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Sujet: ❖ follow the white rabbit. ➢ billie m. wilson Mer 28 Mai - 10:57
Billie M. Wilson
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Sujet: Re: ❖ follow the white rabbit. ➢ billie m. wilson Jeu 29 Mai - 12:59
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« Being compared to the girl who has everything / Not living up when the whole world's watching » ► What are you afraid of? (Alana Grace)
La journée avait été longue et comme je me sortais encore d’une dose massive d’antibiotiques, j’étais fatiguée. C’était pour cette raison que lorsque Zoey m’avait proposé d’aller rayer de ma liste : « sortir en boîte de nuit » et « embrasser un inconnu » j’avais un peu fait la gueule. J’avais plutôt envie de m’installer devant mon ordinateur pour y jouer à des jeux, pour y préparer mon rapport de stage et pour simplement regarder des vidéos. C’était difficile parfois de lui faire comprendre que je sortais d’une phase un peu difficile et que de sortir en boîte de nuit avec une bombonne d’oxygène n’était pas nécessairement une bonne idée. Mais grâce à ses arguments bétons, j’avais fini par céder et je m’étais retrouvée dans le milieu d’un plancher de danse à me sentant aussi à ma place qu’un éléphant dans le milieu d’un magasin de porcelaine. Non mais… Zoey avait ri quand elle m’avait vu arrivée. Dans sa petite robe (le terme petit est ici un euphémisme pour ce petit bout de tissus qui cachait à peine son corps) d’un jaune tellement fluo qu’il aurait fait fureur dans les années 1980 en matière synthétique, elle devait être une reine de beauté pour le moment. Dans mon chandail à manche longue – pour ne pas laisser voir les veines encore visibles (j’avais l’air d’une héroïnomane – merci dernière infection et infirmière incompétente qui m’avait raté à mon admission) et d’une jupe aux genoux, j’avais l’air d’une grand-mère. Mais il fallait dire que mon canula qui passait sous mon nez ne devait pas aider. J’avais TOUJOURS l’air d’une grand-mère… Même quand je m’arrangeais. J’avais la même quantité de souffle qu’une vieille grand-mère de quatre-vingt-dix-neuf ans qui souffrait d’emphysème en phase terminale. Quand on était finalement entrer dans le club, je m’étais sentie aussi à mon aise d’un enfant dans une réunion parents-professeur quand on a un mauvais bulletin – ZÉRO POINTÉ! La musique était forte. J’étouffais – peut-être un peu parce qu’au moins quatre personnes en moins de quinze minutes se sont accroché dans ma bombonne. Pendant que Zoey se faisait lourdement (autre joli euphémisme) draguer par un mec mignon à souhait mais dont l’odeur imbibé d’alcool me puait au nez encore plus que la technique de drague à deux balles qu’il semblait avoir choisi, je restais invisible aux yeux de tous. Au bout d’un moment, pas très longtemps, quinze peut-être vingt minutes, j’en avais marre, marre et re-marre. J’ai rejoint Zoey qui, le terme appliqué serait peut-être dansait ou faisait l’amour avec mignon-mais-alcoolisé sur le milieu de la piste de danse, pour lui dire que j’en pouvais plus et que je sortais. Après m’être fait dire le traditionnel : « T’es nulleuhhhh! » qu’un enfant de cinq ans aurait probablement mieux maîtrisé que ma très mature et très majeure meilleure amie, je me frayais un chemin vers la porte. L’avantage de cette soirée complètement flopé, c’était qu’elle ferait une très bonne entrée sur mon blog, intitulé : « pourquoi on ne sort pas quand notre animal de compagnie est une bombonne d’oxygène! ».
Un bruit dans une ruelle me fit me retourner. J’entrais dans la ruelle. C’était sombre. Mais je crus distingué une ombre dans un coin – couchée au sol. Impression qui me fut confirmé lorsqu’une voix s’éleva. « Ne me faites pas de mal... ! N'approchez pas... ! » grogna la personne. Une personne sensée se serait enfuie en prenant ses jambes à son coup. Visiblement, la personne qui se trouvait au sol n’était pas d’humeur à être aidé. Sauf que j’étais capable de l’aider… Du moins, je voulais juste m’assurer que cet homme – définitivement avec cette voix-là c’était un homme était dans un bon état. Je me rapprochais encore. La roue gauche de ma bombonne se coinça. Elle fit un bruit horrible. Un genre de grincement horrible qui me fit rouler les yeux. Je la bidouillerais à la maison. J’en étais capable. C’était probablement juste parce qu’il manquait d’huile dans les roues… J’essayerais rendue à la maison. Avec un petit sourire, je me penchais vers lui un peu. D’une voix douce, je dis : « J’ai probablement plus à craindre de toi… que tu as à craindre de moi. Le mieux que je peux faire, c’est frapper avec ma bombonne et encore. ». J’ai replacé une longue mèche de cheveux derrière mon oreille et je me suis penchée vers lui. Ça ne sentait vraiment pas bon. Ce n’était pas lui, mais le grand bac pour les poubelles qui dégageait une odeur horrible. Il a bondi vers l’arrière. Dans la pénombre, je vois que c’est un jeune homme, les cheveux en bataille qui me pointait d’une bouteille d’alcool cassé. Je le vois qui vacille sur ses jambes. S’il tombe, je doute que je vais être capable de le relever avec mon gros trente-cinq pourcent de capacité respiratoire. Il est plus grand que moi – d’un bon quinze à vingt centimètre. Et même s’il avait l’air maigrichon, j’étais pas mal certaine qu’il était sans doute beaucoup plus lourd que moi – Quand j’avais été hospitalisée, mon poids avait chuté de manière dramatique. On pouvait quasiment me casser les poignets, en les serrant trop fort. Alors était-ce normal que je doutais de ma capacité à relever un homme adulte? TOTALEMENT. « Je m’appelle Billie, toi? », dis-je en tendant une main pleine d’assurance à ce jeune homme. J’espérais très honnêtement qu’il ne me frappe pas avec la bouteille quoi que je pourrais probablement cocher la phrase : « me battre avec un étranger » de ma liste… Mais non ça aurait plus été me faire battre par quelqu’un et ça ce n’était pas sur la liste alors ça ne serait pas cocher. J’ai demandé d’une petite voix gentille en le voyant vasciller. « Est-ce que ça va? Tu n’es pas blessé? Parce que je suis comme une experte en malaise alors je peux probablement t’aider. » Bon, j’avoue que je n’étais pas nécessairement utile pour autre chose qui n’impliquait pas des poumons ou des intestins en compote. J’eus un petit sourire.
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Lysander P.-S. Kingsley
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Sujet: Re: ❖ follow the white rabbit. ➢ billie m. wilson Mar 10 Juin - 23:56
Billie M. Wilson
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Sujet: Re: ❖ follow the white rabbit. ➢ billie m. wilson Lun 23 Juin - 20:54
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« Being the last one to get there and the last to know » ► What are you afraid of? (Alana Grace)
Je n'étais pas nécessairement une experte de la vie. Si j'avais autant de trucs sur ma liste des choses à faire avant de mourir, ça voulait nécessairement dire que j'avais encore plein de choses à apprendre sur la vie. Des tas et des tas de trucs que je voulais avoir la chance de connaitre. Des tas de chose que je voulais vivre pour me faire croire que ce n'était pas si grave que ça ce qui m'arrivait. Ma maladie et ma longue liste de handicap étaient une force. J'avais conscience que d'être vivant c'était un cadeau mais que parfois ça pouvait être un cadeau assez difficile à supporter. On avait tous nos mauvais cotons. Seul pendant un de ces moment-là, on pouvait vachement avoir l'impression de devenir cinglé. Moi, dans mes mauvais cotons, j'étais en milieu clos à l'hôpital. Je m'y sentais prisonnière. Zoey ne m'était jamais d'un grand secours - elle détestait ouvertement les hôpitaux. Au point que je savais qu'hospitalisée, je n'aurais jamais le luxe de sa présence. Si j'étais chanceuse et qu'elle n'avait pas de copain, j'avais le droit à sa voix au téléphone - mais comme mes poumons suçaient à être des poumons et que le trois quart du temps ce n'était pas des problèmes digestifs qui m'a menaient aux urgences mais respiratoires, je ne faisais durer l'appel que quelques minutes avant de devenir complètement folle (parce que je toussais et que je faisais de la température et que je peinais à m'en durer moi-même). Bref, je savais que par moment, on avait besoin de la chaleur d'un être humain pour nous rassurer.
C'était pour cette raison que j'étais allé vers l'étranger. Si ma sortie au bar avait été un flagrant échec, peut-être que cette partie-là de ma soirée serait un peu moins catastrophique... Sauf que l'homme (il est plus vieux que moi... C'est évident comme le canula qui entre dans mon nez me semble...) était effrayé. On s'entend que sur l'échelle de la frayeur, je dois taper plus ou moins le même score que sur l'échelle de la désirabilité dans un bar. Un gros zéro. Oui, j'étais mignonne dans mon genre. Sauf que face à Zoey et ses jambes d'un kilomètre, j'étais invisible. J'étais mignonne quand on enlevait le canula, quand on prenait en considération que j'étais obligé de porter des camisoles à manches larges parce que sinon on voyait mon port à cathéter, quand je n'avais pas perdu un poids pas possible suite à une infection, quand je n'étais pas obligé de porter des manches longues pour cacher mes veines. J'étais du cas mignonne quand suivi d’un trois petit points. Pas comme Zoey qui était mince, grande, avec des seins, un teint en santé. Niveau frayeur, le même scénario. Avec mon poids léger, mon incapacité à respirer, ma toux de vieille fumeuse, j’avais vraiment peu de chance d’être un danger. L’homme me toisa pendant un petit instant. Il chancelait sur ses jambes presque autant que moi quand j’avais été hospitalisée. Il devait sans doute avoir consommé quelque chose. Mais en même temps, je me disais que ce n’était pas nécessairement de mes affaires – tant qu’il ne me gerbe pas dessus… enfin, il avait pas l’air d’être sur le point de gerber. Au bout d’un moment, il finit par tendre un bras et s’accrocher à mon bras.
« ... Lysander... », me dit-il. Sa voix était faible. Comme l’était la mienne dans les journées ou tout n’allait pas aussi bien que ce que je le prétendais dans ses journées qui devenaient de plus en plus fréquente au fur et à mesure que mon état s’en allait en dégringolant la côte. Un jour, je ne pourrais plus faire quelque chose comme ça. Un jour, j’aurais besoin que l’on me tende la main. Dans mes hospitalisations, j’avais besoin de quelqu’un pour m’aider à marcher jusqu’aux toilettes. Parce qu’une main sur la pôle des médocs et l’autre sur la bouteille d’oxygène, je n’étais pas capable d’avancer. Je savais écraser mon orgueil. « J'ai.. J'ai juste besoin de repos... » rajouta-t-il en un seul souffle. Il avait l’air usé et épuisé. Ses ongles entraient dans ma peau de mon bras. J’aurais probablement des marques mais ce n’était pas très grave. Zoey aurait crié – elle aurait eu peur qu’il me brise. Mais moi, je savais que j’étais incassable. Je pouvais à tout. Enfin, c’était ce que je me disais. Quel que soit son histoire, je savais que ce mec ne me pouvait pas de mal. Du moins, pas dans cet état. Il tremblait comme une feuille sur ses jambes. « Enchanté, Lysander… c’est un joli prénom, tu sais? Je trouve que ça fait plus original que Billie. Des Billies, y’en a des tas dans ma classe.» dis-je.
Première règle de quand tu aides quelqu’un dans le besoin, n’insiste pas sur les faiblesses de la personne. Du moins pour moi, je préférais que l’on parle d’autre chose sauf du fait que j’allais mal quand je n’étais pas en état. Parce que justement, je n’étais pas en état. Ça servait à quoi de se faire dire que l’on est bousillé quand on sait pertinemment qu’on l’est? À pas grand-chose. Alors j’ai enchainé et je me suis ouverte un peu plus sur moi. J’étais sensé avoir peur des étrangers. C’était ce que l’on nous apprenait quand on était gamins. Qu’il fallait se méfier de ceux que l’on ne connait pas. Et puis, j’étais stagiaire au Yard. J’avais conscience que le monde était dangereux. Mais à force d’avoir si longtemps vécu dans ma boule de verre, je n’avais eu envie que de la briser alors j’adressais la parole à un étranger. On était quatre Billie en maitrise de psychologie. Mais j’étais celle qui se faisait le plus remarquer. Combien me disait que n’avoir eu que cinq années à vivre en théorie ils ne les auraient pas passés sur les bancs de l’école? Moi, je m’y plaisais. L’école était rassurante tout comme ma voix lorsque je dis gentiment : « On peut sans aucun doute te trouver une place plus confortable pour dormir que le sol d’une ruelle. » Je restais immobile avec lui dans le milieu de la ruelle. Je voulais tellement lui venir en aide mais j’attendis un signe de sa part comme quoi il était prêt à bouger. S’il s’écroulait – même si sa poigne était ferme, je ne l’avais pas. Je toussais en remontant un peu le col de mon col roulé. J’attendis un signe de tête de sa part avant de commencer à avancer lentement. Un pas, un autre et un autre. Nous nous arrêtâmes. Il me faisait un peu pensé à moi sur un de mes mauvais jours. Avec les traits tirés et l’impression de se battre contre tout. J’abandonnais rarement la bataille. Sauf que par moment, je contemplais le mur de ce que je traversais quotidiennement. Les aérosols deux fois par jour, les percussions sur ma peau, la kinésithérapie respiratoire, l’ergothérapie, les tests pour le sucre, la quantité d’enzyme que je devais prendre pour manger, l’insuline, les cures d’antibiotiques à des intervalles de plus en plus régulières, le canula et je réalisais que c’était beaucoup de ressources pour moi. Beaucoup d’espoir pour une qualité de vie plutôt moyenne. Mais au moins, j’étais vivante – constatais-je. « Viens. » dis-je. Parce que c’était lui qui nous avait arrêtés. Mais on avait à peine fait une quinzaine de pas que ma bombonne ou plus précisément les roues de ma bombonne firent un tintement d’enfer. Un genre de grincement sorti tout droit d’un film d’horreur. Au loin à peut-être cinq pas il y avait un banc sous un lampadaire. Je m’arrêtais et je lançais un : « Satané roue gauche... Ça te dérange pas qu’on s’assoie sur un banc, le temps que je la décoince… et je crois que j’ai peut-être même à manger dans mon sac. » Je ne jurais pas… j’étais saine et pure… juste en train de virer folle parce que ma bombonne avait décidé de me faire suer aujourd’hui. Elle avait décidé de ne pas rouler d’un côté. Au bout des cinq pas, je fis s’assoir l’homme. Avec un sourire, je fouillais dans mon sac et j’en sorti deux paquet de bonbons. « Ourson ou fraise en guimauve? » demandais-je très sérieusement en les déposant sur mon partenaire d’embrouille du jour. Tu vois, Zoey, je peux faire des choses sans toi! Et je me penchais vers ma bombonne sur laquelle je donnais un bon coup de pied.
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[HJ: dit moi si tu aimes... je suis pas certaine. et je m'excuse pour l'attente. quatorze jour presque c'est long comme délai]
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Sujet: Re: ❖ follow the white rabbit. ➢ billie m. wilson Jeu 23 Oct - 19:16
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Sujet: Re: ❖ follow the white rabbit. ➢ billie m. wilson Ven 24 Oct - 18:58
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« J'aime bien... Billie... C'est moins commun qu'Alice... » me dit-il. Pourquoi Alice ? Pourquoi un nom féminin ? C’était un homme. Il était même plutôt mignon. Enfin… je sais pas, niveau garçon, je suis plutôt nulle. Les seuls qui gravitent autour de moi sont des collègues bien trop vieux pour moi ou des médecins qui me regardons avec cet air compatissant. J’ai un petit sourire. Moins commun qu’Alice. Mais commun quand même. Ce n’est pas de s’appeler Billie qui fera en sorte que je marquerais le monde qui m’entoure. Il me faudrait faire quelque chose de plus que de simplement exister avec toute ma petite différence qui faisait de moi de quelqu’un d’unique.
Arrivés sur le bord du banc, j’aidais l’homme à s’asseoir avant de lui lancer un paquet de mes bonbons. Mon père chialait continuellement à me voir m’empiffrer de sucrerie. Mais je l’aimais mon monde édulcoré. C’était une de mes marques de commerce. On me connaissait pour la fille qui avait toujours une tonne de sucrerie. Je fouillais pour trouver encore un truc magique qui dans mon sac décoincerait la stupide roue de la bombonne – mauvais signe. Rien dans mon sac. Je soupirais un peu boudeuse et j’entamais de faire lentement tourner la roue dans l’espoir que ça la décoince. C’était pour ça que c’était inutile que je sorte dans un bar. « Merci... pour tout ce que vous faites... D'ailleurs... pourquoi faites-vous tout ça pour moi ? ». Je relevais d’un coup sec la tête et je le fixais avec un petit sourire. Lentement, je replaçais une longue mèche de cheveux bruns derrière mon oreille. «Pas de vous d’accord ? Vous… c’est ma mère. » commençais-je. J’avais beau légalement être une adulte. J’étais loin de me le sentir. J’ai fouillé dans la poche de côté de mon sac et j’ai pris deux enzymes dans une petite bouteille que j’ai avalées sans eau. Ma main est ensuite allée chercher les fraises en guimauves – probablement mon bonbon préféré… quoi que tous les bonbons pourraient plus ou moins répondre à cette définition. Après avoir fourré une fraise dans ma bouche, je mâcha lentement avant de venir dire : « C’est trois fois rien… c’est un retour du balancier je crois… ».
Ça voulait tout dire et rien dire à la fois. Mon état à moi n’était pas stable. Je n’avais pas devant moi tout le temps que je désirais. Il m’était déjà arrivé à plusieurs reprises d’avoir besoin de l’aide d’autrui au milieu d’une rue. Et j’avais toujours été reconnaissante pour quelqu’un qui appelait une ambulance pour me venir en aide quand je m’écroulais. J’aidais pour toutes les fois où l’on m’avait aidé. Il ressemblait à un petit animal blessé et effrayé. Comme moi par moment. Alors je n’étais pas pour lui cacher. Avec un petit sourire, je dis : « C’est le numéro soixante-dix-sept sur ma liste. ». J’étais même certaine du numéro que ça occupait sur la liste. Je la connaissais par cœur et elle était longue. Il y avait plus de trois cents trucs sur la liste. Je n’en parlais presque jamais. Zoey le savait. C’était justement pour cette raison qu’elle m’avait amenée ici alors que la situation me ressemblait si peu. Parce que c’était des choses qui étaient sur ma liste. Voyant que je ne l’avais pas pour autant éclairé sur pourquoi je l’avais aidé, j’ai continué : « le numéro soixante-treize c’est aider un inconnu sur la rue… et le pourquoi… c’est pour compenser toutes les fois où quelqu’un l’a fait pour moi. ».
J’ai redéposé sur le sol la bombonne. Tant pis pour la stupide roue. J’ai fermé les yeux et j’ai pris un autre bonbon dans le paquet qui se trouvait sur mes jambes. Une petite bouchée. Il faudrait que je griffonne quelque chose de plus sur le métal, me suis-je dit en levant les yeux vers le ciel. C’était trop ville. On ne voyait pas les étoiles. Je voulais voir les étoiles avant de disparaitre. D’un même ton, j’ai continué : « J’ai une liste… de chose à faire… ». Pourquoi est-ce que j’étais vraiment en train détailler ? Lysander n’en avait probablement rien à cirer de ce que je vivais et de ma petite vie bien rangée de malade. Personne n’aimait se faire parler des joies d’être en phase terminale – parce que je savais très bien que sans greffe. C’était ce que j’étais… une phase terminale. Mes poumons sont nuls pour respirer… mais au moins, je suis vivante. C’est ce que je peux me dire. « … avant de… au cas où… ils me trouvent pas de greffe à temps… ou… ouais… voilà… » mais je n’avais que l’impression de me couler en rajoutant ça. Dans l’éventualité ou je meure. C’était horrible à dire. Ça me faisait ressembler à une adulte. Ça craignait d’avoir l’apparence d’une adulte. « Ça fait un peu morbide dit comme ça…» rajoutais-je en passant lentement une main dans mes cheveux. Sérieux… un peu, c’était l’euphémisme du siècle. Ça faisait terriblement nul en fait. Terriblement et horriblement nulle comme but dans la vie. De cocher le plus de choses possibles sur une liste de trucs à faire avant de mourir. La solitude.
« Enfin… t’en as probablement rien à cirer… » rajoutais-je en rougissant terriblement et en ramassant le paquet de jujube pour en prendre un autre. Les gens en ont rien à cirer que tu te meures, Billie… pensais-je amère. La preuve, c’est qu’il y a des tas de fumeurs que je regarde grillé une cigarette alors que moi, mes poumons se noient tout seul… Un tas de gens trouvent ça cool d’aller se trainer dans un bar enfumé. Un tas de gens ne sait même pas que tu existes. Un tas de gens boivent comme des trous et moi, je ne le fais pas… ça me rappelle rien. Quand les gens apprennent que j’ai que 35% de la capacité pulmonaire d’un adulte normal, que j’attends une greffe de poumon et une des intestins, que je continue mes études malgré tout et que j’ai encore espoir que je ne deviendrais pas une étoile de sitôt… ils me regardent avec pitié. Et ce que je veux… ce n’est pas de la pitié. Je veux me sentir vivante. C’est pourquoi je considère que c’est une grossière erreur que d’avoir dit à un parfait inconnu que je suis en attente d’une greffe – j’ai pas dit que c’était une double au moins. Me lâchant de la contemplation du ciel, je me tourne vers le jeune homme : « Tu veux parler de ce qui t’as mené dans la ruelle ou pas ? ». Machinalement, je ramène mes jambes sur le banc et je fixe de nouveau le ciel. Est-ce que ça lui fera oublier que j’ai dit que je suis mourante ?
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Sujet: Re: ❖ follow the white rabbit. ➢ billie m. wilson