Visite surprise - Sherlock & Mary

Les congés ! Rien de plus savoureux qu'une journée de liberté durement gagnée. Mary l'avait très bien commencée d'ailleurs. Exténuée par une semaine à courir dans tout l'hôpital, elle en avait profité pour faire une grasse matinée. Lorsqu'elle décida enfin de mettre un pied hors du lit, il était déjà passé 10h du matin. Pour elle, c'était énorme. En effet, elle était habituée à faire les postes très tôt d'habitude et être au boulot à 4h était devenu son quotidien. Avec la mollesse de toute personne en « vacances », elle sortit de sa chambre pour tirer les rideaux. Le soleil chaleureux l'éblouit violemment. Quoi de mieux pour bien se réveiller ? Décidément, elle était chanceuse d'avoir une si belle journée pour son jour sans travail. Par contre, tout n'était pas aussi rose dans son appartement. Aïe, rien qu'un coup d'œil donna à Mary l'ampleur du désastre. Des vêtements traînés un peu partout, ainsi que des papiers en tout genre, des magazines, des chaussures, des objets plus ou moins utiles,... Bref tout est n'importe quoi ! Plus à l'hôpital que chez elle, la plupart du temps elle n'allait à son appartement que pour dormir. À chaque fois qu'elle rentrait, elle se débarrassait de ses vêtements, les laisser choir sur le sole et filait dans la douche et sens inverse lorsqu'elle partait. Alors c'était la première fois que le désastre lui sautait aux yeux. C'était un dépotoir ! Un véritable dépotoir... Soudainement, la journée lui sembla beaucoup moins belle. La poisse, elle n'allait pas pouvoir profiter du soleil ! Elle allait devoir plutôt mettre un peu d'ordre là dedans.
D'ordinaire, Mary n'était vraiment pas femme à être « bordélique », comme dirait certains. Sans être vraiment maniaque, elle aimait bien quand tout lui était plutôt claire. Ce qui n'était absolument pas le cas-là. Alors, elle avala rapidement un petit-déjeuner, fit sa toilette et retroussa ses manches. Finalement, ce ne serait pas un jour de congé de tout repos. Mais elle préférait encore sacrifier cette journée que vivre une nuit de plus dans une porcherie. Le nettoyage lui prit un sacré moment. Bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé. À chaque fois qu'un coin était rangé, elle découvrait d'autres objets éparpillés. Des sacs à main qui, fallait bien le dire, ne lui servaient à rien étaient entassés à côté du canapé. En plus de faire le ménage, elle devrait faire du tri, se dit-elle. Tout ça ne lui était d'aucunes utilités. Elle pourrait donner ses vieilles affaires à des associations. Ça ferait de la place et des heureux ! Que demander de plus. D'un pas énergique elle alla chercher un grand sac poubelle pour entreposer tout ce dont elle voulait se séparer. Lorsqu'elle attrapa le premier sac à main, un bruit métallique retentit dans la pièce. Mary chercha donc la nature de ce son et blêmit en le découvrant.
Une clé USB était à ses pieds. Comme une idiote, elle resta plusieurs secondes à la contempler. Vous trouvez ce comportement plutôt bizarre ? Mais sachez que dans cette clé était entreposée toute sa vie, tout ce qu'elle souhaitait oublier. Pourtant, elle n'arrivait pas à se séparer de l'objet et de tous ses souvenirs. Se débarrasser des dernières traces de la tueuse à gages aurait été si facile, mais elle en était incapable. Rien que cette petite vision lui faisait l'effet d'un coup de marteau. La plupart du temps, elle essayait de ne pas trop y songer, mais parfois, elle se réveillait en pleine nuit après avoir rêver qu'elle tenait en joug John. Elle, le doigt sur la gâchette, lui le visage figé d'effroi. C'était idiot comme rêve. Comme cauchemar plutôt ! Jamais elle ne ferait de mal à John. Elle le savait. Mais sa conscience ne voulait pas la laisser tranquille. Non. Ce dont elle craignait le plus, c'était qu'il découvre tout, qu'il sache quelle femme il fréquentait. Empoignant la clé USB, Mary se reprit. Il n'y avait aucune raison que cela se passe ainsi. Elle garderait à jamais cette foutue clé dans un tiroir fermé à double tour et finirait elle-même par l'oublier. C'était le seul futur possible qu'elle se donnait. Pas d'autre option n'était proposée. Sur cette pensée, elle fit exactement ce qu'elle avait décidé et rangea son passé.

Une ou deux heures plus tard, Mary avait fini le gros du boulot. Les mains sur les hanches, elle contempla son travail. Avec fierté, elle se dit alors qu'elle avait bien mérité une petite pause. Un coup d'œil à sa montre lui signifia qu'elle avait une chance sur deux de pouvoir voir John ce jour-là. Elle ne connaissait pas ses horaires, mais il y avait de fortes chances qu'il soit à Baker Street. Ou alors il était sorti voir des amis. Avec Sherlock comme colocataire, cette idée lui semblait bien farfelue. Aucune importance, ça ne lui coûterait rien de se rendre là-bas. En plus, elle pourrait profiter un minimum de sa journée.
Aussitôt, elle envahit la salle de bains pour retrouver un peu de fraîcheurs après s'être démenée avec ses propres affaires. Quelques minutes plus tard, elle quittait son appartement, le sourire aux lèvres à l'idée de voir John et Sherlock.

Le parcours fut vite parcours et arrivée devant la porte de son petit ami, elle sonna avec excitation. Une fois, deux fois, trois fois, ... C'était mauvais signe. Elle aurait peut-être dû appeler avant de faire le déplacement. Le détective et son compagnon devaient être sur une affaire. Avec une pointe de déception, Mary s'apprêtait à descendre du perron lorsque la porte s'ouvrit. Derrière, Mrs Hudson lui adressait un grand sourire.

« Oh Mary, bonjour ! Entrez, entrez, ne restez pas dehors voyons ! Excusez-moi pour l'attente, Sherlock ne vient jamais ouvrir. J'ai beau lui expliquer que je ne suis pas toujours là pour ça, il n'a pas l'air de comprendre. »

Mary se retint de rire. Comment Mrs Hudson pouvait-elle espérer autre chose de la part de son locataire ? Avant même qu'elle ne put reprendre, la vieille dame reprit la parole.

« Vous venez voir John, je suppose ? Je ne sais pas s'il est là, j'ai cru le voir sortir, mais je ne suis plus sûre... Ou alors il n'est tout simplement pas rentré... »
« Je vais aller voir, lui répondit gentiment Mary, je vais en profiter pour saluer Sherlock au passage. »

Sur ce, l'ancienne femme de mafieux la laissa monter les escaliers qui menaient vers l'appartement désiré. Mary toqua à la porte et l'ouvrit légèrement sans même attendre de réponses.

« Salut Sherlock ! Comment vas-tu ? John n'est pas là ? »

Mary avait franchi la porte d'entrée et cherchait les deux colocataires du regard..

© Great Thief sur Epicode