plus si stupide ou déplacée.

« Je ne sais vraiment plus où j’en suis… »

-Je sais patron… Ou plutôt, je m’en doute…

C’est sûr que ça n’était pas quelque chose d’agréable de retrouver le corps d’une personne que l’on connaissait. Déjà un cadavre tout court ça n’était pas franchement la joie. Mais si en plus c’était quelqu’un avec qui on avait rit, quelqu’un qui nous avait échangé une poignée de main, avec qui on avait partagé un café… Un homme dont on était au moins le responsable, si ce n’était l’ami...

Elle dévisagea longuement Lestrade. Elle réalisait petit à petit ce que son grade impliquait comme responsabilités, les prises de décisions difficiles, et la force ainsi que les nerfs qu’il fallait avoir pour occuper le poste.

-Ca n’est jamais agréable d’apprendre la mort de quelqu’un qu’on connaissait… murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour être entendue.

Elle se souvenait du choc de sa mère lorsqu’un policier était venu leur annoncer la mort de son père.
« Madame Elisabeth Mercury ?
-Oui, c’est moi.
-C’est à propos de votre mari, Ian Mercury. Il a eu un accident de voiture. Nous n’avons rien pu faire. Sincères condoléances madame. »
Le flic n’avait pas eu l’air si désolé que ça, et Esther, du haut de ses sept ans, n’avait pu s’empecher d’en faire la remarque à sa mère par la suite. La petite fille n’avait pas vraiment réalisé tout de suite ce que le mot « mort » impliquait, et ce n’était qu’à l’adolescence qu’une présence paternelle lui avait réellement manqué.

-Surtout s’il y a des liens affectifs forts… ajouta-t-elle sur le même ton.

Elle réalisa soudain qu’elle pensait à voix haute devant son supérieur. Elle se sentit rosir et baissa les yeux.


-Pardon…

- Je sais patron… Ou plutôt, je m’en doute…

Greg ne doutait pas qu’elle le savait. Après tout, Esther prenait des risques inconsidérés mais elle n’était pas stupide.

- Ca n’est jamais agréable d’apprendre la mort de quelqu’un qu’on connaissait… murmura la jeune femme. Surtout s’il y a des liens affectifs forts…

Greg fut surpris de l’entendre penser à voix haute et secoua la tête

- Vous n’avez pas à vous excuser… Et oui ce n’est jamais agréable… C’est plus qu’éprouvant. Encore plus s’il y a des liens affectifs forts, ce qui explique que dans ces cas-là on retire la personne de l’affaire,  même si justement on aimerait encore plus travailler nous-même dessus…

Il soupira

- Donc nous sommes revenus à la case départ, il va falloir repartir quasiment à zéro. Très honnêtement, si je devais redonner le dossier à la personne que j’estimais la plus à même d’atteindre notre but, je vous le donnerais parce que vous êtes de loin notre meilleur agent d’infiltration… Mais vu la situation vous comprenez que j’hésite fortement… Je ne voudrais pas voir ce qui s’est passé se reproduire une nouvelle fois. Enfin de toute manière, les infiltrer, une fois les avoir localisé, ce qui ne sera déjà pas simple, va être quasi impossible maintenant…

Il ne savait vraiment pas comment arranger cette situation…

- De toute manière, est-ce que vous êtes en état de travailler Esther ? En étant opérationnelle à 100% ? Peut-être que vous devriez prendre encore une semaine histoire d’être complétement remise.

Esther se sentit légèrement flattée par le compliment de son supérieur, mais ses trois dernières répliques la laissèrent stupéfaite. Il l’avait bien regardée là ?! Elle avait un bras dans le plâtre, des côtes cassées, et un rein à mi-chemin entre l’état solide et l’état liquide, et il lui demandait sérieusement si elle devait prendre une semaine de repos de plus pour être cent pour cent opérationnelle ?! Elle le fixa longuement dans le blanc des yeux, le regard vide, le visage dénué d’expression, comme elle savait si bien le faire pour mettre les gens mal à l’aise et les faire se sentir plus que stupides, vraiment cons.

-Je suis en train de me demander si vous êtes sérieux, si vous plaisantez, ou si vous vous foutez de ma gueule, sauf votre respect, lieutenant… fut tout ce qu’elle put répondre au début, d’un ton éteint. Non, parce que, je veux dire, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais je suis quand même dans un sale état, et même respirer devient difficile, alors reprendre le boulot tout de suite, même si j’adore bosser, faut pas abuser non plus…

Sarcasmes, insolence, ça sortait tout seul. D’un côté, c’était bon signe, elle reprenait du poil de la bête… De l’autre, c’était plutôt mauvais, pour Lestrade, qui allait rapidement ne plus la supporter, mais également dans le fait qu’après son erreur, elle aurait plutôt du faire profil bas. Ce qu'elle avait quand même relativement bien réussi jusqu'ici.

-D’ailleurs, je pensais que ça se voyait… ajouta-t-elle en levant légèrement son poignet immobilisé. Et puis peu importe que je sois opérationnelle ou non chef…

« Adoré que j’aime de tout mon cœur… »

-… ils me connaissent. Me remettre sur le dossier serait du suicide et complètement stupide, parce que même avec la meilleure couverture du monde, il me reconnaîtraient de suite.

Elle réalisa qu’elle faisait vraiment passer son supérieur pour un idiot en lui répondant ainsi et tenta de se rattraper plus ou moins.

-A moins que vous ne mourriez d’envie de vous débarrasser définitivement de moi….

Elle lui adressa un sourire tout à fait désarmant, espérant éviter ses hurlements et son sempiternel sermon à propos du respect des supérieurs, et gnagnagna et blablabla et patati et patata…. Quitte à lui sortir l’excuse la plus stupide et bidon de toute sa vie : que c’étaient les analgésiques qui la faisaient délirer.