Greg Lestrade & Roksana Dyrbova

Les bureaux étaient tous vide. Tous les agents étaient rentrés chez eux. Il régnait un silence absolu dans les locaux de Scotland Yard. Seul un bureau était encore allumé, celui dont la porte portait une plaque comportant l’inscription « DI Lestrade ». Cela n’était d’ailleurs pas rare ces temps-ci. Greg était devant son ordinateur, une pile de dossier à côté de lui. Il regarda l’heure pour la dixième fois en une demi-heure. 21h. Il soupira et s’enfonça dans sa chaise de bureau en se grattant un sourcil. Pourquoi était-il toujours celui qui récupérait tous les dossiers ? Ah, oui ! Parce que c’était lui qui dirigeait l’équipe. Mais à ce moment-là, il aurait bien tout donné pour pouvoir n’être qu’un simple agent, qui pouvait rentrer chez lui à 19h30 grand maximum. Pourtant il avait bossé avec acharnement pour en arriver là où il était. Mais il fallait bien avouer que de temps en temps il aurait bien relégué les responsabilités à quelqu'un d'autre. Allez Greg, ça va pas te faire avancer plus vite de te lamenter, s’ordonna-t-il. Mais il ne pouvait s’empêcher de penser à Roksana. Il rentrait souvent tard en ce moment et il s’en voulait de savoir qu’elle était seule à leur appartement en train de l’attendre. Bien sûr elle savait qu’il n’avait pas le choix, et elle ne lui avait jamais fait une seule remarque. Mais il aurait tellement voulu être avec elle à leur appartement, plutôt qu’au Yard, entouré de ses dossiers. Il regarda la pile monumentale que ces derniers formaient et se dit qu’il ferait mieux de se remettre immédiatement au travail. Avec un peu de chance, il pourrait être rentré dans une heure s’il avançait vite. Il se replongea donc dans les dossiers du Yard en soupirant.

Roksana sorti du théâtre. Il était 20h30 à peu près et la jeune femme était un peu fatiguée. Passer la journée à réfléchir à une chorégraphie adaptée à la scène plutôt réduite du théâtre était un vrai casse-tête. Elle était metteur en scène et danseuse, pas magicienne ! Cet espace était décidément bien petit, adéquat pour un one-man-show certes, mais certainement pas pour une troupe de huit danseurs et danseuses qui devaient donner l’impression d’un show burlesque, un cabaret en somme, comme dans les années cinquante. Et dire que dans le précédent théâtre tout se passait parfaitement. Là on avait frôlé la catastrophe, une des filles avait faillis tomber en dehors de la scène en début d’après-midi, forçant la russe à tout revoir. Une véritable histoire de fous. Et quand elle en avait parlé à celui qui les avait engagés, il avait simplement hoché la tête en lui disant « vous trouverez bien une solution… ». Une solution, bien sûr… La jeune femme avait haussé les épaules avant de retourner à son travail. Et effectivement, la solution elle l’avait trouvé, en modifiant les deux tiers de la chorégraphie, ce qui lui avait pris deux bonnes heures. Elle n’en pouvait plus. Et dire que ce passage était censé durer quatre minute vingt-deux… elle n’était pas sortie des problèmes. Dans la rue, elle se dirigeait vers la bouche de métro la plus proche, mais la perspective des changements, et de marcher de la sortie à son appartement lui parut soudain insurmontable. Elle héla un taxi.

S’installant à l’intérieur, elle donna l’adresse, et la voiture démarra. Elle sorti son téléphone, un message d’un numéro qu’elle ne connaissait pas lui donnait rendez-vous le lendemain à midi dans un restaurant branché du côté de Buckingham. La jeune femme n’eut pas besoin de réfléchir pour savoir de quoi il s’agissait… Elle haussa les épaules. Pourquoi pas après tout ? Pas de sms de Greg… Il devait encore être à son bureau. Elle soupira. En ce moment, entre leurs boulots respectifs – et la double vie de la jeune femme – ils avaient du mal à se croiser. Leur différence d’âge et la profession officielle de Roksana faisait déjà jaser, elle le savait bien. Mais tant pis. Elle n’était pas du genre à s’embarrasser du qu’en dira-t-on. Ils étaient stables, c’était tout ce qui comptait. Une autre femme n’aurait peut-être pas supporté les contraintes de la profession de flic, cela arrangeait la voleuse, lui laissant une marge de manœuvre non négligeable. La jeune femme rangea son téléphone et se pencha vers le conducteur :

- Tout compte fait, conduisez-moi au Yarrrd s’il vous plait ?

Il lui adressa un coup d’œil étonné, avant de s’exécuter. Arrivée sur place, la jeune femme paya la course et pénétra dans le bâtiment. Ils la connaissaient, depuis le temps. On ne lui demanda pas de détails quand elle se dirigea vers l’ascenseur pour monter jusqu’à l’étage du bureau de Greg. A l’arrivée elle s’approcha du policier de garde qui la reconnu sans aucun problème.

-Le chef est encorrre là ? demanda la jeune femme en souriant.

-Oui m’dame, dans son bureau. Vous connaissez le chemin ?

Elle acquiesça avant de se diriger vers le bureau de Greg qui était le seul encore éclairé. Devant la porte, elle hésita à frapper avant d’entrer ou non, et puis finalement elle poussa la poignée et entra, avant de refermer la porte derrière elle et de s’y adosser.

-Ce n’est pas bon de trrravailler si tarrrd, même pourrr l’inspecteurrr chef…

Greg était toujours plongé dans ses dossiers, se demandant s’il en verrait le bout un jour. Soudain il entendit la porte s’ouvrir. Sachant qu’un des agents surveillait l’entrée, il n’aurait pas dû s’inquiéter. Mais considérant le fait que personne ne venait au Yard à cette heure-là, il sortit son arme de sa poche par réflexe, au cas où… Finalement lorsqu’il vit qui était rentré, il se détendit et un grand sourire illumina son visage. Finalement sa soirée n’allait pas être si déprimante. Dire qu’elle était venue. Elle avait débarquée à Scotland Yard juste pour lui. Et elle était là, magnifique, comme d’habitude, adossée à la porte.

-Ce n’est pas bon de trrravailler si tarrrd, même pourrr l’inspecteurrr chef…, lança-t-elle avec son accent russe que Greg trouvait toujours aussi sexy et qui lui faisait toujours autant d’effet.

Il posa son arme sur son bureau, se leva de son siège et s’approcha d’elle.

- Je sais, dit-il en soupirant. Mais j’ai pas le choix. Mon patron les veut pour demain matin et apparemment y’en a aucun pour rattraper l’autre niveau dossier dans cette chose que je dirige qui s’appelle une équipe…

Il était maintenant à côté d’elle. Elle s’était détachée de la porte et avancée vers lui. Il entoura sa taille de ses bras et la serra contre lui avant de déposer doucement un baiser sur ses lèvres.

- Et toi mon ange ? ça a été ta journée ?

Roksana ne savait pas vraiment si elle avait bien fait ou non de se diriger au Yard. Comme beaucoup de choses, elle agissait à l’instinct, ne prenant le temps de vraiment réfléchir que lors de ces vols qui en avaient fait une voleuse recherchée par interpole. Si on se laissait toujours dicter par les convenances et la réflexion, la vie devenait horriblement monotone. Aussi était-elle plutôt du genre à agir et réfléchir après pour ce genre de petites actions. Qui aurait de toute façon l’idée de commettre un meurtre à 21h30 ? A la vérité il était déjà arrivée que le téléphone sonne au beau milieu de la nuit et que Greg disparaisse pour ne revenir que le lendemain soir, épuisé, mais terriblement attirant avec sa cravate à moitié défaite. Roksana ne demandait jamais de détail trop terrible sur les affaires. Le sang n’était vraiment pas sa tasse de thé. Bien sûr il arrivait que Greg lui raconte quelques affaires, mais rien de trop sanglant pour ne pas risquer de lui faire avoir la nausée. La chorégraphe n’avait décidément pas l’estomac bien accroché. Ce n’était pas étonnant de la part d’une chorégraphe, mais dans le monde de la criminalité, c’était un peu plus problématique…

Ce monde un peu trop violent elle l’avait laissé derrière elle peu de temps avant de connaître Greg. Le hasard fait parfois bien les choses, à croire qu’il l’avait préparée à sa rencontre avec le policier. Il fallait bien dire que quitter l’organisation l’éloignait déjà de beaucoup d’embrouilles pas très saines – si le vol pouvait être considéré comme sain – et sa vie de criminelle était bien plus calme qu’à son arrivée en Angleterre. Mais elle ne pouvait pas se défaire de son ancienne vie. D’une part parce qu’elle n’en avait pas envie, et d’autre part parce que les « extras » qu’elle gagnait dans l’illégalité lui accordaient une vie des plus confortables. Greg ne s’était jamais demandé comment une chorégraphe pouvait vivre aussi aisément, et mieux ne valait pas. Mais elle mettait la voleuse à la porte dès qu’elle était avec lui, et avec les gens qui ne connaissaient pas sa seconde activité. Deux mondes totalement opposés qui ne se touchaient jamais. C’était presque grisant. Presque. La jeune femme s’amusait toujours à penser qu’elle était surement la seule criminelle à pouvoir entrer et sortir à sa guise du Yard, à toute heure du jour et de la nuit, pourvu que son petit ami y soit.

Et il y était. Tellement tard. Roksana aurait préféré le retrouver chez eux. Ils auraient commandé à un livreur et auraient mangés devant la télé. Ca faisait vieux couple, mais c’était rassurant. Et puis la jeune femme aimait taquiner Greg, en lui disant que oui, il était vieux, mais qu’elle l’aimait quand même. Elle était entrée simplement dans le bureau, brisant le silence à peine troublé par les feuilles qu’on tourne. Elle eut un haussement de sourcil en le voyant porter sa main à son arme de service, mais la reconnaissant il arrêta son geste, posant son arme sur son bureau :

- Je sais, dit-il en soupirant. Mais j’ai pas le choix. Mon patron les veut pour demain matin et apparemment y’en a aucun pour rattraper l’autre niveau dossier dans cette chose que je dirige qui s’appelle une équipe…

Il s’approcha de la rousse et la serra contre lui avant de l’embrasser, baiser qu’elle lui rendit en souriant, de ce sourire qu’elle ne quittait presque jamais.

- Et toi mon ange ? ça a été ta journée ?

-Tu pourrrrais déléguer un peu, les stagiairrres c’est fait pourrr ça…

Roksana poussa un soupir et haussa les épaules. De toute façon elle ne comprenait rien au système de police anglais, alors qu'il était plus simple que le russe, auquel elle n'entendait pas grand chose de toute façon.

-On fait aller, mais va rrrefairrr toute une chorrrégrrraphie dans un espace à moitié plus petit…

La jeune femme posa ses mains à plat sur le torse du policier, et jeta un coup d’œil mal assuré à son arme de service. Elle avait vraiment horreur de ces machins.

-Tu m’aurrrais vrrraiment tirrré dessus sans vérrrifier de qui il s’agissait ? demanda-t-elle, se voulant plaisantant mais à moitié inquiète tout de même.

Elle fit une moue, avant de lui voler un baiser, et de lui échapper.

-Tu en as encorrre pourrr longtemps ?

-Tu pourrrrais déléguer un peu, les stagiairrres c’est fait pourrr ça…

Roksana poussa un soupir et haussa les épaules. Au fond, Greg savait qu’elle avait raison, il aurait pu. Mais il avait un peu peur de l’état des dossiers après ça, alors il préférait le faire lui-même. Ça aurait bien été sa veine qu’il délègue pour ensuite revenir dessus parce que ça n’allait pas.

-On fait aller, mais va rrrefairrr toute une chorrrégrrraphie dans un espace à moitié plus petit…

Greg sourit faiblement. C’est vrai que cela ne devait pas être facile. Pour lui qui n’était pas un excellent danseur, la danse avait quelque chose de fascinant et de magnifique. Et déjà danser pour lui n’aurait pas été simple, mais créer les chorégraphies auraient carrément été mission impossible. Il avait d’ailleurs toujours admiré Roksana non seulement pour sa grâce lorsqu’elle dansait, mais aussi pour sa capacité à créer toutes ces merveilleuses chorégraphies. Alors c’est sûr que refaire toute une chorégraphie, et dans un espace réduit devait être un sacré défi.

- Oui, ça ne doit pas être évident. Mais douée comme tu es je suis sûr que tu as encore fait quelque chose de merveilleux. lui répondit-il en souriant.

Roksana posa ensuite ses mains à plat sur son torse et jeta un coup d’œil mal à son arme de service posée sur le bureau. Greg suivit son regard et cessa de sourire. Il savait que la jeune femme avait horreur des armes, raison pour laquelle il cachait toujours soigneusement la sienne lorsqu’ils étaient à deux à l’appartement.

-Tu m’aurrrais vrrraiment tirrré dessus sans vérrrifier de qui il s’agissait ? se risqua-t-elle à demander.

Son ton se voulait plaisant, mais Greg pouvait sentir une légère inquiétude derrière. Il la serra plus fort contre lui.

- Bien sûr que non ! répondit-il sans réfléchir une seule seconde. Jamais je ne te tirerais dessus mon cœur !

L’idée même qu’elle puisse penser ça le rendait malade.

- C’est juste que tu m’as surpris. Il n’y a personne qui vient à cette heure ci et tu as débarqué, sans frapper. J’ai juste pris ça (il préférait éviter de prononcer le mot « arme ». Roksana n’était pas une criminelle et le mot lui semblait donc horrible à associer avec elle) au cas où… On sait jamais. Mais tu as bien vu que je l’ai reposée tout de suite après.

Il la regarda, d’un regard plein de tendresse

- Jamais je ne te ferais de mal Roksana.

Finalement, Roksana lui vola un baiser avant de s’échapper de ses bras :

-Tu en as encorrre pourrr longtemps ?

Greg soupira. D’un côté, oui il risquait encore d’en avoir pour un moment, la pile de dossier étant monumentale. Mais de l’autre, il n’en pouvait plus, n’était plus très efficace tellement ces dossier le gonflait, et maintenant que Roksana était là, il voulait rester avec elle et rentrer plutôt que de se reconcentrer sur ces fichus dossiers.

- Tu sais quoi ? J’arrête. De toute façon même en restant j’aurais jamais fini avant au moins deux heures, si c’est pas plus, et j’en peux plus. Alors…

Greg eut un grand sourire :

- Je rentre avec toi !

Roksana restait toujours vague quand Greg lui demandait comment s’était passé sa journée. D’une part parce que cela lui évitait de trop lui mentir quand elle ne faisait pas que ce qui était facile à entendre pour le policier, et d’autre part parce que Greg ne comprenait pas grand-chose à la danse. Il dansait correctement, pour un homme de sa génération et de sa profession, mais de là à lui faire comprendre la complexité d’une chorégraphie… C’était comme demander à Roksana de démonter et remonter une arme, soit totalement inconcevable. Elle ne comprenait pas non plus l’intérêt de ses rapports en dix-huit exemplaires qu’on demandait aux policiers après les enquêtes. Chacun son domaine de compétence, de toute façon. Ce qu’elle aimait dans le fait que Greg soit policier ? A la vérité rien du tout, sauf le fait qu’il était horriblement, effroyablement et absolument croquer dans ses costumes. Comme lorsqu’il revenait avec une barbe de deux jours du bureau. Bien sur il était fatigué, et n’avait qu’une envie en général, dormir, mais c’était là que Roksana le trouvait le plus adorable. Elle ne faisait pas semblant de l’aimer. Elle ne s’inquiétait pas de toute manière. Deux ans qu’elle arrivait à jongler, sans problèmes aucun, pourquoi cela changerait-il ?

Heureusement que Greg enquêtait sur des affaires de meurtre et non de vol, sinon ça aurait pu poser quelques problèmes.

- Oui, ça ne doit pas être évident. Mais douée comme tu es je suis sûr que tu as encore fait quelque chose de merveilleux.

Roksana eut un petit rire. Il avait tellement confiance en elle… Dériva ensuite le regard vers l’arme. Roksana n’aimait pas ces trucs. C’était dangereux. En Russie, entre la fin du communisme, l’augmentation de la mafia, et du marché noir, il y en avait partout. Et les accidents étaient tellement courants qu’ils faisaient à peine un encart dans la rubrique « fait divers » du journal. Alors le fait de sortir avec un policier comprenait bien sur l’arme dans le contrat, mais cela ne voulait pas dire qu’elle l’acceptait pour autant. Et vue la réaction de Greg à son entrée, elle n’était pas franchement rassurée :

- Bien sûr que non ! Jamais je ne te tirerais dessus mon cœur ! C’est juste que tu m’as surpris. Il n’y a personne qui vient à cette heure ci et tu as débarqué, sans frapper. J’ai juste pris ça au cas où… On sait jamais. Mais tu as bien vu que je l’ai reposée tout de suite après. Jamais je ne te ferais de mal Roksana.

La jeune femme baissa les yeux et eut une petite grimace. Elle pensait aussi que jamais elle ne lui ferait de mal. Du moins l’espérait-elle.

-Il ne manquerrrait plus qu’on attaque dans le Yarrrd…

Pour alléger l’atmosphère, elle changea de sujet, lui demandant s’il en avait encore pour longtemps.

- Tu sais quoi ? J’arrête. De toute façon même en restant j’aurais jamais fini avant au moins deux heures, si c’est pas plus, et j’en peux plus. Alors… Je rentre avec toi !

Un immense sourire apparut sur le visage de la jeune femme, faisant écho à celui de Greg. Elle était ravie. Se reculant, elle ouvrit la porte du bureau pendant qu’il ramassait ses affaires, puis elle s’accrocha à son bras alors qu’ils se dirigeaient vers les ascenseurs.

-J’ai envie de manger… thaï. On prrrend à emporrrter ?

Ca semblait tellement facile comme ça… Dans l’ascenseur, le téléphone de Roksana se mit à sonner. La jeune femme reconnu le numéro comme étant celui de Duncan. Elle fronça les sourcils, appuya sur la touche rouge, l’envoyant sur répondeur, et remit le téléphone dans son sac. Pas ce soir ! Elle offrit un grand sourire à Greg avant de glisser sa main dans la sienne.

-Il ne manquerrrait plus qu’on attaque dans le Yarrrd…

Greg ne put s’empêcher de sourire. C’est vrai qu’il ne manquerait plus que ça tient !

- Tu sais quoi ? J’arrête. De toute façon même en restant j’aurais jamais fini avant au moins deux heures, si c’est pas plus, et j’en peux plus. Alors… Je rentre avec toi !

Un immense sourire apparut sur le visage de Roksana. Elle se recula et ouvrit la porte pendant qu’il ramassait ses affaires, puis elle s’accrocha à son bras alors qu’ils se dirigeaient vers les ascenseurs.

-J’ai envie de manger… thaï. On prrrend à emporrrter ?

Greg se sentait tellement bien maintenant, avec elle, qu’il se fichait un peu de ce qu’ils mangeaient du moment qu’il pouvait passer du temps avec elle, vu la rareté de ces moments ces temps-ci.

- Si tu veux, répondit-il donc avec un sourire

Soudain, le téléphone de Roksana se mit à sonner. Celle-ci regarda le numéro et fronça les sourcils. Puis elle appuya sur le bouton rouge pour envoyer le correspondant sur le répondeur et rangea le téléphone dans son sac. Greg était étonné et curieux. Il se demandait qui pouvait bien avoir appelé Roksana pour que celle-ci fronce les sourcils et ne prenne même pas la peine de répondre. Mais il ne dit rien. Il rendit son sourire à la jeune femme lorsqu’elle se retourna vers lui et lorsqu’elle glissa sa main dans la sienne, il la serra instinctivement.
Une fois arrivés dans le hall, ils sortirent sur le parking pour rejoindre la voiture de Greg. Celui-ci ouvrit la portière à Roksana et la referma une fois celle-ci à l’intérieur. Puis il monta à son tour.

- Alors…tu commandes ? proposa-t-il en souriant avant de démarrer.

Lorsque la russe eut commandé, il alluma la radio et tourna le regard vers elle. Elle regardait par la fenêtre, un air contrarié sur le visage. Il avait raison alors. L’appel de tout à l’heure ne lui avait pas plu. Mais même comme ça, elle restait magnifique. Il ne savait pas comment mais de toute manière, elle était toujours splendide. Ils ne mirent pas longtemps à rentrer à leur appartement, la circulation étant plus que calme à cette heure-ci. Une fois arrivés, Greg prit Roksana par la taille. Rien ne pourrait gâcher cette soirée.

- Je vais aller prendre une douche. Je reviens, lui dit-il avec un sourire.

Puis il déposa un baiser sur son front avant de disparaître dans la salle de bain.

Dire que Roksana était contente aurait été peu dire. Elle était aux anges. Ces dernières semaines entre les coups de fils à des heures indues et des dossiers compliqués, elle et Greg n’avaient pas pu passer une véritable soirée tranquille chez eux. Elle ne préférait même pas se rappeler de quand était leur dernière vraie soirée, de peur d’en avoir mal au cœur. Il était vrai que l’emploi du temps très aléatoire de l’inspecteur facilitait sa vie pas très légale. Combien de fois avait-elle était ravie qu’il termine tard, pendant ce temps elle se glissait silencieusement dans un musée ou chez un particulier et subtilisait discrètement, sans laisser de traces ou presque, un objet qu’on lui avait commandé. Elle ne préférait pas compter exactement, et en était incapable de toute façon, mais en deux ans, ça avait été très courant. Ca aurait été plus compliqué avec un petit ami qui rentrait à heure fixe tous les soirs pour diner avec elle. C’était sans doute pour ça que ça tenait entre elle et Greg. Combien de femmes de policiers, lassées de ces horaires aléatoires, finissaient par les laisser tomber ? Pour Roksana ça ne risquait pas d’arriver de si tôt. Tout était trop parfait.

Elle craignait juste qu’un jour où l’autre, il ne se mette à parler mariage, et bébé. Si pour Greg, cela finissait par être le moment, à quarante ans on pouvait le concevoir, pour Roksana, ce n’était pas du tout une idée envisageable. Bien sur qu’elle aimait Greg. Elle n’avait rien contre le mariage ni contre les enfants. Mais c’était un pas bien plus important, et si pour le moment sa conscience était sans tâche – du moins essayait-elle de se le faire croire – en se mariant ça aurait été pire. Déjà que l’emménagement avait été une épreuve. Et un bébé… Comment continuer sa petite activité transversale avec un ventre rond de femme enceinte ? Ou en ayant passé trois nuits de suite à veiller le bambin malade. C’était juste hors de question. Pas pour le moment. Elle aimait trop sa vie, à cheval entre normalité et illégalité. Mais surtout elle ne préférait pas penser qu’elle risquait de se faire prendre un jour et qu’elle serait confrontée à Greg. Ce n’était jamais arrivé, ni en Russie, ni en Angleterre, ni dans un autre pays d’Europe. Alors pourquoi penser que cela risquait de changer un jour ? Il n’y avait aucune raison.

Greg avait accepté pour le diner. Pour lui faire plaisir il se mettait toujours en quatre. Cela enchantait Roksana. Mais il fallut que son téléphone vienne troubler le moment. Elle envoya l’appel sur messagerie, mais la jeune femme vit le regard de Greg sur son téléphone, et pour le lui faire oublier, avait glissé sa main dans la sienne, qu’il avait serrée, par habitude, par reflexe. Roksana avait posé son autre main sur le coude de Greg pour se coller à lui et poser sa tête sur son épaule. Dans le parking, Greg, grand gentleman, ouvrit la portière à Roksana qui se glissa dans la voiture. La jeune femme se rappela avec amusement le temps qu’elle avait mit à s’habituer à être à gauche quand elle était passager, place conducteur de la plupart des pays d’Europe. Et comme elle ne savait pas conduire… Quelle utilité ? Elle avait toujours vécut dans des grandes villes avec transports en communs et taxis. Alors une voiture… Il n’y a rien de pire pour attirer l’attention.

- Alors…tu commandes ? demanda Greg une fois installé.

Roksana saisit son portable et composa le numéro du livreur pour commander leur repas habituel. Elle raccrocha, ils seraient livrés vers 23h, il était presque 22h, c’était parfait. Elle remit le téléphone dans son sac, regardant la ville éclairée dans la nuit, alors que Greg remettait le son un peu plus fort. Une fois chez eux, ils accrochèrent leurs affaires au porte manteau, Roksana posa son sac à main sur la petite table de l’entrée. Elle allait aller dans le salon quand Greg la ramena à lui, posant ses mains sur sa taille et embrassant son front.

- Je vais aller prendre une douche. Je reviens.

Roksana acquiesça, alors qu’il s’éloignait. Quand la porte de la salle de bain se fut refermée sur le policier, elle retira ses escarpins et sentit la fraicheur du parquet sous ses pieds. Elle aimait beaucoup leur appartement, qui n’avait rien à voir avec le cliché de l’appartement anglais qui avait encore une déco années 60. A croire que beaucoup n’avaient jamais sus dépasser l’ère des Beatles. Elle alla allumer la télé, sur la chaine du câble qui donnait les informations en Russie, mais, en entendant le bruit de la douche, elle se dit qu’elle avait sans doute mieux à faire. Un sourire mutin s’installa sur son visage. Pourquoi ne pas rejoindre Greg ? D’ici à ce que le livreur arrive, ils avaient le temps… Mais son téléphone se mit à vibrer dans son sac, faisant trembloter la table et le rendant audible de tout l’appartement. Maudissant ce maudit engin qui allait finir par lui gâcher sa soirée, elle alla le prendre. Encore Duncan ! Mais il n’avait pas de vie sociale ou quoi ? S’assurant que Greg était encore sous la douche, elle finit par décrocher. Parfois la jeune femme remerciait le ciel que malgré tout, Greg n’ait jamais appris à parler russe.

- Что?*

-Eh bah j’ai cru que tu décrocherais jamais, on a un gros coup !

-Ca ne peut pas attendre demain ? Je suis occupée là…

-Ton flic est là ?

- да**, donc rappelle moi plus tard.

-Il y en a pour un million de livres Roksana !

Elle hésita. Des millions ? Se mordant la lèvre, elle retourna dans le salon, vers la fenêtre, regardant la nuit alors que la télé continuait de raconter ce qui s’était passé au tour d’Irkoutsk aujourd’hui. Elle se mordit l’ongle du pouce de sa main gauche, réfléchissant.

-Demain matin, au même endroit que d’habitude. Soit à l’heure, finit-elle par lâcher.

-Je savais bien que ça te tenterait !

Le bruit de la porte de la salle de bain s’ouvrant rappela la jeune femme à la réalité.

- Увидимся завтра***, lâcha-t-elle avant de raccrocher.

Elle sourit à Greg qui revenait vers elle, et se blottie contre lui.

-Ca va mieux ?



en russe dans le texte

Greg se mit sous le pommeau de la douche et tourna le robinet. Sentir l’eau chaude sur sa peau était grisant après une journée aussi harassante. Il était arrivé au Yard à 7h30 et avait travaillé sur ses rapports toute la journée, jusqu’à cette heure avancée où finalement Roksana était arrivée et où il avait abandonné. Il décida de ne plus penser à rien. Plus de boulot, plus de rapports, juste lui et Roksana. Il respira un grand coup, ferma les yeux et profita de l’eau chaude. Qu’est-ce ça pouvait procurer comme bien. Comme si l’eau chaude pouvait faire momentanément disparaître tous nos soucis. Finalement, Greg se rendit compte que cela devait faire un moment qu’il était sous la douche, alors il prit le gel douche, se lava et en sortit. Une fois devant le miroir, il ne put s’empêcher de s’observer. Il devait avouer qu’il avait une sale tête. Travailler autant ne lui réussissait pas et des cernes avaient commencées à apparaître sous ses yeux. Mais bon, une bonne nuit de sommeil et il n’y paraîtrait plus ! se dit-il.
Il sortit de la salle de bain et retourna dans le salon. Il crut entendre Roksana parler, ce qui l’intrigua vu qu’ils étaient seuls dans l’appartement, mais en voyant la télé allumée, il se dit que c’était ça qu’il avait dû entendre. Roksana lui sourit tandis qu’il s’avançait vers elle et vint se blottir contre lui.

- ça va mieux ?, lui demanda-t-elle
- Beaucoup mieux oui. On n’imagine pas à quel point une douche ça peut faire du bien, répondit-il en souriant. Et puis…maintenant qu’on est enfin à deux et tranquille, je ne peux qu’aller mieux, ajouta-t-il en la serrant un peu plus contre lui et en passant ses mains dans ses cheveux.

Il adorait l’avoir contre lui, blottie dans ses bras. Il se sentait alors comblé et il remerciait celui ou celle (Dieu, les anges gardiens, la bonne étoile, peu importait) qui lui permettait de vivre un bonheur pareil. Greg avait eu une vie sentimentale compliquée. Il avait connu son premier amour à l’école de police. Leur histoire avait vraiment été passionnelle et idyllique et avait continué bien après la fin de leurs études. Et puis le drame était arrivé. Alors qu’ils étaient mariés depuis quelques mois, elle s’était faîtes tué lors d’une opération par le suspect qu’ils tentaient d’arrêter. Greg avait été effondré et avait alors connue une période plutôt sombre, où il aurait pu tomber dans l’alcool, la drogue ou même se suicider (il avait d’ailleurs essayé, et si sa sœur n’avait pas été là à ce moment-là…mais il ne voulait même pas y penser) s’il n’avait pas reçu un soutien inconditionnel de sa famille. Sa mère et sa sœur étaient venues temporairement s’installer chez lui et leur soutien était ce qui l’avait empêché de sombrer et lui avait finalement progressivement redonné goût à la vie. Après tout ça, Greg ne voulait plus aimer, pour ne plus souffrir autant qu’il avait souffert. Mais l’amour est imprévisible et finalement, il avait rencontré Elizabeth. Entre eux deux, ce fut une histoire longue, et compliqué, mais qui marchait. Ils s’aimaient vraiment, et même s’ils y avaient souvent des disputes, c’étaient pour mieux se retrouver après. Mais leur couple n’avait finalement pas tenu et après 5 ensembles, ils s’étaient séparés. Greg avait 35 ans et il ne se demandait même plus s’il trouverait l’amour un jour, ses histoires d’amour se finissant toujours en catastrophe. Alors il s’était habitué à l’idée de vivre seul. Et puis il y avait eu ce soir à l’opéra, celui où il avait rencontré Roksana. Comme pour son premier amour, ce fut le coup de foudre. Dès qu’il la vit sur scène au milieu des autres danseuses, il ne put détacher son regard d’elle. Elle était comme un ange, évoluant gracieusement sur scène. Finalement, il la revit plus tard dans la soirée et commença une histoire qui durait depuis 2 ans. Alors oui, même si Greg craignait que cette histoire, comme toutes celles qu’il avait connu, ne se finisse mal, pour l’instant il était comblé. Plus que n’importe quel homme au monde.

Dissimuler était une chose que Roksana savait très bien faire. Mais des fois elle jouait un peu trop avec le feu. Comme ce soir, répondre au téléphone alors que Greg aurait put entendre… Certes, c’était en russe et il ne parlait pas du tout cette langue, mais tout de même… Elle aurait pu prétendre que c’était sa mère, bien sur, et il l’aurait cru. Il la croyait toujours. Deux fois par an, elle avait un peu mauvaise conscience de lui mentir. Mais ça ne restait que deux fois. Le reste du temps tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce soir la jeune russe se sentait un peu vulnérable. Greg lui avait manqué. Certes ils se voyaient tous les jours ou presque, mais il s’était installé une sorte de routine où il passait son temps au boulot, et ça devenait un peu difficile. Elle ne voulait pas qu’il soit là tous les soirs, non, bien au contraire. A la vérité ça l’aurait même surement gênée, mais une soirée de temps en temps, oui. Et ce soir elle avait juste envie d’être avec lui. Tout simplement. Faire ce que tous les couples font de temps à autre, histoire de remettre le compteur à zéro, pour pouvoir patienter encore pendant plusieurs semaines avant de recommencer.

La jeune femme avait raccroché précipitamment en entendant Greg sortir de la salle de bain. Intérieurement, elle remercia le ciel d’avoir pensé à allumer la télé sur une chaine russe pour couvrir le son de sa voix. Elle raccrocha et posa son téléphone sur le rebord de la fenêtre avant d’aller se blottir dans les bras de Greg, autant pour profiter de lui pour une fois que pour le faire penser à autre chose que la conversation qu’il avait peut être surprise. Roksana le menait presque par le bout du nez, et parfois, cela l’agaçait un peu. Son caractère impétueux aurait voulut de temps à autre des conflits, des disputes, histoire de se défouler un peu. Mais Greg lui passait tout et disait oui à presque tous ses désirs ou ses caprices. Ce qui était drôle au début le devenait parfois un peu moins. Mais il n’aimait pas trop les conflits et la jeune femme pouvait le comprendre. Elle aurait juste aimé qu’il prenne parfois un peu plus d’initiatives… Enfin elle faisait avec. Il était comme il était et elle l’aimait pour ça, malgré tout.

- Beaucoup mieux oui. On n’imagine pas à quel point une douche ça peut faire du bien. Et puis…maintenant qu’on est enfin à deux et tranquille, je ne peux qu’aller mieux.

Roksana sourit en sentant sa main dans ses cheveux. Elle aurait pu rester là des heures. Mais la sonnette de l’appartement brisa le charme. Ca devait être le livreur. La jeune femme s’arracha des bras du policier et lui caressa la joue.

-Je m’en occupe.

La jeune femme se dirigea vers la porte, ouvrit, prit sa livraison, et paya le coursier, avant de revenir à l’intérieur. Elle aurait put apporter le diner devant la télé, ils auraient regardé un film, mais l’idée en elle-même la rebutait. Elle ne voulait pas que leurs seuls moments de complicité soient monopolisé par la télévision, aussi préféra-t-elle mettre la table dans la cuisine. Elle attendit que Greg arrive pour s’installer, et le diner se fit presque en silence. Roksana n’avait rien de plus à dire. Il n’y avait pas vraiment besoin de parler parfois. La jeune femme se leva pour débarrasser – fichue habitude de place de la femme dans la société, la double journée, vous connaissez ? – puis revint vers Greg, toujours assis, et passa ses bras autour de son cou, se penchant vers lui, et commençant à déposer des petits baisers dans son cou. Autant bien finir la soirée non ?

Greg maudit le livreur qui appuya sur la sonnette. Il serait bien resté comme ça avec Roksana éternellement (enfin…pas au sens littéral bien sûr mais c’était comme si) et voilà que quelqu’un venait encore les déranger. Roksana s’arracha à ses bras et caressa sa joue en lui disant qu’elle s’en occupait. Il eut un petit sourire en sentant sa main sur sa joue, contact qu’il trouvait si agréable et la laissa aller ouvrir la porte.

Il pensait qu’ensuite elle le rejoindrait dans le salon mais il vit qu’elle mettait la table dans la cuisine. Et au fond il n’allait pas s’en plaindre, il n’avait pas tellement envie qu’ils se retrouvent devant la télé, à deux certes, mais chacun plongé dans ce qui se passait sur l’écran plutôt que sur la personne à côté. Il la rejoignit donc dans la cuisine et s’installa. Le dîner était délicieux mais se fit presque en silence. Il ne savait plus quoi lui dire. Il n’avait pas envie de reparler du boulot et rien ne lui venait à l’esprit pour lancer une conversation. Il se détestait dans ces moments-là. Pour une fois qu’ils avaient un peu de temps à deux, il était là comme un idiot sans savoir quoi raconter ! Mais bon, il savait que des fois ils n’avaient pas spécialement besoin de mots pour se comprendre et cela le rassura un peu.

Une fois le repas fini, Roksana se leva et débarrassa. Greg allait se lever pour l’aider aussi (après tout on était au 21ème siècle non ? Les hommes pouvaient bien faire autant de choses que les femmes au niveau domestiques, ce qui incluait la vaisselle) mais elle avait déjà tout débarrassée. La jeune femme revint ensuite vers lui et passa ses bras autour de son cou avant de commencer à y déposer des petits baisers. Il tourna un peu sa chaise et l’assit sur ses genoux avant de se saisir de ses lèvres, qu’il commença à embrasser tendrement. Mais Roksana semblait avoir une idée précise en tête puisqu’elle répondit de manière beaucoup plus passionnelle à son baiser. Il ne put retenir un grand sourire avant de se lever, Roksana dans les bras, et de se diriger vers leur chambre. Une fois arrivé, il la déposa doucement sur le lit et lui enleva son t-shirt avant de déboutonner sa chemise. Après tout, pour une fois qu’ils étaient à deux, il fallait en profiter non ? Alors il murmura doucement :
- Я тебя люблю*
A son oreille, sachant qu'elle allait être surprise de l'entendre lui dire quelque chose en russe et espérant que ça lui plairait avant de revenir se coller avec fougue à ses lèvres.

Roksana aimait avoir ce qu’elle voulait, quand elle le voulait. Un caprice en somme, une impression fugitive de puissance et de domination, même quand elle n’en avait pas l’air. Et là, elle voulait avoir un peu d’attention de Greg, tout simplement. Cela ne paraissait pas beaucoup mais à ses yeux, c’était très important. Une petite dose d’attention et de tendresse pour palier à ces semaines passées à ne faire que se croiser. Parfois le passage de Greg dans leur appartement se résumait aux draps défaits de son côté du lit et une tasse de café aux trois quarts vides sur le plan de travail de la cuisine. Ce qui n’était pas vraiment agréable pour une relation. Roksana trouvait pratique le fait de vivre avec un flic qui ressemblait plus à un fantôme niveau vie commune qu’à un homme, mais tout de même, il y avait des limites à tout. Et ce soir était justement le moment où les limites allaient être franchies alors autant en profiter. Ce n’était pas vraiment prémédité à la base, mais si l’occasion se présentait, Roksana, en opportuniste qu’elle était, n’allait surement pas laissé Greg aller se coucher bien tranquillement, même s’il était épuisé par ses heures supplémentaires.

Malgré son travail plutôt épuisant, Roksana restait en pleine forme, et quand il l’attira sur ses genoux elle ne résista pas bien longtemps pour s’y installer. Il prit ses lèvres en douceur, mais la jeune femme avait envie d’un peu plus que de tendresse ce soir. Son caractère russe, fort et impatient, faisait qu’elle n’avait pas du tout envie d’être traitée comme une poupée en porcelaine ce soir là. Elle répondit donc de manière un peu plus expressive à ses lèvres, passant ses mains sur le torse de Greg en défaisant les premiers boutons de sa chemise. Le policier n’eut pas besoin de beaucoup plus. La saisissant dans ses bras, il l’emmena à travers l’appartement jusqu’à leur chambre, et il la déposa sur leur lit avant de lui ôter son haut, la laissant en jean’s et talons, alors qu’il ôtait sa propre chemise. La jeune femme se mordit la lèvre inférieure, les yeux brillant ne quittaient pas le torse de son amant qui semblait prendre une éternité à se débarrasser de ses affaires. Mais elle fit un effort et prit son « mal » en patience. Il ne fallait pas trop en demander et surtout pas trop vite. Mais enfin, il s’allongea sur elle, murmurant à son oreille :

- Я тебя люблю.

Je t’aime… L’attention toucha Roksana. C’était adorable. Et c’était aussi la première fois que Greg faisait un tel effort. En deux ans il n’avait jamais rien apprit à dire. Mais alors l’accent… Dans une autre situation, elle aurait surement éclaté de rire. Mais n’en avait pas l’envie, ni le loisir.

- я тоже люблю тебя…*

Greg reprit ses lèvres avec passion et la jeune femme colla son corps au sien en détachant le jean’s du policier. Il était totalement inutile pour ce qu’ils avaient à faire, comme le reste de leurs vêtements. Le tout finit rapidement en boule au pied du lit, éparpillé aux quatre coins de la chambre pour permettre aux deux amants de profiter de l’un de l’autre totalement. Ils passèrent une bonne partie de la nuit à faire l’amour, à la plus grande joie de Roksana qui ne demandait pas mieux. Elle ne prit même pas le temps de regarder l’heure, qui devait être tardive, quand elle finit par se blottir contre le torse de Greg pour finalement s’endormir.

Quand elle s’éveilla, il était environ dix heures, et bien évidemment, elle était seule. Toute trace de Greg dans la chambre avait disparue. Il y avait longtemps qu’il était parti travailler, et la jeune femme ne pouvait rien y faire. Haussant les épaules, après un dernier soupire, elle réussi à s’extraire du lit. Elle aussi avait un travail. Même deux, et elle allait finir par être en retard.

Spoiler:

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- я тоже люблю тебя…*, lui répondit la jeune femme

Malgré sa parfaite ignorance du russe, Greg saisit parfaitement le message et replongea sur les lèvres de Roksana avec une passion dévorante. Toute sa fatigue accumulée avec cette journée plus qu’éprouvante avait disparue et il n’avait envie que d’une seule chose : profiter d’être avec la jeune femme et lui faire le plus de bien possible. Celle-ci semblait d’ailleurs vouloir la même chose puisqu’elle colla son corps au sien avant de déboutonner son jean, qu’elle balança au pied du lit. Greg fit de même avec ses talons et son jean avant de s’aventurer vers ses derniers vêtements qu’il enleva avec une lenteur volontaire et calculée. Il savait à quel point Roksana, par son caractère russe, n’était pas patiente, et il s’amusait parfois, comme ce soir, à en jouer pour faire durer le plaisir. Il recolla ensuite son corps à celui de son amante et ils passèrent une bonne partie de la nuit à faire l’amour comme jamais, leur plaisir démultiplié par le temps (trop long à leur goût) qu’ils avaient passé à attendre de pouvoir de nouveau profiter ainsi l’un de l’autre.
Lorsque Roksana finit par se blottir contre son torse avant de s’endormir, il regarda l’heure et décala le réveil. Il serait parti bien assez tôt de toute façon, et il voulait profiter un peu de la chaleur de la jeune femme contre lui pour une fois qu’ils ne faisaient pas que se croiser. Alors il caressa doucement les cheveux de celle-ci en la regardant dormir et finit par s’endormir à son tour.

Lorsque le réveil sonna, il se dépêcha de l’éteindre et alla se préparer. Qu’est-ce qu’il aurait aimé être dimanche ! Comme ça il aurait pu trainer au lit avec elle, ils auraient déjeunées ensemble et peut-être, avec un peu de chance pour que son portable ne sonne pas, passés la journée, tranquille, à deux. Mais nous n’étions pas dimanche et il devait aller bosser. Alors une fois prêt il alla récupérer ses affaires dans la chambre sans faire de bruit et déposa un baiser sur le front de Roksana, profondément endormie, avant de partir au Yard.