Ctrl + V

Bonjour Théodore, tu sais qui je suis ?
Oui, vous êtes celui qui est censé me faire arrêter de rêver.
Bien sur que non, je veux juste t'aider.


Repliant ses bras en croix, le petit garçon d'a peine 10 ans fixa durement l'homme qu'il avait en face de lui. Il se fichait d'entendre sa mère soupirer et râler tout bas «  Qu'est ce que j'ai fait pour avoir un enfant pareil ». Il voyait le psychologue écrire déjà dans son dossier des choses qu'il n'arrivait malheureusement pas à lire de là ou il était. Alors qu'il allait demander de but en blanc ce qu'il notait, sa mère prit alors la parole et ce fut à son tour de râler tout bas.

- Monsieur Tosh, Théodore est un petit garçon très têtu, vous aurez beaucoup de mal à le faire parler donc je penses que se sera peut être mieux si je vous expliques moi même le problème.
- Eh bien, je penses qu'entendre votre version n'est peut être pas une mauvaise chose, mais en aucun cas vous parlez pour lui.
- Théo' pense que les dragons existent. Il ne jure que par ça et il est même allé jusqu'à créer en classe une machine qui crache des flammes. C'est d'ailleurs à cause de ça que nous sommes là. Mettre le feu à ses camarades n'est pas normal.
- Mais maman, ils se sont moqués de moi et puis .. ils l'avaient mérités.
- Non Théodore c'est mal ce que tu as fait et tais toi s'il te plaît c'est moi qui parles. Donc, la maîtresse nous a convoqué et elle nous a expliqué qu'en plus de dessiner des dragons partout, d'être persuadés de leurs existences, il s'isole beaucoup. Il reste très souvent seul, au fond de la classe.
- C'est parce que les autres ne me comprennent pas. Ils sont méchants avec moi .
- Si tu ne raconterais pas autant d’ineptie, peut être qu'on t'accepterais.
- Théodore, tu sais que les créatures fantastiques n'existent pas. Ici tu es dans le monde réel, la magie et les dragons ne sont qu'une pure invention.

Les larmes étaient entrain de lui monter aux yeux. Sa propre mère prenait la défense de ses horribles garnements et même pas de son fils. Et le fait que le psychologue hoche la tête le rendait totalement amère. Quel escroc pensa t'il. Pour un peu d'argent, cet homme était près à l'enfoncer encore un peu plus en allant lui aussi dans le sens du vent. Il devait garder la tête haute et ne pas fondre en larmes devant ces personnes méprisables. Oui, il était entrain de penser que les humains étaient des êtres ignobles s'amusant avec la souffrance des gens alors que les dragons, bêtes fières et courageuses n'auraient sans doute jamais eu se comportement avec lui. Un jour, il se vengerait de tout le monde en prouvant qu'il avait raison. Qu'il avait toujours eu raison. Fermant les yeux, il repartit alors dans son monde, où la souffrance psychologique qu'on lui faisait subir chaque jour n'était plus qu'un mauvais souvenir et où il devenait le maître du monde, chevauchant un magnifique dragon noir.

~~~~~~~~~~~~~


Ses cartons en mains, il était concentré sur la montée des marches. Il ne devait pas tomber, pas maintenant. L'émotion était intense et il sentait le stress parcourir son corps. Il ne pouvait s’empêcher de faire des sourires aux personnes qui se trouvaient là. L'université lui avait donné une bourse au mérite et l'accès à cet internat. Son nouveau foyer. Il était tellement heureux de pouvoir continuer son cursus et il se fichait que se soit contre l'avis de ses parents. Son père, voulait qu'il reprenne l'entreprise familiale d'outils de bricolage mais il n'en avait rien a faire. Le bricolage, un passe temps vraiment dénue de sens. L'a dernière fois qu'il en avait fait, il s'était retrouvé au urgence et ses doigts avaient faillis y rester. Il n'aimait pas ça et c'était avec une claire franchise qu'il avait dit que de toute façon il aurait préféré mourir que de rentrer là dedans. Heureusement que les Dieux avaient eu pitié de lui en lui donnant cette bourse parce que jamais il n'aurait eu l'argent de rentrer à la fac' puisque on lui avait coupé les vivres. Regardant un peu les portes à chaque péron, il fut soulagé d'arriver enfin à son étage. Posant lourdement son carton, il s'étira comme un chat après une bonne sieste. Sortant la clé de sa poche, il entra doucement, presque religieusement. La pièce à vivre était petite mais chaleureuse et accolé à une petite cuisine. Un couloir partait ensuite avec trois pièces. Poussant son carton avec son pied, il ferma la porte derrière lui pour pouvoir explorer ça. Ouvrant toutes les portes, il remarqua qu'en réalité il y avait deux chambres. Une angoisse le traversa alors. Ça voudrait dire qu'il y aurait une deuxième personne avec lui ? Non non ça ce n'était pas prévu au programme. Entrant dans ce qui allait être sa future chambre, il s'écrasa alors sur le lit en sueur. Ce n'était pas prévu au programme que quelqu'un pénètre dans son espace vital. Bon d'accord, il exagérait sans doute car il aurait toujours sa chambre avec son intimité mais quand même. Et si c'était une femme ? Il se laissa alors glisser le long du lit pour atterrir au sol. Tout mais pas ça. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas les femmes, bien au contraire mais il en avait peur et surtout de leurs réactions imprévisibles et changeantes. Enfin, c'était sans doute du à sa mère qui le martyrisait un peu, voir même beaucoup car il n'était pas comme elle voulait. Attrapant un dépliant qu'il y avait sur la table de chevet, il commença alors à s'éventer avec. Qu'est ce qui allait se passer ? Son cerveau avait décidé de se faire la malle dans son refuge habituel.

D'un coup, il sursauta quand il entendit un bruit de porte. Oh mon dieu, le loup était rentrait dans la bergerie. « Y a quelqu'un ? ». Toute la pression retomba quand il entendit cette voix masculine. Enfin pas toute parce qu'il avait peur de qui cela pouvait être. Une personne qu'il avait connu dans son enfance et qu i s'était amusé à le traumatiser ? Non, il ne fallait pas non plus penser à ça. Doucement, il se leva, et passa la tête dans l’entrebâillement de la porte pour voir à qui appartenait cette voix. Il faillit lâcher un ouf de soulagement quand il vu qu'il ne le connaissait pas. Sortant de sa pseudo cachette, tout en passant sa main sur son t-shirt thor il entreprit de faire un sourire à son nouveau colocataire.

- Bonjour
- Hello, moi c'est Nigel et toi ?
- Euh … Dolan. Enfin non Théodore Dolan.
- Enchanté Théo' ça ne te dérange pas que je t’appelles comme ça ?
- De toute façon même si je dis non vous allez, enfin .. tu .. va quand même le faire.


Passant nerveusement sa main dans ses cheveux, Théo' regarda le fameux Nigel qui était déjà entrain de défaire ses cartons. Première impression ? Il avait l'air plutôt sympa et au moins il ne le connaissait pas. Deuxième impression ? Il était entrain de sortir deux bouteilles d'alcool et de l'inviter à s’asseoir sur le canapé.

- Allez mon pote, fêtons notre colocation.
- Qu'est ce que c'est comme alcool ?
- Vodka et rhum ! Très bon pour la santé.
- Je penses entre nous, qu'il y a des choses meilleurs pour la santé comme les fruits et les légumes par exemple. Ou la nourriture Thaïlandaise et Italienne.
- C'est ça c'est ça. Sinon t'es dans quelle filière ?
- Je suis en biologie section neurosciences animalières. Je vise le doctorat bien entendu et toi ?
- Bien entendu, c'est sur que tout le monde vise le doctorat. Moi ? Je suis en cinéma, je vais réaliser des films qui déchire un max. Hollywood me tend les portes.
- Tu es au courant que la filière cinéma est celle dont le taux de chômage est le plus élevé ?


Au vue du regard qu'il venait de lui lancé il n'était peut être pas au courant. Ou alors il s'en fichait. Théo' choisit la deuxième proposition vu qu'il lui montra un verre à shooter qu'il devait sans doute boire. Il n'aimait pas trop l'alcool et il ne comprenait pas pourquoi les gens avaient besoin de ça pour faire la fête. Lui, il n'en avait pas besoin. Bon d'accord il n'avait pas réellement fait la fête dans sa vie, mais s'il avait une fête à faire avec des amis en plus qu'il n'aurait pas besoin de ça pour s'éclater. Il pouvait partir très loin dans ses délires sans qu'une goutte d'alcool coule dans son sang. Mais apparemment ce n'était pas pour aujourd'hui car au vue de la descente de son futur peut être ami, il savait qu'il ne pourrait pas refuser. Et puis en avait il vraiment envie de s'en priver?