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 [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)

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Sherlock Holmes
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MessageSujet: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyVen 31 Aoû - 18:36

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Il se trouve que depuis le retour de Sherlock Holmes dans la vie de John Watson, les choses ont bien changé. Leur relation a évolué, tandis que Sherlock essaye de s'éloigner un peu de John afin d'éviter de le fourrer dans des affaires encore plus dangereuses, l'autre s'avère le surveiller de plus en plus, notamment dans sa façon de se nourrir plus qu'exécrable, en effet Sherlock mange peu et très mal. Certes le matin il lui arrive de voler une tartine à John sans qu'il ne s'en rende compte et puis il se contentera de cela pour la journée et le lendemain, il prendra du chinois. La digestion l'empêche de réfléchir comme il le désire. Oui, comme tout le monde le sait, Sherlock Holmes met son corps à rude épreuve. Sauter d'un toit en est la meilleure des preuves. Quoi qu'il en soit, l'agacement constant de Sherlock ne fait que croître envers John qui essaye de le faire manger, l’intérêt, il ne le trouve pas. Enfin, ce matin, il n'était pas présent au réveil de John, déjà sur les lieux d'un crime, il a omit de l'appeler, se débrouiller seul, il a vécu cela lorsqu'il était dans la rue et a perdu le réflexe d'appeler John pour lui demander son aide. Debout à gauche de Lestrade, il écoute ce que celui-ci a à dire sur le corps étalé devant eu, une jeune femme d'une trentaine d'année, un coup de couteau net dans la gorge a causé sa mort. Rien de bien intéressant, le hic de cette histoire c'est le lieu de sa découverte, un immeuble désaffecté et le contenu intact de son sac-à-main. Sherlock évalue toutes les possibilités imaginables pour cette affaire restant étrangement silencieux de son côté, Lestrade est intrigué par son comportement, mais c'est Sherlock. Depuis la chute, tout le monde le prend avec des pincettes, personne ne sait trop comment s'en occuper, comment lui parler. C’est agaçant des deux côtés, parce que pour Sherlock c'est comme si il ne s'était rien passé. Se faire traire de cette manière l’horripile. Lestrade lui explique les derniers détails et lui donne des informations concernant la victimes avant de glisser dans la conversation qu'ils fêtent un anniversaire ce soir au bar et qu'il aimerait bien que John et Sherlock soient présents. Haussant un sourcil, le cerveau de Sherlock se met en pause un instant et de son éternelle voix grave, il se permet de répondre coupant la monologue de l'inspecteur. « Demandez à John, si celui-ci accepte, je viendrais certainement. » Il n'aime pas les soirées de ce genre, de plus se retrouver avec les autres membres du bureau l’agace, mais c'est pour John, il voudra certainement y aller et si Sherlock ne veut pas, John n'ira pas, il commence à comprendre, John le surveille et à peur qu'il fasse une bêtise, compréhensible, mais totalement inutile. Sherlock a beau lui dire que tout va bien qu'il ne va pas risquer sa vie, John ne le croit pas. Le détective s'en va par la suite sans attendre de réponse et sans voir le léger sourire sur le visage de Lestrade. Sherlock s'empresse de prendre un taxi pour revenir à l'appartement et réfléchir à son affaire paisiblement et surtout pour montrer à John qu'il n'est pas mort. Grimpant les escaliers deux à deux, il entre dans l'appartement, ouvrant la porte à la volée, il passe par la cuisine volant une tartine à John avant de tomber dignement sur le sofa et de grignoter sa nourriture en silence. Vaguement, il entend John parler et lui demander si ce soir, il veut bien aller au bar avec lui et les collègues de Lestrade. « Oui. » Sera la seule et unique réponse/parole que John aura avant de partir au bar le soir même. Sherlock se mure souvent dans un silence sans fin afin de réfléchir, c'est pareil lorsqu'il va dans son temple mental, personne ne peut venir le déranger et généralement, il vire les gens qui sont avec lui lorsqu'il y va parce que rien qu'une présence humaine peut poser des problèmes et non, les morceaux d'humain dans le frigo ne comptent pas. Pendant un long moment de la journée, Sherlock a comprit que ce n'était ps l'argent que le ravisseur cherchait et que celui-ci usait de cette personne en tant qu'otage. La jeune femme retrouvée n'est donc qu'une pièce du puzzle de cette affaire, il en parlera à Lestrade ce soir si celui-ci est apte à parler d'affaire. La suite de ses réflexions s'est posée sur le coup de téléphone que John a reçu avant d'aller travailler, Mary. Cette femme n'est autre que sa nouvelle conquête du moment, cependant celle-ci tient bien le coup, elle est toujours là et John commence à réellement l'apprécier. C'est tout simplement agaçant pour Sherlock, il essaye de s'en débarrasser ou d'empêcher John de la voir, mais il n'y arrive pas et puis au final, si John est heureux, il ne va pas lui causer du tord, même si cela l'embête. Du moment que John le fait passer avant elle, il s'en fout, oui, il est égoïste à ce point. Sherlock ne pense qu'à lui publiquement et cela, tout le monde le sait, mais au fond, quoi qu'il en dise, il y a une place pour John, ce n'est pas pour rien si c'est lui qu'il appelle en cas de problèmes et non pas son frère ou quelqu'un d'autres. John le complète et lui permet, l'oblige aussi, de se contrôler dans des moments ou avant il aurait pu foncer tête baissée. Cet idiot de John arrive à l'aider et à l'épauler quoi qu’en ce moment, il ne fait que le ralentir en voulant prendre soin de sa santé. Enfin voilà, Sherlock est désormais debout dans l'entrée vêtu de son sempiternel costume noir accompagné d'une chemise blanche, il attend que John vienne le rejoindre avant de partir, c'est l'heure. Les deux hommes montent dans le taxi silencieusement. Sherlock n'a pas envie de trop discuter, l'appel de Mary lui a coupé l'envie de parler de son affaire à John, enfin bref. Ils arrivent au bar et vont saluer l'équipe du Yard, enfin 'ils' John Sherlock quand à lui reste à l'écart, jusqu'à ce qu'il prenne Lestrade à part pour lui expliquer ses conclusions au sujet de l'affaire. Après cela, l’inspecteur lui offre un verre de bière, puis quelques minutes plus tard de whisky, puis un autre et encore un autre et là, Sherlock se dit qu'il aurait certainement du manger avant de venir.
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MessageSujet: Re: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyDim 2 Sep - 15:40

Sherlock était revenu. Il était retourné dans sa vie de la même façon qu’il en était parti : du jour au lendemain, sans prévenir, sans crier gare, comme si tout cela était prévu et longuement planifié - et sans aucun doute était-ce le cas.
Mais cela ne signifiait pas pour autant que les choses étaient revenues à la normale, si tant était que l’on pouvait définir la vie à Baker Street selon une certaine normalité. Non, loin de là. Un œil peu attentif n’aurait pas vu les différences, car elles étaient subtiles, mais elles étaient là, et John les voyait, et il savait qu’elles n’échappaient pas non plus au regard perçant de son colocataire et ami. Ce n’était pas grand-chose. Des regards furtifs, des inquiétudes non formulées, des paroles lourdes de sens. La communication n’avait jamais été le fort de Sherlock mais depuis son retour, les choses ne s’étaient pas arrangées entre eux car John s’était aperçu qu’à plus d’une reprise, il ne savait pas quoi dire non plus, et lorsqu’il le savait, il était simplement incapable de formuler ses pensées à travers des mots.

Oui, il y avait ces choses qu’il avait tues tout ce temps et que sa psy le pressait de dire enfin, maintenant qu’il en avait la chance. Des choses toutes simples. Combien Sherlock avait changé sa vie, combien il l’admirait, combien il regrettait l’avoir traité de machine lors de leur dernière conversation face à face avant la Chute. Mais John n’y arrivait pas. Il se disait que Sherlock savait sûrement. Mais il savait aussi que malgré tout, savoir quelque chose et en avoir la confirmation étaient deux choses très différentes. Que tout cela, il devait le faire pour lui plus que pour Sherlock. Cela ne l’aidait pas vraiment. C’était encore trop récent, trop douloureux. Et Sherlock avait changé à plus d’un aspect. Il ne connaissait pas ce Sherlock là, ne savait pas ce qu’il avait vécu tout ce temps où ils avaient été éloignés, car le détective ne lui en avait rien dit et que John n’avait pas posé de questions… Les différences étaient encore une fois minimes, mais John connaissait assez Sherlock pour les deviner en dépit de l’expression neutre et indifférente que ce dernier abordait le plus souvent. Après tout, il était peut-être le seul au monde à pouvoir prétendre le connaître autant. Et malgré lui, il devinait un gouffre qui était né et s’était agrandi entre eux un peu plus chaque jour qu’ils avaient passés séparés l’un de l’autre, et s’ils tentaient maladroitement de rétablir la relation qu’ils avaient auparavant, ce n’était pas sans mal.

Il y avait parfois une tension entre eux, quand John se montrait trop soucieux de sa santé, surveillant un peu trop son assiette, guettant un peu trop ses allées et venues, et quand Sherlock s’en apercevait et lui lançait une remarque acerbe, lui rappelant que Mycroft était déjà bien assez sur son dos et qu’il n’avait pas besoin d’une seconde baby-sitter. Ils avaient repris leur routine, leur repères, leurs habitudes. Ils étaient à nouveau Sherlock et John, partenaires, colocataires, amis. Mais de temps en temps, il pouvait constater des variations, des subtilités dans ce qui avait été autrefois leur quotidien. En vérité, c’était un peu comme jouer au jeu des sept différences ; il fallait s’être imprégné suffisamment longtemps des deux images pour commencer à en percevoir les nuances.
Certaines choses avaient donc changées, mais John acceptait cela car c’était inévitable. Ce qui était plus dur à avaler, c’était qu’il n’y avait pas de retour en arrière possible. Les choses ne seraient plus jamais les mêmes, ne pouvaient plus l’être. John décida que si c’était le prix à payer pour retrouver son meilleur ami, il était plus que correct, mais cela faisait tout de même mal.

Ainsi il arrivait que parfois John se réveille dans un appartement vide et silencieux, en oubliant les récents évènements, et c’était à nouveau comme si Sherlock n’était jamais revenu. L’endroit semblait abandonné, désert, et John était seul, à nouveau. Ces jours là, il versait juste assez d’eau dans la théière pour préparer une tasse de thé. Une, pas deux. Il s’appuyait lourdement sur sa canne en quittant Baker Street et lançait toujours un dernier regard vers la fenêtre où Sherlock avait souvent eu pour habitude de se tenir, violon en main, mais sans l’y apercevoir, bien sûr. Il oubliait d’aller acheter le lait, ne recevant pas de messages signé de deux initiales sur son téléphone pour le lui rappeler. Les jeudis il lui arrivait parfois encore de prendre le chemin du cimetière, et à deux reprises il lui avait même fallu faire tout le trajet jusqu’à la tombe pour se rappeler que Sherlock n’y était plus – n’y avait jamais été – en apercevant la terre fraîchement remuée dont le cercueil avait été extrait. Un cercueil qui n’avait jamais contenu le cadavre de son ami et qui avait pourtant reçu plus de confessions de John que personne d’autre au monde, et le docteur se rappelait de chaque mot qu’il avait énoncé à cet emplacement exact. Il pouvait presque encore voir la pierre tombale noire d’encre où brillaient en lettres dorées le nom du détective. Il connaissait encore sa hauteur exacte, la sensation que laissait la pierre froide sous ses doigts, la façon dont les lettres étaient incurvées, sobres et élégantes, tellement Sherlock. C’était Mycroft qui s’était chargé des funérailles. Lui qui avait choisi le cercueil, la tombe, les fleurs. Et bien entendu, ses choix avaient été impeccables. La cérémonie s’était passée sous une bruine glaciale, en comité restreint. Courte, sans grands discours éloquents. Sherlock n’aurait pas compris de toute façon, avait pensé John. Sentiment.

Toutes ces choses qu’il avait mis des mois à désapprendre, il lui fallait à présent les réintégrer à sa vie. Une vie dans laquelle il n’était plus seul. Et bien sûr, c’était plus facile, beaucoup plus facile, dans ce sens là. Mais ça ne rendait pas les mois précédents moins cruels et John le savait d’expérience, certaines blessures ne cicatrisent jamais totalement. Même si ces instants de crise s’espaçaient peu à peu, le docteur savait qu’il ne se débarrasserait jamais totalement de certains réflexes nouvellement acquis. Certains cauchemars ne le quitteraient jamais complètement.
Au fond, les cicatrices font partie de nous, elles définissent qui nous sommes, ce que nous avons vécu. John n’avait pas honte des siennes.

De la même façon, à présent, chaque fois qu’il se rendait à St Barts pour son nouveau travail, il s’arrêtait quelques secondes devant la façade de l’immeuble où il avait vu Sherlock se tenir, où il l’avait entendu une dernière fois avant de le voir écarter lentement les bras et se jeter dans le vide. Il évitait avec soin le pavé où il avait aperçu sa silhouette ensanglantée. Cet hôpital ne serait plus jamais seulement l’endroit où il avait suivi sa formation médicale aux côtés de Mike Stamford, ni celui où il avait rencontré Sherlock, mais aussi celui où il l’avait mourir, et était mort un petit peu avec lui ce jour là.
En vérité, il n’était pas revenu à St Barts du tout avant le retour de Sherlock. Il ne voyait aucune raison d’y remettre les pieds sinon pour se torturer inutilement. C’était aux côtés du détective qui s’y rendait pour les besoins d’une enquête qu’il y avait dû y retourner, et John n’avait rien dit, mais Sherlock n’avait probablement pas manqué la façon dont il avait flanché en approchant du vieux bâtiment, sentant ses jambes se dérober sous ses pieds, tandis que le détective l’avait redressé en le tirant par le bras, sans un mot. John savait qu’ils avaient pensé à la même chose. Sentiment. Mais ce n’était pas le domaine de Sherlock, n’est-ce pas ? Les sentiments. Pourtant John avait surpris son regard, et il était certain d’y avoir lu de la tristesse. Et Sherlock avait semblé hésiter quelques secondes avant de reprendre son chemin.

C’était irrationnel, bien sûr. C’était sûrement ce que le détective aurait pensé. Mais malgré son retour, il n’arrivait pas une fois où John ne pénétrait pas dans l’enceinte de l’hôpital sans un frisson d’horreur et des images de pavés ensanglantés en tête. Il avait également noté que son boitement s’accentuait à l’intérieur de ces murs. Ses rêves étaient eux hantés par ces couloirs dans lesquels il courrait pour essayer de sauver Sherlock, sans jamais, jamais arriver à temps. La distorsion cruelle caractéristique des songes rallongeait les couloirs indéfiniment et les jambes de John semblaient être faites de coton et malgré tous ses efforts et sa volonté, il atteignait toujours le toit juste à temps pour voir Sherlock étendre les bras et s’offrir au vide, parfois en tournant la tête juste assez pour lui lancer un regard accusateur.
Tu ne peux rien faire. Il aurait dû le sauver, c’était son rôle. Il était docteur, il sauvait des vies. Il avait sauvé celle de Sherlock un nombre incalculable de fois durant les dix-huit mois qu’avaient constitués leur vie ensemble. Peut-être cette fois devait-elle être celle où Sherlock le repaierait pour toutes ces fois où John s’était mis en danger pour lui venir en aide. Peut-être qu’au fond ce n’était que justice. Mais John n’était pas habitué à ce qu’on le sauve, et il n’était pas vraiment certain que l’on puisse parler de sauvetage en considérant l’état dans lequel cet épisode l’avait laissé. Si c’était de ça qu’il s’agissait, il ne voulait pas être sauvé.

Il n’était pas le seul des deux à avoir parfois quelques difficultés à se rappeler qu’il ne vivait plus en solitaire, qu’il était à nouveau le John Watson qui accompagnait Sherlock Holmes, et dont les journaux ne parlaient jamais sans le coller après un « le détective et son blogueur, » - quand ils parlaient de lui – et plus d’une fois en écorchant son nom pourtant pas très élaboré. A en écouter le monde, John se définissait selon Sherlock, il n’existait pas en dehors de lui, c’était comme s’il n’avait pas de volonté propre. Il était le John de Sherlock, point. Sans lui, on ne le reconnaissait pas, ou rarement (ce qui lui convenait tout aussi bien), avec lui, tout le monde savait qui il était. Et au fond, pouvait-il vraiment donner tord aux médias, alors qu’il s’était terré dans son coin comme s’il n’avait plus de but, plus de raison de vivre, après le faux suicide de son meilleur ami ?

Toujours était-il que c’était parfois Sherlock qui oubliait qu’il n’était plus seul. De l’avis de John, il ne l’avait jamais vraiment été, car même s’il avait été dans l’incapacité de le voir ou lui parler, il savait que John était vivant, qu’il était là quelque part – une chose à laquelle le docteur n’avait pas pu se raccrocher. Mais il devinait que la vie n’avait pas été facile pour lui non plus et ressentait toujours un pincement au cœur en constatant que Sherlock était parti sur une enquête sans lui. Il ne disait rien, parce que John estimait qu’il n’avait pas le droit de se plaindre. Combien de personnes ayant enterré des êtres chers avaient eu droit à ce miracle qu’ils avaient pourtant tous souhaités : que tout cela n’ait été qu’un mauvais rêve ?
Mais il devinait un Sherlock livré à lui-même, maltraitant son corps et sa volonté, qui avait appris à ne se fier qu’à lui, à ne dépendre de personne, et certainement pas du blondinet qui lui servait de docteur et à cause duquel il avait dû se jeter du haut d’un building, se faire passer pour mort et tout cela en acceptant que sa réputation soit déchue, même si John et une poignée d’autres personnes n’avaient jamais cessées de croire en lui, et cela le heurtait. Ils avaient été tous deux abîmés par ce qui s'était passé. Ils en étaient tous deux sortis avec de nouvelles cicatrices.

En contrepartie, il s’inquiétait en permanence pour Sherlock. Pas tant parce que le détective se montrait souvent insouciant et flirtait allègrement avec le danger – c’avait été le cas depuis le départ, et puis, John n’était pas particulièrement bien placé pour le reprendre là-dessus – non, c’était en grande partie une crainte purement irrationnelle qu’il fasse à nouveau quelque chose de stupide (comptez sur Sherlock pour ça) et aussi, pour une raison plus logique : il savait que Sherlock n’avait pas complètement réussi à détruire le réseau de Moriarty, qu’au contraire, quelqu’un l’avait remplacé au centre de cette toile, et que cette personne était un danger pour lui, pour eux. John s’estimait heureux que Sherlock l’accepte encore dans sa vie, car il avait eu conscience d’être devenu sa faiblesse, son talon d’Achille. C’était un peu comme si les criminels de Londres s’étaient donné le mot : pour toucher Sherlock, viser John. Il rendait Sherlock plus vulnérable, plus humain. Et c’était ainsi qu’il se trouvait fréquemment évincé des enquêtes trop dangereuses. Oh, le détective ne le lui disait pas comme ça, mais John n’était pas dupe ni idiot, contrairement à ce qu’il aurait probablement aimé croire. Il avait envie de mettre les points sur les i, de faire comprendre à Sherlock qu’il pouvait se défendre tout seul, qu’il en avait assez de tourner en rond dans l’appartement, d’avoir pour plus périlleuse mission l’achat du lait, mais il ne pouvait pas, comment aurait-il pu ? Ce n’était ni juste envers Sherlock, ni envers lui-même qui après tout le maternait aussi plus ou moins.

Ce jour là, le détective était à nouveau parti sans un mot. John avait reçu un message de Greg demandant si c’était normal qu’il ne soit pas là, et l’invitant à une soirée au pub, et il était resté là, à regarder l'écran de son téléphone en soupirant. Quel intérêt Sherlock trouvait-il à leur colocation s’il n’avait plus besoin de lui sur les enquêtes ? Etait-ce à cause du prix de l’appartement ? C’était bien pour ça qu’il avait cherché un colocataire à la base – John imaginait mal Sherlock préférer vivre avec quelqu’un que seul alors qu’il pouvait l’éviter. Mais il savait aussi que même en refusant l’aide de Mycroft, il gagnait à présent très bien sa vie grâce à ses enquêtes privées. Alors, pourquoi ? Afin qu’il puisse bloguer sur ses aventures ? Mais que pouvait-il bien écrire quand il n’était pas là pour y assister ? Il appuya sa tête entre ses mains et entendit Sherlock revenir avec sa pétulance habituelle. Il ne releva pas la tête, rassuré simplement par le son caractéristique de ses chaussures sur les marches et le plancher. Sherlock lui déroba une tartine sans un mot – affaire close, alors, il ne mangeait jamais pendant une enquête – mais fut surpris en constatant à la façon dont il se mura très vite dans son Palais Mental que ce n’était probablement pas le cas. Peut-être qu’il faisait des efforts. Ils en faisaient tous deux. Essayaient, en tout cas.
Il demanda au détective s’il était intéressé par la soirée de Lestrade, s’attendant à recevoir une réponse négative, mais ce ne fut pas le cas, et John cru avoir mal entendu, mais comprit rapidement qu’il n’obtiendrait pas d’autre réaction et n’insista pas. Ça ne ressemblait pas au Sherlock qu’il connaissait d’aller socialiser ainsi autour d’un verre. Mais encore une fois, cela n’était qu’un élément de plus à ajouter dans la liste des choses qui avaient changées, supposa-t-il avec un haussement d’épaules, confirmant leur venue à Greg. Cela ne pouvait de toute façon pas leur faire de mal.

Il se prépara pour aller travailler, coupé dans son élan par un appel de Mary qui lui proposait une sortie le soir même. John déclina avec embarras – ce n’était pas la première fois qu’il devait annuler ou refuser un rendez-vous, et il culpabilisait toujours un peu, mais parvenait à se sentir un peu légitime en prétextant combattre le crime, ce qui n’était en plus pas un mensonge. Là en revanche, il choisissait délibérément de faire passer ses amis avant elle, et savait que c’aurait dû être l’inverse, mais il en avait besoin, réalisa-t-il. Une soirée au pub avec Greg et ses potes, quelque chose qu’il n’avait pas fait depuis… depuis le retour de Sherlock. Mary, égale à elle-même, lui dit qu’elle comprenait, lui souhaita de s’amuser, et raccrocha sans une once d’amertume dans la voix, accentuant la culpabilité de John qui n’eut pas le loisir de s’y attarder et se dépêcha de quitter Baker Street pour aller travailler.

Il lu sembla que le soir ne pourrait jamais arriver assez vite et lorsqu’enfin il put souffler dans le taxi avec Sherlock, il en profita à peine, perturbé par le silence de son colocataire qui ne perdait habituellement pas une occasion de lui parler de l’affaire sur laquelle il travaillait. La bière posée sur le comptoir devant lui avait un goût de délivrance. Sherlock accapara aussitôt Greg pour lui parler de l’affaire, et même si le détective échangea un regard mi-amusé mi-ennuyé avec John qui disait clairement qu’il n’était pas venu pour ça, il écouta Sherlock avec sérieux et attention, comme toujours professionnel, et John les laissa entre eux pour aller discuter avec le reste de son équipe, regrettant l’époque où il se serait retrouvé entre eux pour parler de l’avancement de l'enquête. Il ne connaissait la plupart des personnes présentes que de vue, mais John avait un caractère facile qui lui permettait de socialiser aisément, chose qui fut amplement facilitée par le match de foot qui se jouait devant eux et lui permit de ne pas vraiment avoir à entretenir de conversation, se contentant de rejoindre l'hystérie générale lorsqu'un but était marqué. Il but sa bière de façon un peu absente, savourant simplement la chaleur agréable que l’alcool diffusait dans son corps, engourdissant légèrement son esprit. Le but n’était pas de s’enivrer – il n’avait plus vingt ans, et puis John tenait assez bien l’alcool – mais il ne disait pas non s’il pouvait se détendre un peu et cesser de se prendre la tête quelques minutes. Surveillant Sherlock du coin de l’œil, il s’aperçut que celui-ci buvait plus qu’il n’en avait l’habitude, et après le quatrième verre, il finit par se lever et le rejoindre, s’interposant légèrement entre lui et Greg qui faisait clairement de son mieux pour ne pas éclater de rire. John n’en était pas sûr, mais il lui avait bien semblé que l’inspecteur avait filmé Sherlock quelques secondes plus tôt. Considérant que le détective n’avait pas l’habitude de boire autant et qu’il n’avait sûrement rien mangé avant de partir, il y avait fort à parier que les effets se montreraient très vite désastreux.
« Je crois que tu as assez bu pour ce soir, Sherlock, » lança John d’un air inquiet avant de se tourner vers Greg. « Je vais le ramener, tu as assez de preuves compromettantes pour le discréditer à vie… » Il avait voulu dire ça sur le ton de la blague, mais en se rappelant que c’était également ce que Moriarty avait tenté de faire, son visage s’assombrit légèrement. « Merci pour cette soirée. »
Greg hocha la tête d’un air entendu et John prit le bras de Sherlock sans délicatesse.
« Allez, viens. Je sais très bien que tu ne voulais pas venir, ton calvaire a assez duré. »
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MessageSujet: Re: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyMer 5 Sep - 16:34

Se dérober, voilà ce que Sherlock ne cesse de faire ces temps-ci, depuis son retour, éviter John est devenu un besoin constant. Non, bien sur qu'il ne veut pas qu'il s'en aille, mais lorsqu'il le regarde, il a l'impression de se revoir tomber du haut de cet immeuble, refusant de se sentir mal pour ce qu'il a fait, il évite l'homme avec qui il vit. Sherlock s'y prend certainement de la pire des façons, mais tout le monde sait qu'il n'est absolument pas familier avec les relations humaines. Éviter la dispute inutile, voilà tout ce qu'il cherche à faire. Certainement que celui-ci a besoin de temps, de plus il refuse de mêler John à ses affaires, de peur que l'une d'elle soit liée aux hommes de Moriarty, il est déjà bien heureux qu'il n'ai pas parlé de quelques affaires plus ou moins récentes de meurtres non élucidés. Certains corps sont encore introuvables. Sherlock a extrêmement bien fait son travail, il en a même livré quelque uns au Yard, mais personne n'est au courant. Parfois, il avait la force de ne pas tuer, c'était aussi les fois ou personne n'avait vu son visage. Ses mains sont clairement tâchées de sang et elle le seront jusqu'à la fin, c'était déjà le cas avant sa rencontre avec John, mais là, c'est pire que tout. Sherlock a changé et il a lui aussi besoin d'un peu de temps pour s'y faire, même si il essaye d'être le plus normal possible. Il y a ces cauchemars qui brouillent ses nuits déjà quasi-inexistantes. Il est lui-même, dans Londres, blessé en train de courir, comme il peut, il est suivit par des hommes sans visages, sans doute des hommes qui travaillent pour Moriarty. Il ne peut pas s'arrêter sinon il va tout perdre, il lutte comme il peut et finit par s'écrouler de fatigue, il entend un cri poussé par un homme que pour le moment il n'arrive pas à reconnaître et Sherlock se réveille, le plus généralement en sueur. C'est agaçant parce que ce rêve revient sans cesses, dès qu'il essaye de se reposer par lui-même. Sherlock se rappelle du jour de son retour à Baker Street, lorsqu'il est entré dans sa chambre, il s'est écroulé contre sa porte, il n'a pas bougé durant un certain temps et il s'est ensuite hissé sur son lit, il s'est endormit aussitôt et c'est là que tout à commencé. Dans la rue, il n'arrivait pas à cauchemarder puisqu'il n'avait qu'un demi-sommeil, la peur de se faire attraper la nuit. Il n'y a que lorsque John est là qu'il peut se permettre de fermer les yeux et de tenter de sombre dans les bras de Morphée. Une unique demi-heure de sommeil pour le rendre malade, mais comme tout le monde le sait parler de ça, jamais. Il n'est pas faible alors oui, il essaye de ne pas dormir, mais parfois son corps le rappelle là l'ordre et ces fois là, il ne rêve pas, il ne dort pas paisiblement, il se repose. Les affaires que lui offre Lestrade lui permettent de ne pas penser à cela et de se concentrer sur sa quête de trouver Moran, le vil est pour le moment introuvable et pourtant, il sait pertinemment qu'il est à Londres, manifestement cet homme est plus que doué, on voit qu'il a été aux mains de Moriarty. Durant un moment, Sherlock se faisait dépasser avec Moriarty, il avait toujours une longueur d'avance, jusqu'à ce qu'il comprenne le but de la manœuvre, et là, il s'est mit à jouer le jeu et cette fois ce fut lui le maître sans que Moriarty ne s'en doute une seule seconde. Jamais il ne faut croire en ce que l'on voit, jamais, du moins pas avec Sherlock. L'art du déguisement qu'il soit physique ou bien simplement facial, comme avec son visage. Sherlock a encore des tours dans son sac pour s'en sortir, comme ici ce soir avec Lestrade, il lui expose ses théories sur l'affaire du moment et il arrive à la résoudre, comme toujours et il essaye de grappiller des informations manifestement confidentielles. Lestrade ne veut pas lui parler et il essaye de détourner la conversation, agacé de parler boulot alors que ce soir il voulait s'amuser, sans doute. Mais Sherlock ne veut pas rire, il ne veut pas participer à la fête, il n'est pas venu ici pour jouer. Il ne se rend d'ailleurs pas compte de ce qu'il boit, de la bière au départ puis un liquide plus fort que lui a conseillé Lestrade. Il ne se souvient que vaguement du nom de cette boisson, mais elle lui a brûlé la gorge et mit un poids dans le crâne. Vaguement, il entend John, il prend quelques secondes avant de se concentrer. « Ne soyons pas trop généreux de conseils; gardons-en pour nous-mêmes. » Rétorque-t-il avec dédain, une citation de John Locke, cela prouve donc qu'il est ivre ou qu'au contraire, il va bien ? La question reste un mystère pour le moment. « John, je vais bien. » S''empresse-t-il d'ajouter toujours avec le même dédain. Sherlock observe Lestrade avec son sourire moqueur, alors c'est ça, les gens se moquent de lui parce qu'il a un peu bu ? Agacé, le détective lui lance un regard noir. Il ne veut pas s'en aller pour autant, le fait que John veuille qui rentre ne lui donne pas envie de le suivre, cependant les membres engourdis, les réflexes amoindris Sherlock ne réagit pas directement lorsque John s'empare de son bras. « Personne ne peut me compromettre ! Quelqu'un la déjà fait, aucune originalité. » L'alcool lui permet de parler de ça, devant John alors qu'il sait que celui-ci a encore des problèmes avec cette histoire. Il se dégage de l'étreinte de John et sort tout seul, comme un grand du bar. « Tu ne sais pas ce que je veux John ! » Lance-t-il en manquant de glisser à côté du trottoir, il titube légèrement, au final cette sensation d'ivresse ne lui plaît pas du tout, il est en train de perdre le contrôle et tout le monde sait que c'est ce qu'il déteste le plus. Sherlock se redresse et reprend son éternelle posture droite afin que John ne croit pas qu'il ne va pas tenir. Il prend ses cheveux dans ses mains et les secoue légèrement avant de fixer le médecin. « Tu devrais rester. » Il veut certainement rester aussi puisqu'il a du dire non à une soirée avec Mary, cette nouvelle femme dans sa vie, femme qui lui prend son John, paradoxalement, Sherlock laisse de plus en plus de temps à John et donc avec cette femme et il ne peut pas s'empêcher de la détester, de la trouver inutile. Mais il essaye dans un coin de sa têt de se dire que cette femme peut éventuellement le rendre heureux après tout ce qu'il a vécu notamment à cause de la chute. Il bouge sa main dans le vide, vers l'avant. « Je peux rester seul, je vais prendre un taxi ou alors marcher un peu. Tu n'as pas besoin de t'occuper de moi. » La réaction de John est prévisible à cette réplique, il va lui demander pourquoi alors lui s'occupe de sa personne. Sherlock prévoit-tout, même lorsqu'il boit un peu. Énerver John n'est certainement pas la meilleure idée qu'il a eu pour le moment, mais il ne peut pas s'en empêcher. A force de tout éviter, tout va lui revenir au visage, il faut qu'ils aient cette discussion, peut-être qu'après les choses iront mieux. De plus il est évident que Sherlock peut rester seul et cela aussi est un nouveau pique, moins voulu que le premier c'est évident, mais s'en est un, citant ses aventures peu glorieuses dans la rue, là ou il a été seul à lutter. « Va donc t'amuser ! » Ajoute-t-il, c'est ce que les idiots font, ils s'amusent et cela ne sert strictement à rien, c'est ennuyant de s'amuser. Sherlock remonte le col de sa veste et prend une longue inspiration, il profite un peu de l'air frais de la soirée. L'air dans le bar était irrespirable. Observant John du coin de son œil, Sherlock attend impatiemment sa réaction, il prend un peu conscience que John puisse ne pas rentrer dans son jeu et décide de s'en aller, alors il se prépare mentalement à le voir retourner dans ce foutu bar avec ses ignares et leur dose d'alcool. Un craquement sinistre de doigts se fait entendre, Sherlock s’amuse même a travers ses gants. Il est nerveux, c'est certainement dû à l'alcool et à John, sans doute. Tout a besoin d'avoir une réponse.
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MessageSujet: Re: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyDim 9 Sep - 3:50

Sometimes John wants to be the one to fix Sherlock Holmes. He'd like Sherlock to come home someday with a terrible wound. He'd like to help him and suture his wound and make the world right again. (...) Sometimes he wishes to be the one to hurt Sherlock, too; because nothing would be as marvelous as breaking him and then repairing him again. Because if John is a madman then Sherlock is, too, and he would understand this. John will never tell him, of course. *
***
John ne prétendait pas comprendre Sherlock. Mais il pensait le connaître. Avant la Chute, en tout cas. Ce n’était pas qu’il avait tellement changé depuis. C’était plutôt qu’ils ne passaient plus autant ensemble qu’avant. Ce n’était pas faute d’essayer de le surveiller de près, mais Sherlock était bien plus solitaire et secret qu’avant, et il n’avait jamais été vraiment le plus ouvert des hommes. John, de son côté, avait Mary, et au goût de la jeune femme il passait encore trop de temps aux côtés du détective. Le docteur ne partageait pas vraiment cette impression. Ils avaient beau vivre ensemble, ils passaient parfois des journées entières sans se voir. Sherlock, à enquêter sur des affaires où il n’était plus systématiquement invité, lui, à continuer à mener sa vie telle qu’elle était avant son retour. Par habitude. Par facilité. Par crainte, aussi. Que tout cela s’arrête à nouveau. C’était peut-être pour cette raison qu’il chérissait les moments qu’ils partageaient ensemble, comme avant. Parce qu’il avait eu un goût de l’après. Un goût amer qui ne le quitterait probablement jamais complètement.

Il voyait que Sherlock le fuyait, c’était évident. Mais John n’insistait pas. Il se contentait d’être là. Lorsque Sherlock parlait, il écoutait. Il ne posait pas de questions. Il se disait que c’était ce qu’il pouvait faire de mieux. Il ne voulait pas jouer avec le feu, ses plaies étaient encore trop récentes, assez pour faire mal encore parfois, alors il laissait le détective faire les choses comme il l’avait toujours fait : à sa façon. Il ne pouvait pas vraiment le blâmer, de toute façon. Il avait aussi sa part de secrets. Et c’était peut-être là le plus grand changement entre eux : ces tabous qui n’existaient pas avant. Ils n’avaient plus jamais vraiment reparlé de la Chute après que Sherlock lui ait donné les informations qu’il jugeait pertinentes, même si John savait qu’il ne lui avait pas tout dit. Ce n’était pas grave, parce que lui non plus ne lui disait pas tout. Un jour, peut-être. Un jour.

Mais ce n’était clairement pas pour ce jour là, à en juger l’état d’ébriété de Sherlock qui était visiblement en train de citer un quelconque auteur dont John ne soupçonnait probablement pas l’existence avec tout le dédain dont il était capable et qui ne perturba nullement l’ex-soldat.
« John, je vais bien. »
John ne se donna pas la peine de répondre. Sherlock n’avait pas manqué de remarquer que le docteur avait une propension à s’inquiéter pour lui plus importante qu’auparavant et se doutait que c’était au moins en partie pour cette raison que son colocataire le fuyait. Une réplique cinglante lui brûla les lèvres, quelque chose comme un « Je ne m’inquiète pas pour toi imbécile, mais pour Lestrade et la migraine latente que tu es en train de lui donner », ou un « On verra ça demain lorsque tu te traîneras une gueule de bois monstre et que tu m’en voudras de ne pas t’avoir empêché de boire plus tôt », mais il n’en dit rien. Il n’avait pas perdu de sa superbe, il était toujours capable de remballer Sherlock en bonne et due forme, mais à quoi bon ? Le détective avait clairement bu plus qu’il ne l’aurait dû et John savait d’expérience que le provoquer n’allègerait pas la rancœur qui ne l’avait jamais vraiment quitté depuis son retour. Il ne croyait pas aux vertus supposées libératrices des disputes et savait qu’il ne tirerait rien de positif à se quereller avec Sherlock, mais il avait parfois cette colère menaçante au fond de lui qui avait envie de lancer des assiettes en sa direction pour lui soutirer des excuses, une émotion, n’importe quoi, mais quelque chose, tout sauf cette froideur impassible et distante qu’il affectait en toutes circonstances.
« Personne ne peut me compromettre ! Quelqu'un l'a déjà fait, aucune originalité. »
Cette fois, John grinça des dents, mais garda une fois de plus le silence. C’était là, encore, ces non-dits. John n’était pas du genre à fuir un sujet ou à tourner autour du pot. S’il ne parlait pas de ce qui s’était passé, ce n’était pas parce qu’il ne voulait pas, mais bien parce qu’il ne pouvait pas. Et la désinvolture de Sherlock quant au sujet réveillait sa colère tapie en lui. Pas n’importe quelle colère. La colère née de la douleur, la plus vorace et la plus insatiable. Mais John avait l’habitude de repousser ses démons. L’ombre qui passa sur son visage disparut aussi vite qu’elle était apparue. Après un dernier signe de tête en direction de Greg et son équipe, John rejoignit Sherlock hors du bar. L’air frais de la nuit pénétra ses poumons avec intensité et lui fit le plus grand bien, l’apaisant. Il en avait bien besoin, s’il lui fallait supporter le détective visiblement agacé par son attitude durant tout le trajet du retour.
« Tu ne sais pas ce que je veux, John ! »
Le docteur lui lança un regard en biais. Non, il ne savait pas ce que Sherlock voulait. Ne l’avait jamais su, ne le saurait peut-être jamais. Sherlock était aussi doué pour percer à jour tous les secrets d’une personne d’un seul regard que pour rendre les siens inviolables en se fermant totalement aux autres, et John songea qu’il n’y avait probablement personne d’autre au monde qui savait ce que Sherlock voulait, sinon Sherlock lui-même, et encore, en ajoutant le whisky à l’équation il n’était pas certain que cela soit valable pour ce soir. Glissant ses mains dans les poches, il soupira.
« Non, tu as raison, je ne sais pas ce que tu veux, puisque de toute façon tu ne me le dis pas, et honnêtement, dans l’état dans lequel tu es, il est probable que je ne t’écouterais pas même si tu me le disais. »
Ce n’était pas à John qu’on apprendrait quelque chose quant aux effets secondaires fâcheux de l’alcool. Il avait été jeune aussi, et il avait été dans l’armée. Lorsqu’ils avaient des permissions, ils avaient toujours su en faire bon usage.
Il observa la silhouette chancelante du détective sous la lumière anémique des réverbères. Il aurait presque pu s’amuser de le voir tituber ainsi, et il l’aurait sûrement fait dans d’autres circonstances, mais là, il n’avait pas tellement le cœur à en rire. Il constata simplement que cela lui donnait un aspect plus humain, plus fragile. Sherlock Holmes pouvait donc aussi devenir l’esclave de son corps. C’était en général plutôt la réciproque qui était vraie : son corps était clairement son esclave, et encore, il y avait probablement eu des esclaves mieux traités. Il retint son impulsion de le rejoindre pour lui donner un appui. Il ne pouvait pas être son soutien, sa canne, pas alors qu’il avait assez à faire avec la sienne. Dans les bons jours, il pouvait s'en passer plusieurs heures durant, mais les bons jours se faisaient aussi rares que les enquêtes sur lesquelles Sherlock le conviait. Même si la douleur était moins importante depuis son retour, elle ne l’avait pas quitté totalement et il profitait des soirées de ce genre où il pouvait se distraire pour la laisser à Baker Street, se forçant à marcher sans, en grande partie aussi parce qu’il détestait le regard de pitié que les autres lui lançaient lorsqu’ils la remarquaient. Mais en cet instant, il regrettait ne pas l’avoir avec lui. Son pas était lourd, mais son boitement était quasiment imperceptible. Il refusait de se laisser aller. Sherlock sembla se faire le même raisonnement car il se redressa rapidement, prouvant une fois de plus qu’il n’avait pas besoin du docteur pour avancer.
« Tu devrais rester. »
John le suivit, sans répondre, les yeux rivés sur son dos, séparés de quelques mètres seulement. Pas côte à côte, comme ils l’avaient été autrefois. Il en ressenti un pincement au cœur qu’il ignora, demeurant silencieux.
« Je peux rester seul, je vais prendre un taxi ou alors marcher un peu. Tu n'as pas besoin de t'occuper de moi. »
Oui, il l’avait prouvé qu’il pouvait rester seul, mais John n’avait pas manqué de constater que les résultats n’étaient pas franchement satisfaisants, à en juger sa pâleur et sa maigreur excessive, ses nuits tourmentées et les cicatrices qu’il avait gagné ainsi.
« Va donc t'amuser ! »
John s’arrêta soudainement au milieu de la rue déserte. Il ne réalisa pas tout de suite que ses poings étaient crispés dans ses poches au point que la circulation du sang en était rendue pénible et douloureuse, ce qui l’alerta, et il força ses doigts à se détendre peu à peu. Il attendit que Sherlock remarque qu’il ne le suivait plus et se tourne vers lui pour prendre la parole.
« Tu as fini, ça y est ? Tu viens d’exprimer dans toutes les variantes possibles de la langue le fait que je devrais rester, et tu t’attends visiblement à ce que je le fasse, mais tu n’insisterais pas autant si tu n’espérais pas que je te contredise. »
Difficile de dire si cela signifiait qu’il cherchait lui aussi à le provoquer, s’il avait simplement trop bu pour que l’on puisse donner un quelconque crédit à ses actes ou si John interprétait mal son insistance. Mais dans tous les cas, il n’avait pas l’intention de revenir dans le pub. Il avait espéré parler un peu avec Greg, se changer les idées, mais Sherlock avait monopolisé son attention et John s’était très vite aperçu qu’il n’avait pas envie d’être là, avec des gens qu’il connaissait à peine, dans une atmosphère fébrile et irrespirable, à regarder distraitement un match de foot qui ne l’intéressait pas alors qu’il serait mieux dans le calme et la tranquillité de Baker Street, devant le dernier épisode de Doctor Who, une tasse de thé à la main et un paquet de Jammie Dodgers à disposition. L’ironie dans tout ça était que finalement, Sherlock s’était peut-être plus amusé que lui, ce soir.
« Et tu sais quoi ? Tu ne sais pas non plus ce que je veux, Sherlock. Tu n’en as aucune idée. Et là, en cet instant, rester dans ce bar ne fait définitivement pas partie de ce que je veux. »
Son regard se durcit, et il reprit la marche, prenant cette fois les devants. Tant pis pour le taxi, il avait envie de marcher en dépit de sa jambe lancinante, et il n’avait certainement pas envie d’avoir cette conversation devant un témoin.
« Tu veux que je te dise ce que j’aimerais ? J’aimerais que tu manges plus souvent. J’aimerais que tu te serves d’autre chose que de mes pulls pour essuyer tes expériences. J’aimerais que tu montres plus respectueux envers Mary. J’aimerais que tu arrêtes de m’évincer de tes enquêtes. Mais par-dessus tout, j’aimerais vraiment que tu te rappelles que je suis ton ami et que tu n’as pas à me fuir comme tu le fais. »
Là, au moins, c’était dit. Il avait tout lâché d’une traite sans jamais s’arrêter ni se retourner, et reprit son souffle, se sentant légèrement mieux à présent qu’il avait commencé à vider son sac. Oh, il y avait encore des choses à dire, beaucoup, même. Mais c’était un bon début.


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MessageSujet: Re: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyDim 9 Sep - 9:36

Imperceptiblement le corps du détective se tend, il a été trop loin. On va tout mettre sur le dos de l'alcool et comme ça tout ira mieux. Sherlock a bien bu, de plus il ne tient absolument pas l'alcool, il suffit de songer aux quelques noël qu'ils ont vécu ou il buvait, un peu trop le punch que Mrs Hudson faisait. Il jette un regard en biais à John, celui-ci marche par derrière, il y a une certaine distance matérialisée entre eux, elle n'est plus qu'imaginaire, elle est réelle et elle les détruit tous les deux. Sherlock ne veut pas faire le premier pas vers la réconciliation, parce que c'est cela qu'il va falloir pour les deux hommes. Lui, pousse à la dispute. Il se tient aux poubelles, barrières, et autres poteaux. Il ne faut pas croire qu'il n'a pas remarqué pour la jambe de John, ceci est pour le moment un mystère dans sa tête, du moment que celui-ci n'est pas résolu, il ne va pas en parler, mais il ne comprend pas pourquoi John a récupéré sa canne, il n'arrive pas à se dire que c'est de sa faute à lui. Il roule des yeux en entendant John lui dire qu'effectivement il ne sait pas ce qu'il veut et qu'il ne saura jamais. La question qui se pose c'est est-ce que Sherlock sait ce qu'il veut à ce moment précis. Certainement pas, son esprit est bien trop embrumé pour savoir ce qu'il désire au fond. La seule chose qu'il peut dire c'est qu'il a mal, affreusement mal au fond de lui après tout ce qu'il a pu vivre. Mais ça, bien entendu, jamais il ne va pas parler enfin, si peut-être ce soir, parce que c'est peut-être ça qu'il désire faire ce soir, boire et parler, boire et oublier, utiliser la solution humaine à son problème de souffrance. Il n'a jamais parlé de cela, même à Mycroft, celui-ci sait bien évidement ce qu'il s'est passé parce qu'il a mit des hommes pour surveiller Sherlock. D'ailleurs ces hommes, malgré la réticence sans limites de Sherlock, ils l'on aidé. Ces hommes ont aussi tué sas traces pour Sherlock, pour le protéger dans les moments ou il était vulnérable, parce qu'il l'a été. C'est pareil, est-ce qu'un jour il va avouer qu'il est vulnérable, comme lorsqu'il a vu le chien dans l'ombre. Il a eu peur parce qu'il n'avait pas d'explications, son corps était en train de le trahir et c'est ce qu'il fait aussi là, son corps l'abandonne. Maltraité, il est normal que celui-ci se rebelle un jour ou un autre. L'alcool dans se corps plutôt fragile à ses effets ravageurs. Sherlock reprend sa marche hasardeuse, il se tiendrait bien sur John, il aimerait tant avoir de nouveau cet appui d'avant, cette présence masculine qui au fond le rassurait. Il se savait bon pour John avant, mais il se sent dangereux pour lui maintenant, même si John a fait la guerre, même si John est fort. C'est plus fort que lui, il doit le mettre à l'écart de tout, parce qu'au fond, il a peur de le perdre, peur de perdre son seul ami, la seule personne qui arrive à vivre avec lui. Sherlock avale péniblement sa salive qui a un goût alcoolisé, il déteste ça et il regarde de nouveau John, cette fois s’arrêtant de marcher, cette fois c'est John qui reprend la parole lui demandant si il a finit parce que Sherlock ne sait pas ce que lui il veut, ça à le don d'agacer le détective même si c'est l'effet escompté, John lui explique ensuite qu'il ne veut pas rester à la soirée, ce bar ne fait pas partie des choses qu'il veut. Sherlock reste une seconde interloqué, son cerveau refuse de faire une analyse pointue de cette phrase. Il reste planté là alors que John lui a accéléré le pas, le médecin passe devant lui, les points serrés alors que Sherlock lui, ne bouge plus. Le regard quelque peu vidé, il essaye de comprendre ce que John vient de lui asséner. Son ami vient de lui dire ce qu'il aimerait. Jamais Sherlock ne penserait qu'un jour des paroles comme ça puisse le toucher. Sans doute l'alcool dirons-nous. « Je... » Il regarde John s'éloigner et ne cherche même pas le rejoindre, il se demande si c'est la bonne idée, la bonne approche. « Je ne veux pas te fuir. J'essaye de te protéger. Je sais que tu ne veux pas que je le fasse parce que tu as été à la guerre que tu as déjà fais des enquêtes avec moi mais... Je ne suis même pas capable de me protéger moi-même que je ne veux pas que tu prennes le risque de le faire. » Cette fois, il fait quelques pas en avant. « Me justifier dans cet état n'est certainement pas l'idée la plus brillante que j'ai eu de la journée, je l'avoue, mais, je sais que tu vas m'écouter, parce qu'au final, tu m'écoutes toujours, quoi que je dise, quoi je fasse. » Sherlock s'accoude à une barrière lorsqu'il arrive au niveau de John, un long soupire s'échappe de ses lèvres. « Toutes ces choses là que tu aimerais que je fasse... Je comprends, tu t'inquiètes pour moi, tu le fais tout le temps, je le remarque, mais... » Sherlock cherche ses mots, seigneur c'est la première fois qu'il parle comme ça, il aurait été sobre, il est évident qu'il ne se serait pas justifié, il n'a pas à le faire. C'est le cas de Mary, il ne va pas lui dire pourquoi il ne la respecte pas, parce que lui-même ne le sait pas, il ne comprend pas ce sentiment qui le remplit lorsqu'il voit la jeune femme, se sentiment d'appartenance qu'il a envers John, c'était la même chose avec les autres, mais il a toujours réussi à évincer les autres femmes, Mary semble un plus gros morceau et en plus. John, il a l'air heureux avec elle. Sherlock n'a pas le droit de tout détruire sous prétexte qu'il veut garder John pour lui alors qu'au final, il l'évite constamment. « Mais... J'ai besoin de temps. » Voilà son explication, sa demande à John, du temps, pour s'habituer à celui qu'il est devenu. « Je veux bien faire des efforts. » Souffle-t-il, pour John, simplement pour lui afin qu'il se sente mieux. Merde Sherlock. Il est en train de se soucier du bien-être de son colocataire. C'est juste pour se donner bonne conscience, pour ne pas avoir à assumer ce que John est devenu. Il faut qu'il retrouve sa superbe, il ne faut pas qu'il reste comme ça, il est fragile, Sherlock déteste se sentir comme ça, c'est une sensation tellement nouvelle. Tout semble contre lui, que ce soit son cerveau, son corps et même John. Les choses semblent avoir trop changées. Perdre le contrôle est une chose nouvelle pour Sherlock. Il faut que ce soit l'alcool. C'est l'alcool. « Enfin, dans le domaine du faisable. » Ajoute-t-il avec un peu plus de force. Doucement mais sûrement le détective est en train de se reprendre. Sa marche bien que pas assurée du tout arrive à rejoindre celle de John. « Je vais te reprendre sur mes affaires. » Le caractère possessif de sa phrase veut tout dire. Il se voyait seul, ses affaires, pas celles de John même si parfois, sa langue fourchait et il lui en parlait, parce qu'il fallait qu'il en parle, parce que sa complicité avec lui lui manquait. Sherlock ne comprend pas pourquoi John marche aussi vite, c'est plutôt fatiguant de marcher lorsqu'on a bu parce qu'il semblerait qu'il fait deux à trois fois plus de pas qu'à la normale en titubant et en s'attachant aux divers objets à sa portée, d'ailleurs, la dernière chose qu'il a à sa portée est John. Sa main droite glisse sur l'épaule de celui-ci et il se tient debout, il y arrive. Sherlock marche droit, appuyé à John, il marche droit. Le détective fronce les sourcils et se sent soulagé, il n'en a que faire de s'imposer à la marche de John.
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MessageSujet: Re: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyJeu 13 Sep - 5:12

John se concentrait sur ses pas, la mâchoire serrée pour pallier la douleur que la tension dans sa mauvaise jambe faisait naître à chaque mouvement. Droite, gauche. Sa tête était redressée, son dos parfaitement droit. En vérité, excepté le pli soucieux sur son front qui trahissait l’effort intense que marcher normalement lui demandait, il était difficile de remarquer qu’il peinait pour ce faire. John était un soldat, il l’avait été même avant de s’engager, c’était presque inscrit dans ses gênes. Il ne s’autorisait pas un répit, pas une plainte, pas même une grimace. Il allait de l’avant, aussi dignement que possible, et continuerait jusqu’à ce que son corps le trahisse, jusqu’à ce qu’il s’effondre, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se relever.

Droite, gauche. Il prit une profonde respiration. Aller de l’avant. C’était ce qu’il avait toujours fait. Après avoir été touché à l’épaule et rapatrié en Angleterre. Après avoir perdu son meilleur ami. C’était plus que de l’instinct de survie, c’était un automatisme. Ce que certains auraient vu comme une force, lui, le percevait comme une faiblesse. Une facilité. Il avait été conditionné pour se battre. Depuis l’enfance, où, entre un père absent et une mère occupée, il lui avait fallu très vite grandir, trouver ses marques, veiller sur sa sœur. Il s’était construit une volonté de fer, et possédait malgré tout une grande sensibilité. C’était tout le paradoxe de John Watson. Médecin dévoué au bien-être de ses patients et soldat capable de tuer de sang froid. Vivant d’ordinaire et rêvant d’extraordinaire. Tous les Sherlock Holmes du monde réunis ne seraient probablement pas venus à bout de ce docteur en apparence si commun et pourtant si complexe.

Droite, gauche. Il n’hésitait pas, ses gestes étaient sûrs, maîtrisés, son regard fixé devant lui. Aller de l’avant, ne pas regarder en arrière. Malgré son envie de lire l’expression sur les traits du détective qu’il espérait avoir tiré de son indifférence de façade, il ne se tourna pas une seule fois vers lui. Si John avait été Orphée, il était probable qu’Eurydice ne serait pas morte une seconde fois. Mais il n’était pas poète, il n’était pas un héros de légende, et quand Sherlock s’était trouvé en Enfer, il n’avait pas été là, il n’avait pas pu le suivre et encore moins l’en ramener. Il l’avait souhaité, mais il ne l’avait pas pu. Et c’était vrai sur tous les plans de lecture : le croyant mort, il avait été incapable de se pousser à le rejoindre, parce que John était un soldat et se battait pour la vie, le sachant vivant, il avait été trop tard. Il aurait pourtant tout donné pour être aux côtés de Sherlock, le protéger, surveiller ses arrières, comme il l’avait toujours fait. Mais c’était Sherlock qui l’avait protégé. Sherlock qui était revenu de lui-même. Sherlock qui menait ses enquêtes seul. Sherlock, qui n’avait pas besoin de lui. Et John se sentait à nouveau inutile, cassé. Rien de plus qu’un homme brisé, incapable de marcher sans canne, le corps balafré de cicatrices, la peau tannée par le soleil et le sable d’Afghanistan qui hantait parfois encore ses nuits, des rides sous les yeux, et des souvenirs de sang et de mort qu’il traînait avec lui comme le pire des fardeaux : celui de l’échec.

Droite, gauche. La rue était déserte et silencieuse, exception faite de leur pas qui résonnaient légèrement dans l’allée. L’esprit entièrement à sa tâche, John ne remarquait pas le froid qui s’était insidieusement faufilé sous sa veste et le faisait légèrement frissonner. A moins que ce ne fut pas le froid.
« Je ne veux pas te fuir. J'essaie de te protéger. Je sais que tu ne veux pas que je le fasse parce que tu as été à la guerre, que tu as déjà fais des enquêtes avec moi mais... Je ne suis même pas capable de me protéger moi-même, je ne veux pas que tu prennes le risque de le faire. Me justifier dans cet état n'est certainement pas l'idée la plus brillante que j'ai eu de la journée, je l'avoue, mais, je sais que tu vas m'écouter, parce qu'au final, tu m'écoutes toujours, quoi que je dise, quoi je fasse. Toutes ces choses là que tu aimerais que je fasse... Je comprends, tu t'inquiètes pour moi, tu le fais tout le temps, je le remarque, mais... »
Cette fois, John tourna la tête rapidement en sa direction pour lui lancer un regard médusé, en oubliant momentanément sa jambe boiteuse. Il ne s’attendait pas vraiment à ça. Il ne s’avait pas réellement à quoi il s’attendait, mais pas à ce qui pour Sherlock s’apparentait le plus vraisemblablement à des excuses. Et John se dit qu’en réalité, il devrait songer à faire boire son colocataire plus souvent. Il était tenté de se méfier, de ne pas le croire, parce qu’après tout Sherlock n’était pas dans son état normal, mais parfois, l’alcool faisait ressortir certaines vérités, et à regarder son expression qui pour une fois n’était pas fermée mais complètement honnête, John sut qu’il était sincère. Il croyait ce qu’il disait en cet instant. Il n’y avait plus qu’à espérer que cela ne changerait pas au petit matin, mais si c’était le cas, le docteur était prêt à lui faire une piqûre de rappel. Parce que Sherlock avait raison bien sûr. John l’écoutait, il l’écoutait toujours. Mais il faisait en sorte que cela soit vrai dans l’autre sens aussi.

Il attendit la suite sans un mot, sans un geste pour l’encourager, le visage impassible, ne souhaitant pas influencer d’une quelconque façon la fin de ses explications, même s’il était inexplicablement touché par les paroles du détective. Car il s’agissait au fond d’un aveu de faiblesse. Plus que ça : Sherlock avouait qu’il se souciait de lui, et si John n’en avait jamais douté, le lui entendre dire le fit se sentir plus léger. Oh, c’était probablement pour des raisons égoïstes : comment paierait-il l’appartement tout seul, qui ferait ses courses, qui écrirait des articles sur ses enquêtes en le complimentant à tout bout de champ, à qui demander de faire ceci ou cela, qui lui servirait son thé, à qui parler à voix haute, et autres problèmes de ce genre, mais John découvrit sans surprises qu’il s’en fichait.
« Mais... J'ai besoin de temps. Je veux bien faire des efforts. »
John était cette fois certain que s’il tendait l’oreille il pourrait entendre un chœur de jeunes enfants chanter « Halleluyah » sur fond distant de cloches. Le père Noël était clairement passé en avance cette année. Il retint néanmoins le sarcasme qui lui brûlait les lèvres : l’heure n’était pas à cela, Sherlock faisait des efforts et il était hors de question de tout gâcher. Il hocha donc simplement la tête.
Du temps, oui, il pouvait en accorder. Ils en avaient tous deux besoin pour se réajuster à leur vie après ces mois de changement.
« Enfin, dans le domaine du faisable. Je vais te reprendre sur mes affaires. »
Cette précision décrocha cette fois un sourire sur les lèvres de John. Voilà qui ressemblait plus à Sherlock. Ce fut à ce moment là que la main de ce dernier vint s’appuyer sur sa bonne épaule et qu’ils reprirent leur marche ensemble, côte à côte, comme avant. John ne dit rien, comprenant que par ce geste il faisait un premier pas vers lui : il acceptait de ne plus marcher seul, il acceptait de s’appuyer sur John à nouveau, et ce dernier lui apportait son soutien volontiers, un soutien ferme, fiable, indéfectible. Et malgré le poids du détective contre lui, la tension avait suffisamment disparue dans la jambe du docteur pour se faire oublier momentanément.
« Nos affaires », corrigea-t-il d’une voix calme.
S’il était vrai que le Yard n’avait besoin que de Sherlock et que John ne lui était réellement utile que lorsqu’Anderson était sur le terrain, compensant le manque de collaboration de ce dernier par ses propres connaissances en médecine, leurs affaires privées en revanche lui devaient beaucoup puisque leur renommée s’était faite grâce aux articles de son blog, et plus d’une fois par le passé Sherlock s’était délesté d’une affaire qu’il jugeait ennuyeuse aux mains capables du docteur qui avait alors eu pour mission de lui en faire le récapitulatif concis et détaillé, menant les recherches de son côté (ce qui signifiait souvent questionner les diverses personnes impliquées dans l’histoire… lorsqu’il s’agissait d’interagir avec des êtres vivants, le potentiel de Sherlock restait largement sous-exploité). Et c’était grâce à ces affaires, qui elles étaient payées, contrairement aux enquêtes de Scotland Yard, qu’ils pouvaient s’offrir un rythme de vie plus luxueux – autrement dit : pourquoi cuisiner une boîte de haricots lorsqu’on peut manger au restaurant ?

Ils avançaient, lentement mais sûrement, et il était surprenant de voir combien ces deux hommes qui peinaient à marcher droit séparés – Sherlock chancelant, et John boitant – parvenaient, en s’appuyant l’un contre l’autre, à avancer de façon sûre et sans hésitations. Au fond, cela résumait bien leur relation, celle de deux êtres abîmés qui trouvaient l’un dans l’autre l’appui nécessaire pour se frayer un chemin dans la vie. Ils se complétaient.
« Et tu as raison, je n’ai pas besoin qu’on me protège. Je crois d’ailleurs que tu as fait plus que ta part dans le domaine, Sherlock. Laisse-moi prendre mes propres décisions. Sinon, il te faudra bientôt me protéger de moi-même, parce que je te jure que si je continue à avoir des journées comme celle d’aujourd’hui, je vais devenir fou. Fou et dangereux. »
Il en rajoutait un peu, mais à peine en vérité. Les journées à la clinique étaient fatigantes, et pas de cette même fatigue satisfaisante qui suivait la résolution d’une enquête. Non, c’était abrutissant, long, répétitif. Routinier. Arriver en retard au travail lui manquait. S’endormir à son bureau lui manquait. Ce n’était certes pas très professionnel, mais il se sentait plus utile aux côtés de Sherlock qu’à St Barts à prescrire ordonnances sur ordonnances.

Il souffla doucement, s’appuyant un peu plus contre Sherlock, pour une fois peu soucieux de l’image qu’ils donnaient – il n’y avait personne pour les observer après tout et puis, depuis qu’ils avaient courus, menottés, main dans la main, John se dit qu’il ne pouvait pas vraiment faire pire. Qu’importait de toute façon, il avait Mary, il n’avait rien à se prouver.

Sans trop savoir pourquoi – peut-être parce que même s’il tenait bien l’alcool, il avait lui aussi bu son content de bière – il ajouta sur un ton presque mélancolique, les yeux levés vers le ciel étoilé (ça lui rappelait quelque chose, ça, tiens) :
« Je sais qu’après ce qu’il s’est passé, pas mal de choses ont changées, je ne m’attendais pas à ce qu’il en soit autrement… Mais le Sherlock et John d’avant me manquent. »
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MessageSujet: Re: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyJeu 13 Sep - 19:54

Serrant le tissu de la veste de son colocataire, Sherlock ressent la chaleur de John l'envahir, c'est un contraste évident entre ses mains froides, et l'émanation de sa chaleur. John a toujours été quelqu'un de chaleureux, avenant, ils vont tous voir John en premier, rarement Sherlock lorsqu'il y a quelque chose à ajouter, c'est évident. Jamais Sherlock n'a bronché à cela, moins il a de contacts avec les autres humains idiots, mieux il se porte. Le seul idiot supportable qu'il connaît n'est autre que John, son colocataire. Répugné par les contact humain, il n'y a qu'avec John qu'il ose. Ils ont déjà couru en se tenant la main, John l'a prit dans ses bras le jour de son retour à la maison et là, il y a cette main qui serre presque convulsivement son épaule. Il y a eu d'autres marques de ce type, mais les trois là sont celles que Sherlock va retenir. Même ça, généralement, rien ne le marque, surtout ces choses là, dans son cerveau, l'on ne retrouve que des choses qui ont un rapport avec ses affaires, des choses dont il a besoin pour faire son travail, mais depuis qu'il connaît John, il se trouve qu'il lui garde un partie, même si celle-ci est infime, elle n'en est pas négligeable pour le moins. Il est l'unique à garder une place comme ça, hors sa famille. Il a beau ne pas parler d'elle, celle-ci a sa place, enfuit en lui. Sherlock ne parle jamais de lui, il faut le savoir, sa famille, son enfance, son adolescent, ses problèmes avec la drogue, c'est enfermé en lui. Tant qu'il n'a pas besoin d'en parler, jamais il ne va le faire. S’apitoyer sur son sort, parler de ses déviances vis à vis de la drogue, cela ne sert à rien. Doucement, il déplace sa mâchoire, feignant un bâillement, il jette un coup d’œil sur John qui prend un certain plaisir à le corriger en parler de leurs affaires. La main libre de Sherlock bouge dans le vent, du moins son poignet tourne. « Oui, nos affaires. » Maintenant ce sont leurs affaires, Sherlock va le reprendre avec lui, il va s'investir une nouvelle fois dans cette collaboration et accepter le fait de savoir que cet homme peut gérer. John est certainement plus fort que Sherlock a cet instant, il ne s'en rend certainement pas compte, mais l'état de vulnérabilité de Sherlock est accru à cet instant. L'alcool ne l'aidant pas à formuler des idées concrètes derrière son masque impassible, il s'ouvre un peu, parlant de choses qu'il garde nécessairement pour lui, oui sa réputation, il doit la tenir, mais c'est John. Différent malgré lui. Son idiot se plaît à penser Sherlock, ses idées venant du bas fond l'aident dans ses raisonnent, il sait répondre au sujets triviaux auxquels le détective ne connaît rien. C'est comme si parfois, les choses sont partagées, comme si les deux hommes arrivent à se compléter d'une manière ou d'une autre, mais aussi à se détruite mutuellement. Ils sembleraient que leur relation soit douloureuse, surtout pour John. Sherlock a remarqué sa canne lorsqu'il est revenu bien évidemment ce n'était pas le moment de faire une remarque à ce sujet, mais il n'en pense pas moins, cet objet ne devrait plus avoir un quelconque lien avec John, c'est ce que Sherlock pense lorsque John reprend la parole, répondant à son petit monologue entrecoupé de quelques pauses. Il regarde le chemin devant eux, pas John, pas maintenant. Il se pince les lèvres avant d'afficher un léger sourire en coin. Il est amusé par ce qu'il lui dit. John arrive à faire sourire Sherlock. « Tu sais bien que la folie est loin d'être une chose à me faire fuir, c'est comme la dangerosité. Tu me donnerais presque envie de continuer à te protéger. » Il dit cela pour plaisanter, bien entendu. D'ailleurs, c'est aussi une nouvelle chose, il plaisante, il rend la conversation animée, celle-ci va dans les deux sens et elle n'est pas là pour le pousser lui à trouver des réponses à ses questions, mais c'est plutôt à John de trouver des réponses à ses questions. Sherlock se racle la gorge pour se donner un ton de voix différent, imitant sensiblement quelqu'un qui John ne peut trouver. « Il est vrai que tu as atteins un certain âge ou je n'ai plus besoin de te chaperonner John, désormais tu es un grand garçon, je ne vais plus t'imposer mes choix et tu vas prendre les tiens, tout seul, comme un adulte. » Il appuie sur son épaule, se plaisant à savoir qu'il ne touche pas son épaule de blessé, lui faire mal d'une autre manière, cette fois physique montrerait qu'il peut détruire John, complètement. Il sait bien évidement qu'il peut le faire, comme avec tout le monde, enfin, là physiquement, si John se débat un peu, en quelques secondes, il aura rapidement le dessus sur le détective est son physique frêle. D'ailleurs ce physique commence doucement à flancher malgré lui. Certainement l'alcool qui fait son effet, le secondaire. Sherlock est en train de faire son analyse sur les divers effets de l'alcool sur son corps, d'abord les engourdissements, le cerveau qui se met en veille, les paroles qui viennent d'elles-mêmes et le corps qui fatigue. Alors John qui s'appuie sur lui, bien qu'il ne s'en plaigne pas, ça le fatigue. Sherlock comme nouveauté dans a vie, oui encore une, éprouve de la fatigue physique et certainement autre, mais là, il ne va jamais l'avouer, peut-être même pas sous la torture. Le silence a à peine le temps de se poser, que John, le regard figé sur le ciel étoilé reprend la parole. Sherlock s'arrête alors de marcher, lâchant doucement l'épaule de John, plongeant son regard à son tour dans cette nuit étoilée. John a raison. « Les choses ont changé et ne seront certainement plus jamais les mêmes John. » Lâche-t-il amèrement. Cela ne sert à rien de remuer le couteau dans la plaie, Sherlock se rappelle de choses qu'il a faite et qui ne veulent pas quitter son esprit, même sous sa commande. Il essaye de reprendre un peu de calme, de ne pas ressasser de mauvais souvenirs et il reprend la marche pour se mettre face à John, il l'arrête dans sa marche, le détective ne le quitte pas des yeux lorsque sa main gauche glisse sur la canne qu'il tient dans sa main. « Les choses ne seront plus les mêmes... » Il marque une légère pause pendant qu'il lui retire la canne de sa main. « Tant que tu auras cet objet en ta possession. » Il se recule et se met à jouer avec l'objet afin de rendre ce moment moins dramatique qu'il n'y paraît. En effet, un légère tension est apparue chez Sherlock lorsqu'il lui a prit cet objet, certes, il envahit sans cesse le cercle de privauté que John se plaît à avoir, mais là, il a marché en plein dedans. Cela ne le dérange jamais en temps normal, mais les événements précédant font que Sherlock marche sur des œufs. Il se persuade que c'est l'alcool, John va se dire la même chose, après tout il ne tient absolument pas ce liquide. Nous dirons que les effets sur lui sont divers et variés. Le détective titube légèrement en marchant à reculons, mais il s'arrête et se remet à côté de John, lui offrant son bras ou bien son épaule, au choix. « Je serais ta canne pour ce soir. La discussion est impossible à ce sujet. » Sherlock développe une certaine aversion envers la canne de John qu'il tient fermement dans sa main libre. En réalité le fait de savoir qu'il n'a pas réellement réussit à la lui retirer à tout jamais l'énerve quelque peu, échouer n'est pas du tout sans ses plans alors c'est en parti cela qui le pousse à agir de la sorte. De plus, embêter John est aussi une des idées, Sherlock semble attirer à faire des semblants de choses inconsidérées ou encore des 'bêtises' lorsqu'il boit. C'est la première fois qu'il s'en rend compte du moins puis qu’auparavant, il a toujours limité la casse lorsqu'il buvait bien que de nombreuses fois, il a du avoir affaire au punch de Mrs Hudson, une arme redoutable. Jamais Sherlock n'a su ce qu'il y avait dedans, mais à chaque fois l'effet était le même, le lendemain matin, son cerveau embrumé refusait de se mettre en état de marche sauf après un de ces cachets blanc qu'il dérobait dans la trousse de médicaments de John. Jamais il n'a demandé quelque chose à John dans cette boite puisqu'il se servait tout seul. Sherlock a toujours mit la philosophie du 'tout ce qui est à toi est à moi' avec John, mais la réciproque ne marchait pas, enfin John n'a jamais essayé de prendre des affaires de Sherlock alors que celui-ci a déjà utilisé ses pulls pour essuyer des tubes à essais après ses expériences. Les pensées divaguent doucement, Sherlock songe à un peu tout et n'importe quoi, il prend ce qui vient dans sa tête. Son regard se perd sur les lampadaires de la rue qu'ils traversent vaguement, il repère le nom et se dit que la maison n'est pas loin. Le calvaire de la marche de John sans sa canne va bientôt prendre fin.
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MessageSujet: Re: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyVen 21 Sep - 18:35

Si John n’aurait échangé sa place pour rien au monde, il lui arrivait parfois d’envier l’indépendance des autres. Une indépendance toute relative, car au fond, l’être humain n’était pas fait pour vivre seul et toute personne avait besoin de se sentir entourée à un moment où à un autre de son existence. Mais son degré d’attachement à Sherlock allait bien au-delà de ça, et il en avait conscience. Il avait besoin de lui. Et pas seulement comme d’un ami, colocataire ou partenaire – non, il avait vraiment besoin de lui. Comme dans « incapable d’avancer sans ». Comme dans « addiction ». Comme dans « nécessité ». Et cela l’effrayait. John avait toujours été quelqu’un de solitaire et se définissait sans attaches. Oui, il avait des amis avant de rencontrer Sherlock. Mais il n’était pas sûr que le mot « ami » soit réellement le plus pertinent. Des connaissances. Des anciens camarades qu’il retrouvait par nostalgie d’un temps révolu et avec lesquels il n’avait plus grand-chose en commun. Des petites amies (très) temporaires. Des personnes envers lesquelles il était redevable. En vérité, la personne la plus proche de lui au moment où il avait rencontré Sherlock était peut-être bien Ella, sa psy, ce qui en disait long sur l’état de ses relations. Mais ce n’était pas surprenant. Difficile d’entretenir une franche camaraderie lorsqu’on partait s’exiler à l’autre bout de la planète pour une durée indéterminée, sans certitudes d’en revenir. Ça n’avait de toute façon pas été son but. En Afghanistan, les conditions avaient favorisé une certaine complicité avec les autres soldats – l’union dans l’adversité, sûrement. Certains étaient même devenus des amis. Il en avait vu mourir quelques-uns, avait été forcé d’abandonner les autres. Quant à sa famille, elle n’avait jamais été très soudée, et à présent qu’elle se résumait à Harry, leurs échanges étaient moins dus à une solidarité fraternelle qu’au sentiment de devoir familial qui s’établissait entre eux lorsque leurs anniversaires ou que les fêtes de fin d’année approchaient.

En somme, John avait toujours été seul, et le vivait plutôt bien. C’était le contraire qu’il assumait difficilement. S’appuyer sur quelqu’un. Ce sentiment de dépendance qui le faisait se sentir faible. Sherlock pouvait l’abandonner à tout moment. Il l’avait déjà laissé derrière lui. Que se passerait-il s’il recommençait ? Il n’aimait pas se poser la question, mais elle était, là, lancinante, inévitable, douloureuse, tapie dans un coin de sa tête, attendant une réponse. Oui, il savait que Sherlock avait le pouvoir de le détruire, et ce n’était pas un pouvoir que beaucoup de personnes avaient sur lui – pas de cette façon là, en tout cas. Qui d’autre que le détective fou aurait pu deviner ses faiblesses d’un seul regard, voir ses failles, ses cicatrices, voir combien il était abîmé alors que personne d’autre ne le voyait, et le réparer ainsi, avec une facilité déconcertante, même pas vingt-quatre heures après l’avoir rencontré ? Une telle personne exerçait forcément un pouvoir sur les autres, mais ce pouvoir, John avait accepté de lui laisser. C’était fou, et dangereux. Mais après tout, il s’était enrôlé dans l’armée.

Et Sherlock n’était pas qu’une personne. C’était un mode de vie. C’était le frisson du danger et l’excitation de l’inconnu, c’était le sentiment d’être vivant et celui, encore plus fort, d’être utile. Et il ne pouvait pas renoncer à ça. Il ne pouvait tout simplement pas.
« Oui, nos affaires. »
John laissa s’échapper un léger soupir, mais pas un soupir arraché par l’effort qu’il devait produire pour avancer à un rythme normal à cet instant, non, c’était ce petit soupir de soulagement que l’on pousse sans même s’en rendre compte lorsqu’un lourd fardeau quitte nos épaules. Il n’avait pas eu conscience d’à quel point cette situation le pesait avant ce soir là, mais c’était à présent indéniable à la pression qui venait de le quitter en entendant ces mots.
Il se sentait presque idiot de ne jamais avoir tenté de faire boire Sherlock auparavant, et en même temps, il savait pourquoi l’idée, quoiqu’amusante, ne lui serait jamais venue à l’esprit. John n’aimait pas profiter des autres et peu importait sa conviction que Sherlock n’aurait pas eu les mêmes réserves si les places avaient été inversées, ce n’était tout simplement pas dans sa nature. Il aurait par exemple pu en profiter pour lui poser des questions sur ce qui s’était passé, durant ces mois où il l’avait cru mort, des questions qui par ailleurs ne l’avaient jamais quitté, mais il ne le faisait pas. Il préférait que Sherlock parle de lui-même, et s’il devait emmener son secret dans la tombe, ainsi en serait-il.
« Tu sais bien que la folie est loin d'être une chose à me faire fuir, c'est comme la dangerosité. Tu me donnerais presque envie de continuer à te protéger. »
Il y avait dans cette réponse une tonalité légère, presque tendre, qui surprit John et le laissa muet quelques secondes, incapable de trouver une réponse. Il avait conscience qu’au fond, depuis leur rencontre, leur association s’était placée sous le consentement muet du « je te protège, tu me protèges », mais l’entendre dire ces mots ainsi était troublant, d’autant que John, comme il était facile de le deviner, préférait largement le rôle du protecteur à celui du protégé. Lorsqu’il devinait une menace, sa réaction première était toujours de protéger les civils, pas de courir aux abris.
Mais il ne se considérait pas comme un héros de guerre, pas même un peu. La guerre n’avait de toute façon rien d’héroïque. C’était sale, éprouvant, sanglant, et vain, et ça n’avait rien, absolument rien d’héroïque. John ne s’était pas engagé dans l’espoir de rentrer avec une médaille et des honneurs. Il ne parlait pas des vies qu’il avait sauvé, car celles qu’il n’avait pas pu sauver le hantaient beaucoup plus.
« Hmm. Sauf que je ne représenterais pas un danger pour les autres, mais pour moi-même. Je suis sûr que même avec l’alcool que tu as bu ce soir tu es capable de voir en quoi ce serait contreproductif de vouloir me protéger dans ces conditions. »
Son regard quitta les cieux étoilés qui dans cette partie de la ville étaient très visibles pour se poser devant lui, la main fermement crispée sur le pommeau de sa canne tandis qu’il avançait.
« Il est vrai que tu as atteins un certain âge où je n'ai plus besoin de te chaperonner John, désormais tu es un grand garçon, je ne vais plus t'imposer mes choix et tu vas prendre les tiens, tout seul, comme un adulte. »

« Seigneur, souffla John avec amusement. Est-ce que j’ai rêvé ou est-ce que c’était là une tentative d’humour de la part du grand Sherlock Holmes ? Je te croyais bien au-dessus d’une pratique aussi triviale. »
Il se moquait gentiment, le ton clairement provocateur, mais son sourire s’effaça rapidement lorsque Sherlock se plaça devant lui sans prévenir, le forçant à s’arrêter brusquement. Il pouvait sentir que le détective préparait quelque chose, mais il n’arrivait pas à savoir quoi.
« Les choses ont changé et ne seront certainement plus jamais les mêmes John. Les choses ne seront plus les mêmes... Tant que tu auras cet objet en ta possession. »
Sherlock lui déroba sa canne d’un geste vif, et se mit à jouer d’un air désinvolte avec le bâton en aluminium avec dextérité malgré des mouvements rendus clairement moins fluides à cause des effets de l’alcool. Même John pouvait voir que Sherlock tentait de dédramatiser l’instant tout comme son geste qui n’avait rien d’innocent, et était au contraire très calculé. Il ne venait pas seulement de pénétrer et envahir son espace privé ainsi, il faisait face à l’un de ces sujets tabous qu’aucun d’eux n’avait pu se résoudre à aborder depuis le retour du détective – en l’occurrence, le pouvoir qu’il exerçait sur le docteur. John n’avait pas voulu en parler, et avait su Sherlock gré de ne pas aborder le sujet. Il avait conscience de l’image qu’il renvoyait et refusait de l’affronter. C’était donner réalité à une vérité qu’il aurait voulu ignorer. C’était raviver ces mois de deuil et leurs conséquences, réveiller la fureur et la peine, et le sentiment de vanité qui les accompagnait à présent car oui, tout cela avait été vain.
Sherlock se replaça à côté de lui, et cette fois c’était lui qui lui offrait son appui.
« Je serais ta canne pour ce soir. La discussion est impossible à ce sujet. »

« Sherlock… », l’avertit John, soudain très sérieux.
Il fut tenté de lui demander à récupérer sa canne sur le champ. Il ne plaisantait pas cette fois, c’était évident à son regard dur et son maintien plus droit que jamais, et il savait que Sherlock le savait. Il savait également que s’il l’avait demandé au détective avec cette même tonalité menaçante dans la voix, celui-ci lui aurait rendu sa canne en dépit de ses propos, non pas parce qu’il était impressionné mais parce qu’il comprenait que cela lui coûtait de s’avouer vaincu ainsi, et c’était peut-être ce qui le dissuada de le faire. Sherlock tentait de l’aider. Il devait faire un effort, lui aussi.

Il réalisa à ce moment qu’au fond, la métaphore vivante qu’était celle de Sherlock et de la canne n’était peut-être pas innocente. Il s’agissait d’un soutien sans lequel il ne pouvait avancer, ou très péniblement. Et il détestait ce bout de métal sur lequel il s’appuyait pour marcher, il détestait le sentiment de vulnérabilité qu’il lui renvoyait, détestait le regard de pitié qu’on lui lançait lorsqu’il s’en servait, et détestait par-dessus tout sa propre faiblesse. Une vraie blessure, il pouvait comprendre, il avait ressenti la douleur de la balle qui pénètre et mord la chair, celle, encore plus vivace, de l’extraction, et la cicatrisation, longue, douloureuse, qui lui donnait l’impression que ses tissus étaient enflammés, lui donnant envie d’enfoncer ses doigts dans cette blessure comme pour tenter de l’arracher de son corps. Il savait ce que c’était. Il était médecin, il comprenait. Et il arrivait parfois encore que son épaule le démange, mais somme toute, celle-ci se faisait discrète et il ne pouvait pas s’en plaindre. Mais une blessure qui n’existait pas ? Une douleur sortie tout droit de son esprit ? Un handicap qu’il s’imposait lui-même ? Non. Non, il ne comprenait pas. Et pourtant, il savait qu’elle était psychosomatique, mais cela n’y changeait rien, au contraire : plus il y pensait, et plus la douleur était présente. Autant dire qu’en cet instant, alors que l’attention de Sherlock et la sienne étaient tournés vers sa jambe, il était à la torture.

John soupira, hésitant un moment, tenté également d’ignorer le bras proposé par Sherlock, quitte à tomber sur le pavé, mais s’il détestait se sentir dépendant, il détestait encore plus se sentir misérable et sa dignité n’aurait pas supporté la main tendue de Sherlock pour l’aider à se relever, aussi, avec lenteur, il prit le bras de celui-ci, l’enserrant avec force – et si ce faisant il devait lui faire un peu mal, il décida qu’il n’avait aucun remords à en éprouver – et se concentra sur sa mauvaise jambe. Pendant une longue, pénible minute, il crut qu’il ne pourrait pas du tout bouger, qu’il lui faudrait demander – implorer s’il le fallait (et dieu qu’il détestait implorer) – que Sherlock lui rende sa canne, mais sa détermination toute militaire refusa d’abandonner, et à son grand soulagement et avec une grimace de douleur qui refusa de laisser franchir le son plaintif retenu derrière ses dents serrées, il fit un premier pas, et puis un autre, et encore un autre.

Ce qui n’avait l’air de rien et aurait dû lui sembler naturel devenait un véritable calvaire, mais refusant de se laisser vaincre ainsi, il se focalisa sur sa respiration, sur Sherlock à ses côtés, sur la plaque indiquant Baker Street qui approchait peu à peu, et enfin sur la toile rouge et accueillante du Speedy’s – et arrivé à ce stade là, il marchait presque normalement. Ils s’arrêtèrent devant la porte et John souffla doucement en relâchant le bras de Sherlock pour le laisser ouvrir la porte.
« Je te déteste, j’espère que tu le sais. »
Nul besoin d’être Sherlock pour voir qu’il ne le pensait pas et que si l’on pouvait percevoir quelque chose dans son ton, c’était plus de l’humour qu’une quelconque rancœur.
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MessageSujet: Re: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyLun 24 Sep - 20:27

Est-ce que c'était une idée lumineuse de la part Sherlock de voler la canne de John ? Cela reste encore à prouver, cependant on ne peut pas lui en vouloir d'aider le soldat, même si celui-ci pense comme toujours pouvoir se débrouiller seul. En réalité les deux hommes se ressemblent plus qu'ils ne peuvent le croire, ils croient qu'ils peuvent vivre l'un sans l'autre, du moins le disent, mais ce n'est évidemment pas le cas. Sherlock a pu le voir lorsqu'il était dans la rue, c'était dangereux, comme toujours, mais sans John, encore plus. Là pour John et sa canne, c'est encore un problème, celui-ci depuis que Sherlock a sauté du toit de l’hôpital use de cet objet pour rester debout, pour continuer d'avancer, mais selon Sherlock, il ne faisait qu'avancer à reculons. Il fait doucement glisser l'objet métallique entre ses longs doigts réfléchissant aux dernières paroles de John. Le fait que celui-ci parle de la dangerosité de sa propre personne envers lui-même. C'est une nouvelle fois amusant de voir un nouveau trait de correspondance entre eux-deux. Ils sont tous les deux autodestructeur. Sherlock lui n'en a que faire de sa propre personne, il se fait du mal sciemment et cela tout le monde le sait. Il n'y a qu'à voir avec la drogue, John n'en sait pas plus que cela, il a simplement vaguement entamé le sujet lorsque Lestrade est arrivé avec ses hommes dans l'appartement, prétextant une descente pour trouver de la drogue. Ils n'ont rien trouvé, certes, mais à cause de cela, John est au courant, parce que selon Sherlock, moins il en sait sur lui et mieux il se portera. Pour en revenir à John, celui-ci se laisse un peu aller, il se détruit lui-même et ne semble même pas se battre et c'est ce qu'il fait peur à Sherlock. Lorsqu'il est rentré il n'a pas loupé la canne du regard et il s'est sentit, durant une seule seconde, coupable de voir cet objet apparaître. Il sait que c'est de sa faute, mais le sentiment de culpabilité était tout à fait nouveau pour lui. Sherlock se racle doucement la gorge avant de répondre, avec un certain temps de retard. « Je l'admets, il est évident que cela ne serait certainement pas la bonne solution, cependant. » Sherlock glisse sa main gauche sous son menton qu'il caresse avant de reprendre. « Il ne faut pas que tu deviennes un danger pour toi-même. Je ne comprends pas comment tu peux en arriver là John. » Se pinçant les lèvres, Sherlock s'arrête là, parce qu'il se demande ce qu'il se passe dans sa tête, il a de moins en moins de facilité à la réflexion alors que généralement, avec l'alcool, ça va de mieux en mieux. Il espère qu'il ne sera pas malade, histoire de ne pas être ridicule jusqu'au bout, pas devant John.

« Par contre, si tu continues à se rythme là, plus jamais tu n'auras de tentatives de ma part pour faire de l'humour comme le commun de mortels. » Dit-il avec agacement. « De plus, je suis persuadé que c'était drôle. » Sherlock feint d'être vexé suite à la réplique de John, même si il a prit du temps à y répondre, comme une sorte d’absence. Il a à vrai dire, poussé une longue réflexion sur l'objet métallique qu'il a encore entre ses doigts, il préfère cet objet que l'autre. Même si John n'est pas un objet, il semblerait que celui-ci fasse son possible pour l'embêter, il s'appuie sur lui à lui faire mal, Sherlock fait de son mieux pour ne pas montrer une quelconque forme de douleur sur son visage. Il est évident qu'il souffre, un minimum parce que pour le moment, même si cela fait un certain temps qu'il est de retour, il n'est toujours pas rétablit de tout ce qu'il a vécu depuis son retour. Il a notamment des douleurs dans le dos, comme là, John qui appuie sus son bras l'oblige à se pencher de son côté et il lui fait mal. Sherlock cependant se dit que c'est une douleur normale, il lui doit bien ça, il doit pouvoir encaisser ça, sans rien dire pour John. Même si jamais il ne dit rien lorsqu'il souffre, là c'est différent. « Tais-toi John & marche. » Souffle-t-il en lui lançant un regard appuyé. Jamais il ne va lui rendre sa canne, pas en si bon chemin. « Je ne vais pas te rendre ta canne, ni maintenant ni après. Je ne veux plus te voir avec cet objet. » Ajoute-t-il. Il va certainement se débarrasser de cet objet, ce soir peut-être, mais plutôt demain vu que là, il commence à en dire plus qu'à en faire. Cette sensation de peu à peu perdre le contrôle commence à l'agacer plus qu’au début. Son crâne commence à se rebeller, au départ c'était amusant de tout placer pour l'alcool, mais là, c'est difficile à vivre. Il se fait rattraper par la sensation d'ivresse, incomparable avec ce qu'il ressentait lorsqu'il prenait des drogues dures, bien plus fortes que la bière et le whisky.

Sherlock profite que John le tienne pour marcher droit et ne plus tituber pour se donner l'air encore plus ridicule. C'est un mal pour un bien ce qu'il est en train de vivre, cependant son calvaire va prendre fin dans quelques instants puisqu'ils viennent d'arriver devant la porte de leur appartement. Là John lâche le bras de Sherlock qui immédiatement glisse sa main sur le mur pour se maintenir debout et droit en même temps. Il avale péniblement sa salive lorsque John lui dit qu'il le déteste, mais en même temps il sourit et plonge son regard dans le sien. « Je le sais, je te déteste aussi John. » Souffle-t-il avant de rouler des yeux et de fouiller dans les poches de sa veste à la recherche des clés de l'appartement. « Ce n'est pas toi qui a les clés ? » Demande-t-il en continuant de fouiller dans ses poche en faisant la moue. Pour le moment, il ne trouve rien dans ses poches, si ce n'est son téléphone, des pièces, des feuilles, un briquet et d'autres objets sans grand intérêt pour ouvrir la porte. Il lève la canne et se demande si défoncer la porte ne serait pas une solution comme une autre pour entrer. « J'ai de bonnes adresses pour dormir dehors si il faut. » Là, c'est une tentative de faire de l'humour, elle est plus mauvaise que l'autre parce qu'il joue avec le feu en sous-entendant les événements après la chute. Il sait que la chute a été quelque chose de difficilement vécu par John. Bien plus qu'il ne l'aurait cru, ce qui le pousse à continuer. L'alcool dirons-nous. « Je ne veux pas que tu continues comme ça. » Il plonge une nouvelle fois son regard dans le sien, sans le quitter. « Je ne veux pas que tu souffres à cause de moi. » Sherlock sait qu'il lui en demande trop, mais il ne comprend pas comment cet homme puisse souffrir encore plus que lui à cause de lui. « Tu n'as plus d’intérêt à avoir mal maintenant que je suis de retour, alors arrête. » Sa voix s'étouffe doucement au dernier mot qu'il prononce, comme si là, Sherlock avait mal. Ce n'est pas l'impression qu'il veut donner bien entendu, mais c'est ce qu'il se passe. Dès qu'il s'en rend compte, il se racle la gorge. « Le sujet est clos. » Dit-il d'une voix sèche avant de sortir les clés de l'intérieur de sa veste, comme par miracle. Il ouvre la porte et maintient celle-ci au passage de John.
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MessageSujet: Re: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyMar 25 Sep - 16:52

Sherlock n’était peut-être pas aussi doué pour lire et comprendre le cœur des gens qu’il l’était pour déduire l’état de leur mariage, ce qu’ils avaient mangé au petit déjeuner ou le modèle de leur voiture d’un seul regard, mais malgré cela il était probablement celui qui connaissait le mieux John. Beaucoup pensaient le connaître, mais ne savaient en réalité rien de lui. Même sa psy se trompait sur son compte. Seul Sherlock savait ce qu’il voulait, et seul Sherlock pouvait le lui apporter.

Cela ne signifiait pas qu’il savait tout de lui. Non, bien au contraire. Ils étaient opposés et semblables à la fois. Leurs différences les rapprochaient. John, qui semblait ordinaire et ne l’était pas, Sherlock qui parfois ne semblait pas humain mais l’était tellement plus que n’importe quelle personne ayant déjà croisé la vie du docteur. Ils se comprenaient, mais ils étaient également un mystère l’un pour l’autre – sauf qu’au lieu de les éloigner, cela les fascinait, les attirait. John savait qu’il ne comprendrait jamais certaines des choses qui traversaient la tête du détective et que la réciproque était toute aussi vraie. Mais il vivait bien en sachant cela. Il l’acceptait. C’était en partie ce qui faisait qu’ils ne pourraient jamais s’ennuyer l’un de l’autre. Ou du moins, pas avant un jour très très lointain et John espérait qu’il ne vivrait pas assez longtemps pour connaître ce jour. Il avait toujours pensé que Sherlock se lasserait rapidement de lui et tout le monde avait parié qu’il ne supporterait pas de vivre avec le détective impétueux plus de quelques jours. Il espérait bien continuer à leur donner tort. A se donner tort.
« Je l'admets, il est évident que cela ne serait certainement pas la bonne solution, cependant. Il ne faut pas que tu deviennes un danger pour toi-même. Je ne comprends pas comment tu peux en arriver là John. »
John eut un sourire à ces propos, mais un sourire amer. S’il y avait bien quelqu’un qui n’avait pas le droit de le reprendre là-dessus, c’était Sherlock. De sa vie, John n’avait jamais rencontré quelqu’un qui représentait autant un danger pour lui-même que le détective. Assez pour ne manger que deux jours par semaine, enchaîner les nuits blanches, utiliser trois patchs de nicotine en même temps, se droguer par ennui, pousser son corps à ses limites. Assez pour jouer au chat et à la souris avec des psychopathes, et tenter sa vie à pile ou face juste pour prouver son intelligence. Assez pour sauter du haut d’un building. Ce qui, malgré les précautions prises, ne lui avait pas permis d’échapper à certaines blessures. John savait que quelque part sous cette masse de cheveux se trouvait un léger creux qui ne partirait jamais. Il le savait parce qu’il l’avait vu. Il avait vu le sang. Et ce n’était rien, rien à côté de ce qui aurait réellement pu arriver.
Sherlock était dangereux, probablement l’homme le plus dangereux que John ait jamais rencontré. Son mode de vie était dangereux. Autant pour lui-même que pour les autres, et pour une raison simple : il était insouciant. Il ne voyait que les énigmes, les puzzles, les défis à relever. Il ne voyait pas le reste. Ou bien il le voyait, mais décidait que cela n’avait pas d’importance. Choisissait de l’ignorer. Ce qui au fond revenait au même. Il aimait jouer avec le feu, avec des objets pointus et coupants, il aimait jouer avec sa vie si cela signifiait ne pas s’ennuyer, faire fonctionner les rouages de son cerveau, et il entraînait John avec lui, et John suivait, et John – dieu le protège – en redemandait, et ils étaient tout sauf en sécurité.
« Je crois que c’est trop tard pour ça, Sherlock. »
Il eut un haussement d’épaules désinvolte, taisant le reste de sa réponse, mais elle était évidente pour tous deux, elle planait dans le silence, quelque part dans cet entre-deux qu’eux seuls pouvaient comprendre.

Tu parles à quelqu’un qui s’est enrôlé dans l’armée. Quelqu’un qui a accepté d’emménager avec toi alors que sa raison le poussait à te fuir. Je t’ai suivi, je t’ai lassé me traîner sur cette affaire de meurtres, sur cette enquête folle et dangereuse, qui aurait pu nous coûter la vie à tous les deux et s’est achevée sur un meurtre. Un meurtre dont j’étais l’auteur, un meurtre que j’ai commis pour t’empêcher de faire une bêtise. Ne vois tu pas ? Je suis déjà un danger pour moi-même, je l’ai toujours été. Ta drogue, ce sont les enquêtes, les défis intellectuels, plus ils sont tordus et plus tu te sens vivant, n’est-ce pas ? La mienne, c’est l’adrénaline, le danger, c’est risquer ma vie sur les champs de bataille – en Afghanistan, à Londres, peu importe. C’est comme ça que je me sens vivant.

« I said dangerous and here you are. »

C’est ce que tu m’as dit, tu te souviens ? Ce jour là. Tu as su, tu as compris. Tu le savais depuis le départ, dès le moment où tu m’as proposé de t’accompagner. Je ne sais pas comment. Encore un de tes « tours de magie ». Peu importe. Tu savais. Et je suis toujours là. Après tout ce temps. Prêt à risquer ma vie. Pour toi, pour moi, pour me sentir vivant. C’est ce que je suis. Un danger pour moi-même. Tout comme toi. Mais ce n’est pas grave, puisque nous sommes là pour veiller l’un sur l’autre, n’est-ce pas ?


Ces choses là, il ne les dirait jamais à haute voix. Pas à Sherlock, pas à qui que ce soit. Tout juste s’autorisait-il à y penser – car au fond, c’était la vérité, dénuée d’ornements, simple et indéniable. Mais certaines vérités n’avaient pas besoin d’être entendues.
« Par contre, si tu continues à ce rythme là, plus jamais tu n'auras de tentatives de ma part pour faire de l'humour comme le commun de mortels. De plus, je suis persuadé que c'était drôle. »
Le docteur esquissa un sourire. Sherlock n’était pas le commun des mortels. Ne l’avait jamais été, ne le serait jamais. Il pouvait essayer, faire semblant, mais il serait toujours à part. C’était là leur principal point commun : ils ne faisaient pas partie du troupeau de moutons de l’humanité, ne souhaitaient pas en faire partie. La nuance, c’était que John savait bien faire semblant, ce qui n’était pas le cas de Sherlock qui refusait de s’embarrasser de conventions sociales qu’il jugeait inutile. Peut-être pas totalement à tort, d’ailleurs. Mais pas complètement à raison non plus et John se demandait souvent comment Sherlock avait fait avant lui pour ne pas se mettre l’humanité à dos. Et puis Moriarty s’en était chargé.

Il ne répondit pas, laissant Sherlock croire ce qu’il voulait, s’amusant de son air vexé, cherchant peut-être à le provoquer un peu plus en ne confirmant ni ne réfutant ses propos. D’une manière ou d’une autre, Sherlock ferait ce qu’il voulait, comme il l’avait toujours fait.
« Tais-toi John et marche. Je ne vais pas te rendre ta canne, ni maintenant ni après. Je ne veux plus te voir avec cet objet. »
Ah, le retour de ce ton autoritaire.
Tais-toi et marche John. Prépare le thé, John, va acheter du lait, envoie un sms au tueur. Et n’oublie pas le lait, John. Surtout ne touche pas à la tête dans le frigo. C’est pour une expérience, John. Passe-moi un stylo. J’ai besoin de ton ordinateur. John, John, John. Une véritable litanie. Les enfants n’étaient pas aussi demandeurs, il en était certain.

Oserait-il admettre que cela lui avait manqué aussi ? Après tout, il n’était pas si loin de ce qu’il avait vécu dans l’armée. C’était ce qui définissait un bon soldat, non ? Sa capacité à obéir sans poser de questions, et en même temps, à prendre des initiatives lorsqu’il le fallait ? John avait été un excellent soldat. Il aurait encore pu monter en grade s’il n’avait pas été touché. Devenir colonel. Il aurait pu sauver d’autres vies.

Mais cette fois, c’était différent, et John fut sur le point de le lui dire. Lui expliquer que cette fois, ça ne suffirait pas, ça ne marcherait pas comme ça, ce ne serait pas aussi facile. Que certaines cicatrices ne guérissaient jamais tout à fait, que parfois elles laissaient des traces que même le temps ne pouvait effacer, que celle-ci en faisait partie, peut-être parce qu’il avait trop gratté - il ne faut jamais raviver une blessure qui cicatrise, il le sait, il est docteur, mais parfois, ce qui est à l’origine de cette blessure est plus douloureux que la blessure elle-même, et lorsqu’elle cette douleur est trop intense, on se concentre sur une autre, pour faire diversion, parce que ça fait trop mal et que seule la souffrance peut faire oublier la souffrance, et c’est paradoxal, et c’est un cercle vicieux, mais certaines peines sont préférables à d’autres et seuls sont qui en ont vécu de trop intenses comprennent cela, parce que… parce qu’on ne parle pas de ces choses là. Elles sont secrètes, tabous, elles doivent le rester, parce qu’on n’expose pas ses faiblesses, on les cache, on les dissimule, on fait comme si de rien n’était.

Alors non, cette fois il ne suffirait pas de lui subtiliser sa canne. Cela ne ferait que rendre les choses plus pénibles. Oui, il existait des façons de lui faire oublier cette douleur, de la chasser temporairement. Des astuces. Retrouver l’adrénaline des enquêtes était définitivement un bon début, cela ne faisait aucun doute. Parfois, il l’oublierait complètement et serait capable de marcher sans elle des heures durant sans flancher, sans montrer un signe de faiblesse. Mais parfois, il n’y aurait pas d’enquêtes, pas de Sherlock, il ferait gris, il serait pris de doutes, et sa jambe se réveillerait, lancinante et cruelle, elle le tourmenterait, lui rappellerait sa présence, un peu comme les problèmes de dos de Mrs Hudson s’aggravaient lors des jours pluvieux, et il serait à nouveau incapable de faire un pas sans avoir l’impression de marcher avec des souliers de fer chauffés à blanc.

Encore une fois, il ne dit rien. Il savait que Sherlock ne supportait pas l’échec. Peut-être même qu’il ressentait un élan de culpabilité en le voyant. John aurait aimé lui dire que ce n’était pas de sa faute, mais ce n’était pas tout à fait vrai, et il le savait, et Sherlock le savait.
« Je le sais, je te déteste aussi John. »
John sourit faiblement en réponse, s’appuyant lourdement contre le mur, de l’autre côté de la porte où brillait en lettre d’or les lettres 221B. D’une certaine façon, aussi paradoxal cela pusse-t-il paraître, ces mots étaient ce qui pouvait s’approcher le plus d’une déclaration d’amour entre eux. Non pas qu’il fut question d’amour, mais ils s’aimaient, c’était évident. Pas de la façon dont tout le monde pensait, pas de cette façon . Mais il s’agissait tout de même d’amour, non ? Il y avait différents types d’amour, l’amitié en était un parmi d’autres.
Le docteur ferma les yeux quelques secondes. Il ne se sentait pas ivre, son cerveau ne semblait pas engourdi, mais il avait lui aussi bu plusieurs verres, et il n’était pas sûr qu’il aurait eu ce genre de pensées en temps normal, même si elles lui semblaient claires et limpides.
« Ce n'est pas toi qui a les clés ? J'ai de bonnes adresses pour dormir dehors s’il faut. »
Le docteur fronça les sourcils et fouilla à son tour dans ses poches, certain d’avoir vu Sherlock les prendre avant de partir. Il ne réagit pas à sa tentative d’humour – était-ce de l’humour ? C’était toujours difficile à dire avec Sherlock. Il pouvait très bien être sérieux, cela ne l’aurait pas étonné.
« Nous n’aurons pas besoin de ça, marmonna-t-il tout en vérifiant la poche intérieure de sa veste. Il nous suffira de réveiller Mrs Hudson. »
Il n’avait clairement pas emmené son propre double, mais cela ne le surprenait qu’à moitié, il s’était changé en rentrant, avant de repartir avec Sherlock, probable que ses clés étaient dans les poches de son autre jean, ce n’était pas la première fois que ça arrivait. Il s’avoua vaincu, et surveilla Sherlock du regard, espérant que celui-ci retrouverait ses clés. Il préférait éviter de réveiller leur logeuse s’ils le pouvaient, la pauvre endurait bien assez avec eux, entre les balles dans le mur et coups de couteaux sur les meubles. En relevant les yeux, il s’aperçu que Sherlock le fixait intensément, peut-être depuis plusieurs secondes déjà. Il soutint son regard calmement.
« Je ne veux pas que tu continues comme ça. Je ne veux pas que tu souffres à cause de moi. Tu n'as plus d’intérêt à avoir mal maintenant que je suis de retour, alors arrête. »
John laissa s’échapper un petit rire sans joie.
« Je crois que c’est trop tard pour ça aussi. »
Tu ne veux pas que je souffre à cause de toi ? Tu n’avais qu’à y penser avant de te jeter du haut d’un immeuble. Tu croyais vraiment que j’allais te pleurer à l’enterrement, puis carrer les épaules et revenir à ma vie d’avant comme si tu n’avais pas existé ? Comme si tu n’étais pas entré dans ma vie pour la bouleverser et la quitter aussi soudainement ?

« Arrête. » Le mot fit grimacer John qui sentit soudain une vague de colère affluer en lui. Il avait soudainement envie de crier, mais ce n’était certainement pas une bonne idée. Mrs Hudson dormait. Tout Baker Street devait dormir, à cette heure-ci.
« Tu crois peut-être que je le fais par choix ? Que ça m’amuse ? Tu ne penses pas que si c’était si simple, l’affaire serait réglée depuis longtemps ? »
Il soupira et passa ses doigts sur la ligne inquiète qui plissait son front. Il savait que Sherlock ne disait pas ça comme un reproche. Il entendait dans sa voix l’inquiétude. Il essayait de l’aider. Il ne comprenait pas. Il était probablement frustré de ne pas comprendre, agacé de ne pas savoir ce que John pensait, et pourquoi il adoptait un comportement aussi irrationnel. Se faire du mal à cause de quelqu’un qui n’était même plus là. Pire : se faire du mal à cause de quelqu’un qui était encore là. Bien sûr qu’il ne comprenait pas.

Sentiment.

Ou peut-être pas. Peut-être qu’en vérité, il comprenait. Peut-être qu’il comprenait trop bien. Qu’il en était même affecté. Non, pas Sherlock. Si ? John aurait parfois donné beaucoup pour savoir ce qui se passait dans sa tête.
« Le sujet est clos, » conclut sèchement le détective en ouvrant la porte.
Et le sujet était en vérité loin d’être clos, mais John n’avait pas la force de répliquer. Il s’engouffra donc à l’intérieur sans un mot, suivant Sherlock, mais s’arrêta devant les marches avec une grimace.

Cela n’avait l’air de rien. Dix-sept marches jusqu’au living-room. Dix autres jusqu’à sa chambre. Il l’avait déjà fait. Tant de fois. Il se hissa sur la première marche avec peine, mais la douleur fut si foudroyante qu’il s’arrêta aussitôt avec un grognement muet. Marcher était une chose. Monter les marches, une toute autre.
Il ne pouvait pas le faire. Ou si, mais ça lui prendrait la nuit, et il arriverait endolori et en sueur en ayant eu l’impression de subir une forme sophistiquée de torture. La douleur était psychosomatique, mais cela ne signifiait pas qu’elle n’était pas réelle. Elle l’était. C’était difficile à comprendre lorsqu’on n’avait jamais vécu cela, et c’était également l’une des raisons pour lesquelles John n’en parlait pas quand il pouvait l’éviter.
La gorge soudain sèche, il déglutit péniblement, baissant la tête. Sa main tremblant légèrement sur la rambarde, il s’avouait vaincu. Il avait besoin de sa canne, il ne pourrait pas y arriver sans. Pas là, pas ce soir, pas avec l’alcool dans son sang et ce mélange complexe de colère, d’amertume et de soulagement en lui.
« Je ne peux pas faire ça, » murmura-t-il si bas qu’il n’était pas certain que Sherlock l’eut entendu.
Cela lui coûtait, mais il n’avait pas la force de lutter. Parfois, se rendre était aussi un signe de sagesse. Parfois, il fallait s’avouer vaincu. Parfois, c’était pure folie de se débattre. C’était un peu comme être dans des sables mouvants. Il tendit la main en direction de Sherlock. Il ne supplierait pas, mais il espérait que son regard était suffisant. Rends-la-moi. Toi tu n’étais pas là pour me soutenir, et j’en ai besoin.
« Ma canne. »
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MessageSujet: Re: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyMer 26 Sep - 19:14

Il n'est jamais réellement trop tard, c'est ce que se persuade Sherlock au sujet de John. Si avant, faire du mal aux autres ne lui a jamais causé de problèmes, là c'est plutôt délicat. Depuis qu'il connaît John, celui-ci a prit une place importante dans sa vie, il n'est pas seulement que son colocataire et les gens peuvent s'en rendre compte. Les deux hommes ont besoin d'eux pour survivre, il suffit de regarder John pour le comprendre. Sherlock aussi sans s'en rendre compte n'arrive plus à vivre sans John, ne serait-ce que pour que quelqu'un lui rappelle de ne pas fumer, de manger et de dormir. Avant, c'était avant, il n'étais presque jamais dans l'appartement sauf pour jouer du violon et rester dans son palais mental. L'appartement était un réel foutoir avant l'arrivée de John, là tout est bien rangé, sauf le bureau, mais Sherlock étale toutes ses affaires partout. Il ne faut pas non plus oublier la table de la cuisine. Rares sont les fois ou John peut s'autoriser de manger sur la table, il ne sait jamais ce qui a traîné dessus. Pour les choses rangées dans les placards aussi, c'est tout un problème, nombreuses sont les fois ou à défaut d'avoir quelque chose à manger on pouvait trouver des organes humains ou autres substances dans les bocaux. Sherlock a donné lui aussi dans le changement avec l'arrivée de John dans sa vie, il n'a pas réellement cherché à s'adapter à lui, parce qu'il savait que tout allait bien se passer. Au premier regard lorsqu'il était à l’hôpital, il a comprit tout de suite que les choses allaient se tourner en sa faveur, la suite était plus que concluante, notamment lorsqu'il lui a demandé de le suivre sur l'affaire. Sherlock sait que c'est largement plus facile de travailler avec John qu'avec cet abruti d'Anderson, enfin au final, on ne sait pas si ils ont réussi un jour à travailler tous les deux vu qu'ils ne peuvent absolument pas se voir en peinture. Tout cela pour dire qu'il n'y a que John qui peut entrer dans sa vie, avec qui il partage des choses, il y a Mrs Hudson, mais c'est une relation bien différente, pareil pour Molly et Lestrade. Ils sont là, mais ils ne sont pas John, personne ne pourra égaler John. Jamais. Ça par contre, ça ne changera jamais. Sherlock enfonce sa clé dans la serrure et rentre le premier, laissant John passer pour fermer derrière, il ne manque pas de le voir marcher avec du mal et pour le moment Sherlock se dit que ce n'est qu'un passage, que demain ça ira mieux. Il ferme derrière eux et frotte ses mains entre elles, il était temps qu'il rentre, il a froid et son crâne continue de lui faire affreusement mal, il sent par ailleurs des nausées, mais rien de bien inquiétant, il a déjà largement vu pire que ce soit avant ou lorsqu'il était dans la rue à se cacher. « Je savais bien que j'avais mes clés. » Souffle-t-il avec un léger sourire. On peut presque se demander si il n'a pas fait exprès d'attendre avant de les trouver tout cela pour voir la réaction de John, mais non, même pas. Pour une fois que Sherlock ne fait pas quelque chose de calculé.

Le détective gravit quelques marches avant de se retourne de nouveau vers John, la réaction à ses paroles se fait. Même si le sujet est censé bientôt être clos, bien évidement que Sherlock sait que ce n'est pas le cas, mais pas ce soir, par pitié pas ce soir, il serait capable de dire tout et n'importe quoi. Il roule des yeux avant de prendre la parole après un certain temps de réaction de sa part, le temps d'analyser. « John, pas ce soir. On pourra avoir cette discussion une autre fois, mais là je doute que ça soit le bon moment, le sujet est réellement clos pour maintenant, une autre fois. » Il passe sa main gauche sur son visage avant de s'appuyer sur la rambarde. Sherlock est quelque peu agacé sur la tournure des choses, il pensait qu'en buvant il pourrait éviter les sujets comme ceux-là et se laisser peut-être aller à se confier à John sur certains sujets non abordés jusqu'à présent, mais non, tout joue contre lui. Le sujet est bien trop important, bien trop fort pour John pour qu'ils en discutent là dans la cage d’escaliers, parce que Sherlock risquerait de le faire hausser la voix parce qu'il ne comprend pas pourquoi ça n'est pas aussi simple pour John de tourner la page. Le fait de culpabiliser ne l'aide absolument pas non plus, parce qu'il ne peut pas le nier, il le sait, mais jamais il ne va le dire, jamais à voix haute. Ses pensées sont bien ou elles sont, même si là c'est le moment ou jamais pour lui dire qu'il souffre lui aussi de son côté, même si ce n'est rien comparé à John, c'est nouveau pour Sherlock. Tellement nouveau qu'il est incapable de contrôler. C'est une gêne dont il veut se débarrasser, le seul problème, c'est qu'il ne sait absolument pas comment faire et ça commence doucement à l'énerver. « JE NE SAIS PAS. » Crie-t-il subitement en réaction à ce que John lui disait avant en parlant de la douleur etc, en retard sur ses dernières paroles. Il en a marre. Sherlock soupire avec force et prend son visage entre ses mains sans lâcher la canne pour autant avant de gravir les dernière marches pour arriver à la porte de l'appartement, il attendait que John le suive, mais rien. John n'est pas là. Sherlock reste un instant immobile et il semble entendre une voix, il ne comprend à peine pas ce que vient de lui dire de John et c'est ce qui le fait se retourner. Il est là, sur la première marche de l'escalier, le visage marqué par la douleur. Péniblement, Sherlock avale sa salive et ne le regarde plus. La voix de John le fait se sentir affreusement mal alors que non, il ne peut pas, ce n'est pas lui. Sherlock se maintient à la rambarde et hésite à descendre pour lui donner sa canne. C'était ce qu'il avait réussit à faire de bien cette nuit que de le la lui retirer et non, il doit la lui rendre. Non. Pas John. John est plus fort que les autres, il peut y arriver. Sherlock à le malheur de croiser son regard et de comprendre que non, il n'y arrivera pas.

C'est un échec. Le mot "échec" résonne dans la tête de Sherlock, comme rebondissant sur les parois de son crâne. Il a raté quelque chose, il a loupé quelque chose. Il a perdu. La canne a gagné et lui est un perdant. Elle était là elle quand il en a eu besoin, c'est la même chose pour Mary. Elle est aussi là et elle était là lorsque lui ne l'était pas. C'est de la jalousie qu'éprouve envers Mary et peut-être même un peu cette canne, mais ce n'est pas le moment. Il descend une marche et reste un instant planté là à ne rien faire, il ne peut même plus regarder John, c'est devenu une impossibilité. C'est de sa faute si il est comme ça. Sherlock ne pensait pas que les choses allaient prendre une tournure pareille, il pensait que John allait s'en sortir mais non. Il est faible. Sherlock descend une nouvelle marche songeant à ce qu'il apporte à John. Jamais jusqu'à présent il ne s'était posé la question sur le bien ou le mal qu'il peut donner aux gens parce que cela ne lui importe que très peu, mais John, il n'est pas les gens, il est l'unique ami. Son tout. Tout semble contre lui ce soir pour semble-t-il lui rappeler quelque chose qu'il a fait, la chute. C'était sa première sortie avec John depuis qu'il est de retour, sa première sortie officielle pour ne pas 'travailler' même si ce soir, manifestement, il a agacé Lestrade avec l'affaire qu'il a résolu. Sa main droite serre étroitement la canne qu'il ne veut pas lui donner parce qu'il ne veut pas perdre, il résiste, mais il cède. Sherlock abandonne. Il descend les escaliers et lui redonne sa canne sans un seul regard, ni mot. Se retournant, il est prit d'un tournis et se retient à la rambarde encore avant de remonter, titubant sur les deux dernière marches avant de s'enfoncer dans l'appartement. Il a besoin de respirer, de faire quelque chose de ne plus y penser, mais tout commence à lui faire mal. Il ne montre rien, bien évidement sinon il ne serait pas Sherlock, sa veste se retrouve sur le canapé d'un seul coup alors qu'il déboutonne des boutons de sa chemise avant de se mettre assit une seconde sur le canapé. C'est un cauchemar. Prenant sa tête entre ses mains une seconde, Sherlock se redresse aussitôt et va dans sa chambre. Il claquerait bien la porte, mais il a déjà assez fait de mal comme ça alors il la ferme doucement et se couche sur le lit, enfin se laisse tomber dessus. Les nausées reviennent et il est obligé de se redresse. Jamais Sherlock n'aurait du boire, il sait pertinemment qu'il ne tient pas l'alcool, mais là avec tout ce qui se passe, tout ce qui s’enchaîne c'est de pire en pire. Mais Sherlock n'est pas un faible, n'est pas comme les autres, il ne va pas se laisser dominer par l'alcool même si c'est ce qui en train de se produire, il est en train d'essuyer un nouvel échec qui va le mettre chaos. Mais pas devant John, non, pas devant. Son cerveau n'a de cesse de lui rappeler que c'est de sa faute si il souffre alors que ce n'est pas lui en temps normal, il semblerait que cela soit une vengeance. Il a l'impression qu'une autre partie de son corps lui fait des reproches, pour la première fois. Sa main droite glisse sur son torse et il ferme les yeux avec forces essayant de se réveiller. Le détective veut tout oublier, il veut être demain et ne plus se souvenir de cette soirée. Peut-être qu'il fera comme-ci, peut-être qu'il ira jusqu'à mentir pour ne pas avoir à l'affronter, pour ne pas revoir son échec en voyant sa canne. « C'est un cauchemar. » Souffle-t-il entre ses lèvres avant de serrer ses cheveux dans ses mains, vaguement, il entend John entrer dans l'appartement. Il a prit du temps, c'est à cause de sa jambe, c'est à cause de Sherlock. Son esprit ne se détourne pas de cette idée, il se fait souffrir tout seul pour la première fois. C'est tellement inattendu, tellement fort qu'il panique, enfin juste un peu. Les secondes passent tellement doucement que ça l'énerve, c'est l'alcool qui l'embrouille complètement et incapable de se coucher, le temps va encore passer lentement. Sherlock ferme ses yeux et reste assit sur le rebord de son lit, sa tête entre ses mains.
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MessageSujet: Re: [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson)   [fini] Les choses ont changé et ne seront plus jamais les mêmes. (John Watson) EmptyMer 3 Oct - 12:11

John n’avait jamais cru que Sherlock était un sociopathe, ne l’avait même jamais pensé. Il pouvait sembler en être un pour ceux qui ne le connaissaient pas bien, et clairement il faisait de son mieux pour que l'on pense que c'était le cas, mais le docteur ne s’y trompait pas. Vouloir être un sociopathe et en être réellement un étaient deux choses entièrement différentes. Certes, le détective n’était pas doté d’une grande empathie. Oui, il avait pendant un temps eu recourt aux drogues (un certain nombre de personnes atteintes de sociopathie se servaient des drogues pour combler le vide émotionnel qui était en eux). Et oui encore, il était imprévisible, insouciant, il n’avait que dédain pour les normes sociales, il n’hésitait pas à mentir et manipuler les gens, et se souciait peu ou pas du tout de sa propre sécurité. Mais pas de celles des autres. Pas tous les autres du moins. La définition principale de la sociopathie, c’était l’incapacité à ressentir des émotions humaines. Sherlock n’en était pas incapable. Il luttait simplement contre. Un sociopathe n’avait pas à se « divorcer » de ses émotions, ce n’était pas un acte réfléchi, c’était une chose sur laquelle ils n’avaient pas de prise.

Un sociopathe n’aurait pas sauté du haut d’un immeuble pour le sauver. Ne se serait pas soucié de son boitement. Ne se montrerait pas aussi possessif et jaloux envers lui (car c’était bien de cela qu’il s’agissait, non ?). N’aurait certainement pas tout fait pour le garder à ses côtés. John voyait toutes ces choses, et elles ne mentaient pas. Il n’était pas psychiatre, mais s’il avait dû faire un diagnostique, il aurait misé sur l’autisme. Syndrome d’Asperger. Cela résumait bien ses difficultés lorsqu’il s’agissait d’interaction sociales, et plus encore ses obsessions lorsqu’il s’agissait d’enquêtes et jusqu’où elles pouvaient le pousser. Et Sherlock n’était pas idiot, il devait savoir ça, il connaissait nécessairement la nuance entre les deux.

Pour John, il n’y avait que deux explications possibles au fait que Sherlock s’auto-diagnostique sociopathe. Soit il se mentait à lui-même, peut-être parce qu’il refusait d’admettre ce qu’il devait considérer comme une faiblesse (à juste titre, après l’épisode Moriarty) : le fait qu’il n’était pas aussi indifférent au monde qu’il l’aurait souhaité et qu’il y avait en vérité des personnes auxquelles il tenait, dont il se souciait, et elles étaient peut-être peu nombreuses, mais pour lui, c’était sûrement déjà trop. Soit il mentait aux autres, et si Anderson ne faisait pas de différences entre psychopathie et sociopathie, John pouvait comprendre que Sherlock ne souhaite pas parler d’autisme. Les troubles de la personnalité et du comportement étaient encore mal connus et souvent mal diagnostiqués et John imaginait sans peine le genre de confusions et d’analogies déplacées que l’on pouvait faire en entendant ce mot. Sans oublier que cela l’arrangeait sûrement de les laisser croire qu’il ne ressentait pas d’émotions.
Quelle que soit l’explication, John connaissait suffisamment Sherlock pour savoir que derrière cette indifférence de façade, il se faisait en vérité du souci pour lui et ce soir, peut-être pour la première fois depuis qu’il l’avait rencontré, il souhaitait que ce ne soit pas le cas. Ce n’était pas qu’il n’était pas touché par l’inquiétude que le détective lui portait, c’était simplement qu’il détestait le voir ainsi. Cette expression qu’il avait sur le visage, comme cette fois où il avait entendu la vieille dame mourir au téléphone alors qu’il avait résolu l’énigme, alors qu’il allait la sauver. Celle de l’impuissance, peut-être même de la culpabilité. John détestait en être la cause. Il savait que Sherlock avait souffert sa part de difficultés dans toute cette histoire et ne souhaitait pas particulièrement en rajouter, volontairement ou non. Il n’aimait pas que l’on se fasse du souci pour lui. Lui ne savait pas faire semblant, il ne savait pas mentir, et lorsqu’il ne voulait pas montrer ses faiblesses, il n’avait qu’une seule solution : s’enfermer dans la solitude, éviter les gens, se murer dans le silence. Après la disparition de Sherlock, cela avait été plus facile qu’il ne l’avait imaginé, car il s’était retrouvé à vivre seul et pourvu qu’il ne réponde pas au téléphone et n’ouvre jamais sa porte, il était hors de portée. A présent qu’il avait retrouvé son colocataire à qui il ne pouvait en plus rien cacher, dissimuler ce genre de choses relevait de l’exploit et il connaissait trop ce dernier pour se donner la peine d’essayer.

Il n’entendit pas la remarque de Sherlock au sujet de ses clés, ou si ce fut le cas, il n’y prêta simplement pas attention, l’esprit ailleurs.
La soirée ne s’était pas déroulée comme attendue pour lui non plus. Il n’avait pas vraiment pu se détendre comme il l’avait espéré, mais en contrepartie, il avait obtenu gain de cause auprès de Sherlock concernant leurs affaires. La suite de la conversation en revanche avait été bien moins agréable et avait pris une tournure qui ne lui plaisait pas trop – mais ce n’était que justice, après tout. Sherlock avait été le premier à passer aux aveux, c’était en quelque sorte son tour, sauf que sa jambe parlait à sa place. Et en disait tellement plus qu’il ne l’aurait voulu.
« John, pas ce soir. On pourra avoir cette discussion une autre fois, mais là je doute que ça soit le bon moment, le sujet est réellement clos pour maintenant, une autre fois. »
Le commentaire était inutile : John avait bien compris le message et n’avait pas l’intention d’insister. Ni ce soir ni aucun un autre. Comme souvent, il laisserait décider Sherlock en temps et en heure – s’il décidait réellement de donner suite à cette conversation. Ce n’était pas par facilité, mais par esprit d’accommodation. Le détective sentait qu’avec l’alcool qu’il avait dans le sang, il était lui aussi plus vulnérable que d’habitude et le docteur savait trop ce que c’était pour en profiter d’une façon ou d’une autre. De toute manière, il s’estimait satisfait avec les paroles qui avaient été échangées ce soir. Il y avait du progrès. Mais visiblement pas assez pour Sherlock, qui était plus concentré sur sa canne que sur l’avenir de leur « partenariat » (un mot bien trop formel désigner leur relation, même sur cet aspect spécifique, considérant que John le voyait à présent comme un ami avant de le voir comme un collègue ou même un colocataire). Préoccupé, même. Le docteur n’avait pas réalisé à quel point cet objet lui posait problème. Pourtant, en y repensant, dès le premier jour, leur première enquête, il s’était fait un devoir de prouver que son boitement était psychosomatique et d’y remédier. Avec succès. Mais pas cette fois.
« JE NE SAIS PAS. »
Probable que si John n’avait pas des nerfs d’acier et que la guerre lui avait appris à ne plus se faire surprendre, il aurait sursauté face au haussement de ton soudain et inhabituel du détective qui ponctua sa réponse exaspérée d’un soupir.

John détesta l’expression qu’il lut sur le visage de Sherlock lorsque celui-ci se retourna vers lui. Il la détesta avec force, et souhaita plus que tout l’effacer, la faire disparaître dans l’instant. C’était un mélange de peine, de culpabilité, de déception, et d’incompréhension. Et cette expression le renvoyait à sa faiblesse, plus encore que sa demande plaintive (en dépit de lui-même puisqu’il faisait de son mieux pour conserver une attitude digne, droite et fière alors qu’il était bien loin de l’être), plus encore que son propre échec, et c’était douloureux, c’était aussi douloureux, sinon plus, que les lancements de sa jambe, et bien plus intolérable.
Sherlock ne l’avait jamais perçu comme faible, jamais. Même lorsqu’ils s’étaient rencontrés, qu’il se sentait vieillissant et inutile, seul et brisé, il ne l’avait pas regardé de cette façon. De ce regard que lui portaient les autres et qu’il haïssait du plus profond de son être. Le détective détourna le visage et John baissa le sien, couvert de honte. Où était le soldat qui n’avait peur de rien ? Qui ignorait les bombes et s’exposait au danger ? Que devenait-il hors des champs de bataille, quand il n’y avait pas de vie à sauver, sinon la sienne ? Il le savait, il n’était alors que l’ombre de lui-même, et l’idée le rendait nauséeux. Il serra les dents, mais ne dit rien. Il acceptait la défaite. Il n’avait pas la force de se battre.

Pas ce soir. Un autre jour, peut-être. Après avoir couru dans les rues de Londres sur les pas d’un criminel et avoir manqué se faire tuer deux fois dans l’heure précédente, alors qu’ils reviendraient tous deux à Baker Street en riant, essoufflés, l’adrénaline courant encore dans leurs veines, le cœur battant, et que le monde ne serait plus que Sherlock et danger et Londres et vie, une vie qui coulerait en lui et réveillerait chaque parcelle de sa peau, le faisant se sentir plus vivant, plus entier qu’il ne l’avait jamais été, là alors, il pourrait gravir ses marches sans difficultés, sans même y penser, le sourire aux lèvres, sa canne délaissée quelque part contre un mur, abandonnée dans le tourbillon d'excitation et d'effervescence qui les avait emportés, inutile et indésirable, jusqu’à ce que le quotidien et son confort remplacent à nouveau l’imprévu et ses dangers et que la douleur revienne doucement lui rappeler qu’il n’était que John Watson, ex-soldat et docteur déchu, boiteux. Mais on ne pouvait pas vraiment reprocher aux employeurs de ne pas vouloir un homme souffrant de TSPT qui se manifestaient notamment par des tremblements dans ses mains calleuses qui n’étaient plus tant des mains de chirurgien que des mains de soldats. Comment expliquer que sous des situations de stress, ses mains étaient parfaitement calmes et immobiles, que lorsqu’il s’agissait de tenir une arme elles devenaient précises, meurtrières, que lorsqu’il s’agissait de faire des points de sutures, elles étaient rapides et efficaces ? Que ce n’était pas la pression, mais au contraire l’ennui qui les rendait fébriles et agitées ? Il ne pouvait pas. Seul Sherlock avait compris, et il venait de mettre en échec ce dernier.

Alors il lui fallait attendre ce jour. Ce jour où il pourrait redevenir normal, le John Watson confiant, sûr de lui, qu’il avait été avant d’être touché, avant de perdre Sherlock. Mais ce n’était pas ce jour, ce soir. Ce soir n’était pas un bon soir. Tout comme Sherlock, il était vulnérable, et tout comme lui, il ne voulait pas le montrer, ne voulait pas l’admettre. Mais il y était forcé, dénoncé par sa jambe, et l’humiliation était plus cuisante qu’elle ne l’aurait dû l’être, la défaite plus amère qu’il ne voulait le montrer.

Il entendit Sherlock descendre les marches de façon hésitante, puis lui tendre sa canne sans un mot, sans un regard. John la saisit de la même façon, sans relever les yeux, dans un silence total, jusqu’à son souffle qu’il retenait dans sa poitrine sans même s’en rendre compte. La nausée se fit un peu plus violente lorsque ses doigts se refermèrent sur le bâton en aluminium habituellement froid mais sur lequel il sentait encore la chaleur évanescente des mains de Sherlock.
Presque aussitôt, le détective remonta les marches et disparut dans l’appartement sans un regard en arrière, tandis que John serrait le pommeau de sa canne avec force et rage, comme s’il espérait ainsi la réduire en poussière – mais bien évidemment, la seule conséquence notable fut de se faire mal lui-même. Avec un soupir, il fit un pas et commença à monter les marches, laborieusement, en dépit de l’appui que sa canne lui apportait. Le temps qu’il arrive enfin en haut, Sherlock s’était déjà enfermé dans sa chambre et il ne restait plus d’autres traces de lui dans le living-room que son manteau et son écharpe abandonnés négligemment sur le canapé.

John retira sa propre veste qu’il accrocha sur le porte-manteau en soufflant doucement avant de s’emparer des affaires du détective pour en faire de même, après quoi il resta plusieurs secondes debout dans l’allée, la main encore posée sur le tissu du manteau de Sherlock, immobile.

Il ne savait pas quoi faire, il n’avait pas l’habitude de voir son ami dans cet état. Et par sa faute, qui plus est. Ce qui devenait un cercle vicieux, puisque le détective pensait que le docteur, lui, était dans cet état là par sa faute à lui. C’était étrange. Il ne savait pas quand leur relation avait changé ainsi. Ou plutôt, si, il savait, il connaissait l’élément déclencheur. S’il n’y avait nul doute pour lui qu’ils avaient toujours tenus l’un à l’autre, c’était plus évident que jamais depuis le retour de Sherlock et la discussion de ce soir le prouvait, mettant en lumière l’inquiétude que ce dernier lui portait. Et c’était à la fois rassurant et terrifiant.

Après un long moment, John lâcha lentement le tissu et traversa la cuisine pour s’approcher de la chambre du détective. Il s’arrêta devant la porte, hésita quelques secondes, la main qui n’était pas posée sur sa canne levée, prête à frapper, suspendue dans son geste.

Qu’allait-il pouvoir dire ? « Je suis désolé » ? Il n’allait tout de même pas s’excuser pour quelque chose dont il était le premier à souffrir.
« Ce n’est pas de ta faute » ? Ce n’était pas entièrement vrai, et ils le savaient tous deux. Si la jambe de John avait commencé à être un problème pour lui bien avant de rencontrer Sherlock, si c’était le détective qui l’en avait débarrassé, c’était également son faux suicide qui l’avait ramené et il ne pouvait le nier.
« Ce n’est pas grave » ? Non, cela ne l’était certes pas comparés à certaines choses, mais John ne pouvait nier que voir sa mobilité ainsi réduite était un lourd poids sur ses épaules, et que ce genre de remarque n’aiderait pas Sherlock.
En vérité, la seule chose qu’il pouvait lui dire, c’était « merci », à sa façon, et « ne t’en fais pas ».

Il frappa enfin, quelques coups légers mais audibles, et attendit plusieurs secondes avant de doucement entrouvrir la porte, juste assez pour le révéler, mais il ne quitta pas l’entrebâillement. Il pénétrait rarement dans la chambre de Sherlock (il était d’ailleurs aisé de voir que le détective lui-même n’y passait pas beaucoup de temps à son état impeccable et rangé) et ce soir moins que jamais avait-il envie de violer ce sanctuaire privé. Il avait le sentiment d’en avoir bien assez fait malgré lui. Il prit une profonde respiration.
« Sherlock… j’apprécie que tu te fasses du souci pour moi, mais ne t’en fais pas trop. Je vais bien. Je vais mieux. » Il ne précisa pas mieux par rapport à quand, c’était évident, et ajouta, après quelques secondes, en parlant cette fois de sa jambe : « …Il y aura des meilleurs jours. »
La discussion avait un côté plus irréel que jamais. Il n’aurait jamais cru dire un jour à Sherlock de ne pas trop s’en faire, et encore moins à son sujet.
Il resta là quelques secondes, les yeux posés sur la silhouette qui était assise sur le rebord du lit, la tête entre ses mains. Il avait le cœur serré à cette vue. Demain, se dit-il. Demain, cela irait mieux. Sherlock ferait sûrement comme si de rien n’était, il en ferait de même, et tout serait de retour à la normale, à quelques exceptions près. Parfois, il valait mieux laisser le temps et particulièrement une nuit de repos faire son travail.
« …Bonne nuit, Sherlock. »
Silencieusement, John quitta la chambre du détective, refermant la porte derrière lui, et avant d’aller affronter les escaliers qui le guideraient à sa chambre, avant de se jeter à son tour dans les bras de Morphée, il laissa sur la table de la cuisine quelques cachets pour Sherlock et le mal de tête qui le guetterait sans nul doute au réveil.
Parce que c’était ce que faisaient les amis, pas vrai ? Ils veillaient les uns sur les autres.
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