Les habitudes ont la vie dure. C’est ce qu’on m’a toujours dit. Eh bien je peux vous assurer que c’est vrai. Ca a beau faire presque vingt ans que j’ai quitté l’armée, je fais encore mon lit comme on me l’a appris. Ce n’était qu’un exemple inoffensif. Je pourrais vous citer des exemples bien moins inoffensifs, comme celui dont j’ai fait preuve envers ma colocataire il n’y a pas si longtemps. La pauvre avait simplement me jouer un tour et elle s’était retrouvée dans une prise que l’in utilisait pas quand on était un simple barman à Londres. Le fait qu’elle ne m’ait pas posé de questions restait quelque chose dont je lui serais toujours reconnaissant. Après, rien ne l’empêchait de faire des recherches dans mon dos et je ne pourrais pas l’en empêcher. Si elle voulait vraiment savoir elle saurait. Malgré toutes les précautions que j’ai pu prendre si quelqu’un d’assez futé et d’assez déterminé voulait en savoir plus, il ou elle le pouvait.

S’il y avait une habitude que j’ai pris durant ces dernières années et qui me collait à la peau comme une seconde nature, c’est bien celle de regarder régulièrement par-dessus mon épaule. Trop de gens qui ont tentés de m’attaquer dans le dos au fil des années pour que je n’aie pas développé l’équivalent d’un spider-sense qui me permette de savoir quand quelqu’un me suit où se trouve derrière moi. Vrai, ça ne m’a pas énormément aidé quand Maddi m’a surpris la dernière fois dans la cuisine, mais en même temps je savais qu’elle était là, je la connais…Je ne me méfiais pas. Il n’y avait aucune raison que je me méfie de ma colocataire enfin, c’est Maddison, avec deux mains gauches et dix pouces.

En revanche, là, ce soir, j’étais sur mes gardes. J’avais été obligé de garer ma moto un peu loin du pub où je travaillais, par conséquent, il fallait que je marche jusqu’au dit véhicule. Sauf que mon sixième sens m’avertit, quelqu’un me suivait. Qui ou pourquoi je n’en savais rien, mais j’allais en avoir le cœur net. Je gardais la même allure, tranquille, relaxée en apparence, et faisant divers détours pour voir si j’arrivais à me débarrasser de mon pot de colle, mais il s’accrochait. Si je savais si c’était un homme ou une femme ? Absolument pas. Vous croyez vraiment que j’allais me retourner pour vérifier ça ? Ca serait être un bleu. En revanche j’ai fait exprès de tourner dans une petite rue sombre, comme on en trouve des dizaines à Londres, attendant mon pot de colle. Pot de colle qui ne tarda pas à arriver, et je ne pris qu’un instant pour l’attraper et le plaquer face contre le mur. Ou plutôt LA plaquer face contre le mur. Ma maman m’avait toujours dit d’être gentil avec les femmes, mais à dire vrai, avant maintenant, je ne savais pas que c’était une femme. Maintenant que je le sais, j’aurais été tenté de la relâcher, si je n’avais pas reconnu la femme en question. Son nom, Absynthe. C’est tout ce que je sais mais c’est bien suffisant. C’est une femme qui me fait chanter. Parce qu’elle sait qui je suis. Réellement. Chose qui ne doit plus jamais se savoir. Qu’une seule personne le sache était déjà trop.

"Tiens, Absynthe…Que me vaut le plaisir ?"

La relâcher ? Pas sans une très bonne raison et l’assurance qu’elle me foute la paix pour la soirée. Hors de question qu’elle me suive plus longtemps et surtout qu’elle rencontre Maddi. Hors. De. Question.