La journée avait été longue, très longue. Trop longue même. Et dès le départ, elle avait mal commencée. Néo n'avait même pas eu le temps de commencer son petit déjeuner qu'il l'avait déjà fini. La cafetière par terre, la main ébouillantée, et la bonne humeur au fond des chaussettes. La matinée n'avait pas été plus joyeuse, il avait échoué dans la plupart de ses expériences pour créer une arme bactériologique et les trois quart des souris utilisées étaient encore en vie, mais en plus en bonne forme. Non pas qu'il adorait tuer les souris, au contraire, mais dans certains cas, ça l'arrangeait considérablement qu'elles trépassent les pauvres petites. Pour en rajouter à sa bonne humeur, Noémie n'avait pas arrêté de le harceler et de lui tourner autour. Et enfin, un de ses voisins avait eu la bonne idée de lui rentrer dedans alors qu'il venait juste de se garer sur sa place de parking. Néo ne s'attachait pas tant que ça à l'apparence de sa voiture tant qu'elle était capable de rouler, et il songeait depuis longtemps à en changer. Mais là, son pauvre voisin avait eu un bref aperçu de l'enfer en tombant sur le propriétaire de la bagnole. Tant et si bien qu'il s'était presque mis à pleurer.

Néo monta les escaliers quatre à quatre sans même prendre la peine d'allumer la lumière. Il glissa la clef dans la serrure, déverouilla la porte, l'ouvrit et la referma après être entré. Il s'adossa au battant, souffla un grand coup et suspendit son imper à porte manteau. Son potable sonna. Il regarda le sms qui venait d'arriver.

"Das Geschäft ist abgesagt."

Allons bon, au moins, il n'aurait pas à resortir ce soir, la transaction était annulée.

"Warum ?" répondit Néo.

"Polizei."

Le mot était suffisament éloquent. Le coursier s'était chopper par les flics. Encore une bonne nouvelle en somme. Bon, il fallait relativiser, même si le gamin parlait, le Yard ne pourrait pas remonter jusqu'à lui. Mais le groupe venait de perdre au moins cinq cent grammes d'héroïne, et d'excellente qualité qui plus est.

Assommé par la nouvelle, Néo décida de se manger une tablette de chocolat au lait. Il ouvrit le placard de sa cuisine et... constata qu'il n'y avait plus une miette de chocolat.
En desespoir de cause, il glissa Dark Side of the Moon dans son lecteur de DVD, se jeta sur le canapé et alluma une cigarette. Il se laissa emporter par la musique et commença à chantonner.

A vu de nez, il s'était écoulé une quarantaine de minute durant lesquellles il n'avait cessé de fixer son plafond lorsqu'on sonna à la porte.

"Qui ça peut bien être ? Aller, je dirais... Au vu de ma chance... Les impots... Les flics... Un commenditaire mécontent qui vient me casser la gueule..."

Il alla ouvrir et tomba nez à nez avec la dernière personne qu'il avait envie de voir.

-Noémie... Que me vaut le plaisir... dit-il d'un ton qui ne laissait aucun doute sur ses pensées réelles.

"Eh ben voilà, la soirée aussi va mal finir !"

Il s'effaça pour la laisser entrer.

Que de mieux pour un jour de congé que de dormir le plus tard possible dans son lit, c'est à dire, environs 9h du matin (si si pour quelqu'un qui se lève tout les jours à 4h c'est très tard !!!!) et de passer la journée à la maison ?
Je n'avais pas eut de jour de congé depuis des lustres, et je comptait bien profiter de celui-ci pour faire ce que je voulais.

C'est pour ça qu'après un copieux petit-déjeuner dont moi-seule avait le secret (merci papa et maman), je me suis enfermé dans mon bureau/laboratoire/atelier/bibliothèque/autre pour tenter divers expérience diverses et variées, et j'ai envoyé tout les quart d'heure un sms à Néo pour savoir ce qu'il pouvais faire en cette si belle journée. Je fut un peu déçue de ne pas recevoir de réponses de sa part, d'habitude il répond au moins au premier.

Après un petit moment de réflexion, vous remarquerez qu'en fait, ce que je fait un jour de congé, c'est exactement ce que je fait un jour de travail. Sauf que je le fait chez moi et dans la cadence que je veux. Un nuance minime ? Mais ça fait toute la différence selon moi !!!!
La pression que peux nous mettre le chef de la section du développement de l'armement du M15 ne me permet jamais de mettre en application certaines hypothèses personnelles et qui ne sont pas approuvé par le big boss.

Les responsabilité, les procédures, les certificats, les autorisations... Tant de paperasse seulement destinée à nous ralentir !!! Au moins dans mon passé criminel, j'avais pu travailler à mon rythme et sans autre restriction que l'argent... et celle de la police, aussi... en effet.

Bref... Le seul problème quand on fait des expérience chez soi, c'est que l'appartement a beau être assuré en cas d'accident. Et en aucun cas elle ne peux accepter de rembourser les débats causés par une explosion qui mit le feu à mon logement, et ceux causés par la fumée se mettant à dissoudre tout les tissus qu'elle rencontre.
C'est après avoir quitté la zone à haut risque de justesse (merci mon instinct) que je me rendit compte que je n'avais pas fermé la fenêtre de chez moi et que plusieurs personnes de dehors s'étaient retrouvés dans une tenue assez débraillés. A ce moment-là, je me suis dit qu'il valait mieux changer de quartier définitivement si je ne voulais pas recevoir de menaces de morts.

Un autre sujet d'inquiétude me décida à quitter l'endroit en attendant que ça se tasse le plus vite possible. Il faut dire que quelqu'un réussissant à créer un tel tapage au beau milieux de Londres ne pouvait pas être n'importe qui. Si quelqu'un l’apprenait et voulait creuser la question, je n'allait pas être dans une position très envieuse.
Interpole n'avait pas mon vrai nom et juste une description extrêmement vague de moi (juste mon sexe et ma taille, même pas la couleur des yeux et des cheveux...). Et quand à l'IRA, ils étaient suffisamment loin pour que le simple fait de se faire oublier et de déménager réduirait la menace.

Je me suis donc retrouvée marchant dans la rue, avec juste un sac contenant le strict minimum que j'étais allé sauver des flammes, portable, tablette tactile, clef, portefeuille, et avec les vêtements que j'avais sur le dos, des baskets simples, un jean, un t-shirt d'un groupe de rock américain (le genre de t-shirt qu'on ne met que le dimanche) et une blouse blanche à moitié dissoute et brûlée. Mes cheveux étaient en batailles et j'avais de la suie qui trainait un peu sur mon visage, si bien que je représentait le cliché typique du savant fou qui venait de rater une expérience...

Et c'est dans cet état que j'ai frappé à la porte de Néo. Je savais qu'il était là vu que j'étais enfin arrivé chez lui en fin d'après-midi.
J'avais pensé à lui dès le départ pour me loger, tout d'abord parce que c'était une bonne occasion pour me rapprocher de lui, mais surtout parce qu'il m'avait une fois confié qu'il trouvait son appartement trop grand pour une seule personne.

Quand il m'ouvrit enfin la porte, il ne fit aucune remarque sur mon état, il semblait avoir eut une journée épouvantable.
Bizarrement, pour moi, malgré le fait d'avoir fait sauté mon chez-moi et dénudé mes voisins, je me sentait d'excellente humeur.
Je posais mon sac par terre après être entré et me retournait vers lui, un sourire aux lèvres, les mains dans le dos et le regard fuyant.

"Je n'ai plus de logement, il est partie en fumée, je peux loger chez toi ?" dis-je d'un coup.

*Voilà, comme ça, c'est dit... Cash.*

Néo fut carrément achevé par la nouvelle. Il s'appuya contre le mur pour éviter de se retrouver assis par terre. Là, maintenant, tout de suite, il pouvait définitivement déclarer cette journée comme officiellement pourrie. Il la classa de suite en tête du top dix et décida de rester coucher sous la couette la prochaine fois, plutôt que de s'obstiner à aller au boulot et compagnie.

Il fixa Noémie un long moment, assez longtemps pour que le lecteur DVD relance le disque et qu'il arrive à la troisième chanson.

-D'accord. dit-il d'un ton éteint. Mais je te préviens, mes placards sont vides, je n'ai pas eu le temps d'aller faire les courses, j'ai eu une journée épouvantable, je dors en caleçon et seul dans mon lit. Ta chambre est au fond du couloir, à droite.

Il retourna se vautrer sur le canapé et alluma une nouvelle cigarette. Il se dit qu'il avait tout interet à ralentir sa consommation s'il voulait faire quelques économies. Bon, et puis pour ses poumons aussi. Accessoirement.

-Ah, et le frigo aussi est vide. Et je suis mort. Et désolé pour le superbe accueil que je t'ai réservé.

Il se leva et alla dans la chambre de Noémie. Il prit des draps propres dans le placard, fit rapidement le lit, puis repartit rejoindre une nouvelle fois son canapé. Il fixa le mur derrière la télévision d'un regard vide.

-Au fait... La prochaine fois que tu m'envoies autant de sms, je porte plainte pour harcèlement sexuel. J'ai un ami au Yard qui n'appréciera probablement pas que son petit frère de coeur se fasse harceler comme ça. ajouta-t-il d'un ton morne.

Spoiler:

Je crus que j’allais devoir l'aider à se tenir debout si je ne voulais pas le voir s'étaler par terre. Non pas que cela me déplaise, mais nuire à la santé de quelqu'un n'était jamais une bonne idée pour se rapprocher d'elle. Apparemment il ne s'attendait pas du tout à ce que je lui dise ça, mais alors pas du tout. Il buga comme ça pendant un long moment, je choisit d'attendre patiemment qu'il se décide à parler plutôt que de m'occuper de lui et aggraver les choses.
Il finit par reprendre ses esprit et même accepta que je dorme chez lui !!!!

J'étais vraiment folle de joie qu'il accepte, même s'il y mit une tonnes de conditions pile après. Franchement, il aurait pu dire que je n'avait pas le droit de me laver et que j'allais dormir sur le carrelage, j'aurais quand même accepté de dormir chez lui. Enfin... Je ne me serais pas laissé mené par le bout du nez quand même... Je suis amoureuse, pas naïve !!!!
Mais bon, tout allais bien vu qu'il acceptait que je passe la nuit ici et j'avais une chambre pour moi toute seule. Tout le reste n'avait pas d'importance.

Tandis qu'il s'affala littéralement sur son canapé et qu'il alluma sa cigarette, je se dirigeai vers la chambre. Je posai mon sac avec un soupir de soulagement tout en parcourant des yeux MA chambre. Elle était simple et neutre, il y avait juste un lit au milieu avec deux tables de nuits et un lampe murale au-dessus. Sur le côté, à côté de la fenêtre, il y avait un grande armoire vide.

*J'ai pas grand chose à y mettre...*

J’eus à peine le temps de penser cela que Néo arriva et mit des draps à mon lit.

"Non mais attend je peux le faire, tu s... Bah... Merci."

Je me tus en voyant que malgré mes protestations il faisait la sourde oreille. Décidément, Néo était adorable, même épuisé, il s’excusait de faire un accueil minable et me préparait un lit pour dormir sans mon aide.
Je posai mes affaires, enleva ma blouse et partie le rejoindre. Il était de nouveau sur le canapé. Il semblait exténué. Le voir aussi affaiblit m'attendrit au possible et j’eus l'immense envie de l'embrasser.

Mais bon, vu qu'il venait de dire qu'il était à deux doigts de porter plainte pour agression sexuelle à cause de mes sms (c'est vrai que j'en avais envoyé un paquet aujourd'hui quand même...), je me retint de justesse. A la place, je me mis derrière lui et l'enlaça presque amicalement. C'est fou comme j'avais envie de me montrer douce et tendre avec lui, je ne pouvais pas m'en empêcher.

"D'accord, je vais tenter de me calmer... Mais en attendant, je vais m'occuper de toi ce soir. Comme tu l'as si bien dit, tu est crevé et je te suis redevable de m'accueillir chez toi."

M'occuper de lui... Ho oui comme j'avais envie d'être celle sur qui il se reposait... Et ce soir, je pouvais enfin le faire en partie.
C'est sur cette pensée que je me dirigeait vers la cuisine pour voir exactement ce qu'il voulait dire par placard et frigo vides... Ho ils n'étaient pas vraiment vides... C'est juste que les ingrédients disponibles n'étaient qu'en toute petite quantité et qu'ils étaient trop différents pour être associés dans un même plats.

*Gnihi... challenge accepted...*

J'avais exactement, des pâtes, du ketchup, une moitié de carotte, un reste de sauce bolognaise (mais vraiment un fond...) et de salade de betterave, trois pommes de terre et un fromage blanc. Je ne sais pas comment j'ai fait, mais j'ai réussi à tout utiliser.
J'ai fait un plat de pâtes avec un sauce ketchup-carotte-bolognaise (un mélange originale mais pas mauvais), à côté j'ai fait une mini-purée arrosée de jus de betterave qui la rendit rose (juste assez de jus pour changer la couleur mais pas le gout) et un fromage blanc sucré à l'aide de la betterave (cela rendait étrangement bien).

J'avais réuni tout cela sur deux assiettes et je fut satisfaite de voir que cela faisait des parts tout à fait convenables pour deux et que c'était mangeable. Je mis le tout avec un carafe d'eau et deux bières que j'avais eut la présence d'esprit d’acheter avant de venir chez Néo (c'était un moyen comme un autre de l'amadouer s'il n'avait pas été d'accord que je dorme chez lui) sur un plateau. Et le tout en main, je revint le poser devant le canapé.

"Ouf !!!... Va falloir faire des courses, parce qu'il n'y a presque plus rien pour manger demain matin." déclarais-je en m'asseyant.

Néo se tendit légèrement en sentant les bras de Noémie autour de lui, puis il posa une main sur celles de son amie. Après tout, elle n'allait pas le violer.... Enfin, il espérait qu'elle ne le violerait pas. Noémie avait la facheuse habitude d'être assez... imprévisible avec lui.

"D'accord, je vais tenter de me calmer... Mais en attendant, je vais m'occuper de toi ce soir. Comme tu l'as si bien dit, tu es crevé et je te suis redevable de m'accueillir chez toi."
-Pffff, tu m'es redevable de rien du tout. J'allais pas te laisser dehors quand même !

Il la regarda se diriger vers la cuisine et entreprendre une fouille méthodique des placards et du frigo. Il était curieux de voir comment elle allait faire pour cuisiner quelque chose de comestible avec des aliments aussi disparates. D'ailleurs, s'il se souvenait bien, il avait acheté de la betterave alors qu'il avait horreur de ça. Il avait du vouloir essayer de regouter.

Elle ramena le repas sur un plateau, accompagné de deux bières qui elles, ne sortaient certainement pas de son frigo. Il éteignit la musique et dégagea un peu de place sur la table basse pour qu'elle puisse poser le tout.
Finalement, cette fille pouvait être adorable lorsqu'elle ne le harcelait pas. Il se doutait qu'elle ne faisait pas ça sans raison, juste pour s'amuser. Parce qu'elle l'aurait fait avec d'autres personnes sinon. Ca faisait bien longtemps que Néo en avait tiré la conclusion qu'elle l'aimait, mais lui ne savait pas comment réagir. Il l'appréciait beaucoup, mais elle pouvait rapidement lui paraitre insupportable lorsqu'elle commençait à lui tourner autour comme une abeille autour d'un pot de miel.

"Ouf !!!... Va falloir faire des courses, parce qu'il n'y a presque plus rien pour manger demain matin." dit-elle en s'asseyant.
-Bah, au pire, on prendra un petit déjeuner dehors. Je dois avouer que je me suis un peu laisser pris de court par le temps... J'aurais dû les faire il y a trois jours déjà. Merci pour le repas.

Il lui lança un regard reconnaissant, accompagné d'un petit sourire en coin. Si Noémie n'était pas venu ce soir, il se serait probablement passé de repas, non pas par souci d'économie, mais par pure flemme. D'ailleurs, il aurait probablement fini par s'endormir sur le canapé sans même s'en apercevoir.

-Elles viennent d'où ces bières ?

Un simple geste affectif de la part de la personne qu'on aime peux vous chambouler toute entière. Le simple contact de sa main contre la mienne quand je l'avais enlacé m'avait presque fait rougir. Mais maintenant qu'il me remerciait et m'adressait un sourire, on pouvait dire que j'étais aux anges.
Son regard... Je pourrais m'y noyer sans l'ombre d'un hésitation...

Par je ne sais quel miracle, je réussi à me contenir et à ne pas me coller à lui pour m'y blottir. Mais on pouvait dire que c'était quelque chose qui me démangeait, mais d'une force...
Pour penser à autre chose, je décidais donc de répondre à sa question.

"Les bières ? Je les ai acheté avant de venir chez toi... J'ai cru me rappeler que tu aimais bien cette marque, non ?" répondis-je en revenant peu à peu à la réalité.

Je me mis à les ouvrir et en tendit une à Néo avant de porter l'autre à mes lèvres. Dès la première gorgée, je fit la grimace et la reposa sur le plateau.

"Haaaa... Trop amer, je m'en doutais... Je n'aime pas trop l'amertume." dis-je à Néo pour expliquer ma réaction.

Je n'aimais pas trop, je n'aimais pas trop... On pouvait dire que je détestais l'amertume !!!! Mon café avait toujours une quantité monstrueuse de sucre et de lait et tout aliments ayant le gout amer étaient bannis de mon régime alimentaire, le cacao à la limite pouvait peut-être passer, mais rien d'autre...
Pour me consoler de ce que je venait de boire, je pris mon assiette et commença à manger. J'étais assise les genoux repliés avec mon assiette dessus, de tel manière que je n'avais pas besoin de tourner la tête pour regarder Néo. La télé était devant le canapé, mais je n'avais pas envie de l'allumer, j'avais quelque chose, ou plutôt quelqu'un, de bien plus intéressant et bien plus beau à regarder.

"Dur journée ?" demandais-je entre deux bouchées pour faire la conversation.

Spoiler:

"Les bières ? Je les ai achetées avant de venir chez toi... J'ai cru me rappeler que tu aimais bien cette marque, non ?"

Néo hocha simplement la tête. Il se demandait comment elle pouvait savoir que c'était l'une de ses marques favorites et comment Noémie avait pu faire attention à ce genre de détail. Il prit la bouteille qu'elle lui tendit en la remerciant mais la posa sur la table. Il n'avait pas soif pour l'instant.

"Haaaa... Trop amer, je m'en doutais... Je n'aime pas trop l'amertume."

Néo ne put s'empecher de sourire devant la mine dégoûtée de son amie.

-A en juger par ta tête, je dirais plutôt que tu détestes ça, et pas que tu "n'aimes pas trop". Tu aurais dû n'acheter qu'une seule bouteille.

Il commença lui aussi à manger. Il trouva que Noémie s'était bien débrouillé pour cuisiner les restes. Non seulement son plat était tout à fait comestible, mais en plus, c'était même bon.

"Dure journée ?"

Néo avala quelques gorgées de bières avant de répondre.

-Plutôt oui. J'ai cassé ma cafetière, je me suis ébouillanté la main, la plupart de mes expériences ont échoué, tu m'as harcelé toute la journée, mon voisin du premier est rentré dans ma bagnole et... Enfin voilà quoi.

Aie aie aie, il avait faillit faire une belle bavure en parlant de la transaction.

-J'admets que ma voiture est une vraie ruine et que c'est un miracle qu'elle roule encore, mais ce n'est jamais agréable de se faire rentrer dedans. Ah oui, et je n'ai plus de chocolat.

Peut être que Noémie se ficherait de lui en entendant ça, mais il était sérieux. Pour tenir le choc dans son boulot, il carburait aux tasses de café noir et aux tablettes de chocolat au lait. Et en plus, le chocolat lui permettait de ralentir sa consommation de cigarettes. Il ne comprenait pas trop le lien entre les deux, mais ne se posait pas de questions non plus. Tant que ça marchait, c'était l'essentiel.

-Enfin, mon appart est encore entier, contrairement au tien apparement. D'ailleurs, sans vouloir te vexer, tu devrais aller prendre une douche... Tu sens le cramé à des kilomètres à la ronde, c'est assez insupportable. Et terrifiant. Qu'est ce que tu as fait exactement ?

"On va dire qu'il m'arrive de faire des choses parfaitement stupides quand il ne s'agit pas de mon travail..." avais-je répliqué devant sa remarque sur ma grimace.

Mais je n'avais pas pu m'empêcher d'afficher une mine réjouie malgré tout. J'avais réussi à le faire sourire, et rien que pour ça, j'aurai pu boire des litres de bière malgré l'amertume. Faire sourire Néo Cartwright aussi spontanément comme il venait de le faire à l'instant n'était pas une tâche facile avec l'humeur dans laquelle il était. Car en effet, il avait eut une journée épouvantable... de la matinée jusqu'au soir.

J'avais affiché une mine affligée quand il avait mis mes sms dans la liste des choses qui rendirent sa vie encore plus difficile. Je n'y pouvais rien si je ressentais le besoin de savoir ce qu'il faisait toute les deux minutes !!! Qu'est-ce qu'il ne comprenait pas dans le "Je suis folle de toi !!!!!!" qu'il y avait écrit sur mon front à chaque instant qu'il apparaissait dans mon quotidien ?

Un cafetière cassée, des expériences ratées, une bagnole cabossée, un manque de chocolat au lait... Cela faisait beaucoup pour une seule journée c'était vrai. J'espérais que j'allais pouvoir renverser la tendance pour la soirée. Et apparemment je l'avait réussi en partie en lui cuisinant quelque chose qu'il semblait apprécier et en lui apportant des bières. Un estomac plein c'est toujours bon pour le moral...

J'affichais une mine offusquée quand il critiqua mon odeur. Mais est-ce qu'il savait que j'avais faillit finir en petits morceaux aujourd'hui ?!!!! Ça avait faillit m'exploser au visage mon mélange !!! Enfin, non, évidemment qu'il ne le savait pas... Je lui avait dit que mon appartement était partit en fumée et il était évident que je n'avais presque plus rien, mais je ne lui avais rien raconté d'autre.
Ce fut à mon tour de raconter ma journée apparemment. Je posai son assiette qui était vide depuis un petit moment.

"Et bien... C'était mon premier jour de congé depuis pas mal de temps alors j'en ai profité pour faire des expériences et tester de nouveaux mélanges chez moi... Oui je sais c'est "travailler à la maison", ajoutais-je très vite pour enrailler toutes remarques de la part de Néo. Cela faisait pas mal de temps que j'avais voulu voir les effets que pouvaient avoir du sulfate d'hydrogène avec de l'hydrocarbure aromatique cristallin. En langage néophyte, j'ai mélangé de l'acide sulfurique avec de la TNT..."

Je restais silencieuse un moment, cherchant dans mon esprit la folie qui m'avait poussé à vouloir tenter ce genre de mélange dans un milieu si peu sécurisé qu'était mon propre appartement. L'habitude de faire des armes létales dans la pure clandestinité sans doute...
Rectification, il m'arrivait aussi de faire des choses parfaitement stupides, et même lorsqu'il s agissait de mon travail.

"Enfin... continuais-je avec un soupir. J'imagine que tu as compris que l'effet du mélange a un peu trop dépassé mes attentes... Je ne sais pas comment j'ai fait, l'instinct d'avoir fait la plus grosse connerie que l'histoire n'ai jamais connu après celle d'envoyer un chien dans l'espace peut-être, mais j'ai réussi à quitter la zone à risque avant que cela n'explose. Après, armée d'un extincteur, j'ai réussi à sauver mon sac qui contenait le minimum vitale à l'intérieur. Et c'est une fois dehors que je me suis rendu compte que la fumée dégagée par le feu était en train de dissoudre tout les vêtements de mes voisins et des gens dans la rue...

Je marquais une nouvelle pause pour lui laisser imaginer la scène. Personnellement, revoir tout ce gens en train de crier de surprise, et même de terreur pour certains, en voyant leur vêtements tomber en lambeaux me fit sourire et presque rire.

"Bref... Il était urgent que je change de quartier. Et de façon définitive d'ailleurs, ça deviendra risqué pour moi d'aller par là-bas dans les jours à venir..."

Je ne lui expliqua pas bien sûr les véritables risques que j’encourais à y retourner, il suffisait qu'un membre de l'IRA enquêtant sur cette explosion me vois y fouiner et me reconnaisse pour que je soit obligé de repartir en cavale. Et j'étais bonne pour aller jusqu'au Japon cette fois.
Étant de nature très, voir trop, expressive avec Néo, il était logique de n'y voir qu'une exagération de la colère de mes anciens voisins dans ce que je venait de dire. Ceux-ci doivent d'ailleurs être heureux de s'être enfin débarrassé de moi...

A en juger par l'air offusqué de son amie, Néo l'avait véxée. Il ne sut pas s'il devait s'excuser ou bien rester coi. Noémie commença à raconter ce qu'il s'était passé.

"Et bien... C'était mon premier jour de congé depuis pas mal de temps alors j'en ai profité pour faire des expériences et tester de nouveaux mélanges chez moi... Oui je sais c'est "travailler à la maison". Cela faisait pas mal de temps que j'avais voulu voir les effets que pouvaient avoir du sulfate d'hydrogène avec de l'hydrocarbure aromatique cristallin. En langage néophyte, j'ai mélangé de l'acide sulfurique avec de la TNT..."

Première erreur, la TNT faisait effectivement partie des hydrocarbures aromatiques cristallins, ce qui ne voulait pas dire que les hydrocarbures aromatiques cristallins étaient tous de la TNT. Il releva une deuxième erreur mais préféra en prendre mentalement note et ne pas interrompre son amie.

"Enfin... J'imagine que tu as compris que l'effet du mélange a un peu trop dépassé mes attentes... Je ne sais pas comment j'ai fait, l'instinct d'avoir fait la plus grosse connerie que l'histoire n'ai jamais connu après celle d'envoyer un chien dans l'espace peut-être, mais j'ai réussi à quitter la zone à risque avant que cela n'explose. Après, armée d'un extincteur, j'ai réussi à sauver mon sac qui contenait le minimum vitale à l'intérieur. Et c'est une fois dehors que je me suis rendu compte que la fumée dégagée par le feu était en train de dissoudre tout les vêtements de mes voisins et des gens dans la rue..."

Néo ne put s'empecher de rire en imaginant la scène malgré la gravité de la situation. Effectivement, les voisins avaient dû se sentir assez... démunis devant cet évènement. Quand au niveau de la connerie, elle avait, à son avis, largement dépassé celle d'envoyer un chien dans l'espace, mais il préféra garder cela pour lui. Il reprit son sérieux en se rappelant que la TNT pouvait être extremement toxique et cancérigène, au même titre que la plupart des hydrocarbures.


"Bref... Il était urgent que je change de quartier. Et de façon définitive d'ailleurs, ça deviendra risqué pour moi d'aller par là-bas dans les jours à venir..."

Il eut un un silence méditateur. Néo posa sa fourchette et finit par le briser.

-Bon. Premièrement, tu es une imbécile complètement inconsciente des risques que tu as pris. Deuxièmement, le nom de la TNT, c'est Trinitrotoluène, et non pas hydrocarbure aromatique, qui correspond à la famille dont il fait parti, au même titre que le benzène, et "cristallin" signifie qu'il est à l'état solide, sous forme de cristaux. Troisièmement, c'est le genre d'expérience qu'il vaut mieux faire sous la hotte, histoire d'éviter d'ingérer les dégagements gazeux toxiques, et avec des gants, des lunettes de protection et une blouse si tu veux éviter de graves brulures. Les hydrocarbures sont pour la plupart cancérigènes et toxiques.

Il marqua une pause. Il hésitait sur la suite de la conversation, mais se dit qu'il lui sauverait peut-être la vie s'il continuait.

-Surtout, si tes urines sont noires, tu fonces à l'hopital, parce que ça voudra dire que tu as ingéré de la TNT... Et là... Bonjour les dégats...

Néo se mit à fixer son assiette. Toute cette discussion lui avait coupé l'appétit. Non seulement parce que Noémie avait mis sa vie et celle de ses voisins en danger, mais en plus, parce qu'elle avait été assez stupide pour faire une expérience dangereuse dans un lieu qui n'était pas adapté ni sécurisé pour ce genre de mélanges chimiques. Même lui, en tant que chimiste professionnel au MI5, aurait hésité à faire ce genre d'expériences dans le cadre de son laboratoire.

-Je... Je suis désolé, mais ça m'a complètement coupé l'appétit... déclara-t-il d'un ton sincèrement navré.

Spoiler:

Je tenais une cuillère dans sa main pendant que Néo me parlait, quand il eut finit, je baissais mes yeux vers elle et me rendit compte que celle-ci était plié en deux. Je gardai un silence de glace le temps que je la pose lentement sur le plateau, le bruit de l'objet heurtant son nouveau socle le brisa et je se tournai vivement vers lui, j'étais furieuse.

"C'est agréable de voir que toi aussi tu me prends pour une petit idiote qui ne connais pas son sujet comme mon supérieur... Merci !!! Ce n'est pas comme si je le savais déjà tout ce que tu m'as dit !!!! C'est pas la peine de me donner des cours, je sais que j'ai merdé !!!!"

J'avais craqué. Le stress de se faire repérer pour une erreur aussi bête, plus le savon que j'allais me prendre avec mon patron qui ne se gênera pas pour affirmer sa supériorité le lendemain, plus ce qu'il venait de me dire comme si j'étais une apprentie complètement ignorante... Tout cela avait eut raison de mes nerfs.

Bon sang, je n'étais pas venue ici pour me faire rabaisser encore plus !!! Je m'en voulait suffisamment à moi-même pour qu'il en rajoute une couche !!!
J'avais envie de lui hurler que je maniais déjà ce genre de mélange dans des conditions encore plus exécrables alors que son seul problème à lui c'était de trouver une petite amie et de finir ses études, mais ma raison m'en empêcha. Inutile de réduire mes espoirs de conserver ma vie à Londres à néant sous un coup de tête.

"Et M*RDE à la fin !!! J'ai dit "TNT" en langage néophyte !!! C'était un truc équivalent, de la même famille !!! Je n'allais pas faire exploser un truc aussi toxique, je ne suis pas aussi conne !!!"

Je serrai les poings, j'étais maintenant à genou sur le canapé, face à Néo. J'avais une envie furieuse de le frapper, lui faire comprendre dans une gifle qu'il aurait mieux valu pour lui qu'il se renseigne un peu plus avant de me passer un savon. Mais je savais que je l'aimais trop pour lui faire le moindre mal, et ça peu importe à quel point j'étais furieuse.

"Ça m'énerve quand on me prend de haut comme ça !!! J'ai envie de... commençais-je en donnant des coups de poings sur le dossier du canapé. Ça me donne envie de... Rhaaaaa !!!!"

N'en pouvant plus, je me jetai sur lui pour l'embrasser. Il n'y avait aucun amour dans mon geste, enfin pas en majorité... Je l'avais embrassé parce que j'avais envie de le frapper et que j'en étais incapable. Et la seul manière de lui faire autant d'effet que s'il avait reçu une gifle, s'était de l'embrasser brusquement et rapidement.

Aussitôt après, je restait encore un peu mon visage proche du sien. Je le fusillais toujours du regard, des larmes de rage, de tristesse et un peu de trahison brillaient dans mes yeux. Je lui en voulait vraiment beaucoup pour avoir dit ça... Et bon sang, c'était le premier baiser que je lui donné et je l'avais fait parce que j'étais furieuse contre lui !!!! C'était trop injuste.
Je me levai et m'éloignai du canapé, les bras croisés.

"Je vais me doucher ou tu as autre chose à dire ?" ajoutais-je amèrement.

Spoiler:

Néo contempla la petite cuillère qui n'avait rien demandé à personne rendre son dernier soupir dans les mains de Noémie. Bon, ce n'était qu'une cuillère, pas besoin d'en faire tout un plat, il en avait plein d'autres dans son tiroirs à couvert. Il leva les yeux tandis qu'un tintement métallique retentissait et cru que son amie allait lui sauter à la gorge tant elle avait l'air furieuse.

"C'est agréable de voir que toi aussi tu me prends pour une petit idiote qui ne connais pas son sujet comme mon supérieur... Merci !!! Ce n'est pas comme si je le savais déjà tout ce que tu m'as dit !!!! C'est pas la peine de me donner des cours, je sais que j'ai merdé !!!!"

Néo dévisagea Noémie sans rien dire, mais il commençait à sentir son sang bouillonner à l'intérieur de ses veines. La journée avait été trop longue, trop fatigante, trop pourrie. Si Noémie continuait à hurler, il allait craquer. Et les dégats pouvait être assez importants.

"Et M*RDE à la fin !!! J'ai dit "TNT" en langage néophyte !!! C'était un truc équivalent, de la même famille !!! Je n'allais pas faire exploser un truc aussi toxique, je ne suis pas aussi conne !!!"

Il crispa ses doigts sur ses cuisses tandis qu'elle se mettait à genoux. Il aurait mieux fait de sortir ce soir, d'aller à son club de boxe par exemple, histoire de se passer les nerfs sur un punching ball, ou bien au gymnase, faire un peu d'escrime pour se vider totalement l'esprit. Mais non, au lieu de ça, il avait préféré essayer de se calmer en écoutant du Pink Floyd dans la pénombre, couché sur son canapé en fumant clope sur clope.

"Ça m'énerve quand on me prend de haut comme ça !!! J'ai envie de..."

Allons bon, après la cuillère, le canapé. Il commença à regretter sérieusement d'avoir accepté que cette espèce de furie dorme chez lui. Et puis, il ne l'avait pas spécialement prise de haut d'abord !

"Ça me donne envie de... Rhaaaaa !!!!"

Néo se figea et se mit instinctivement en apnée lorsqu'il sentit les lèvres de Noémie contre les siennes. Il ne réagit pas avant qu'elle s'éloigne de lui. Il s'était fermé comme une huitre, mentalement blindé.

"Je vais me doucher ou tu as autre chose à dire ?"

Il se leva en prenant un air menaçant, s'approcha de Noémie, et la saisit par le col.

-Ecoute moi bien Noémie, parce que je ne le répèterais pas deux fois. dit-il d'un ton glacial et dur. J'ai déjà eu une journée assez pourrie comme ça. Je ne me suis pas étendu sur le fait que tu m'as vraiment cassé les coui**es avec tes sms, parce que je fini par avoir l'habitude. Mais la prochaine fois que tu m'embrasses sans mon consentement, le fait de porter plainte contre toi pour harcèlement sexuel ne sera plus une menace mais une réalité. Je ne suis pas ton jouet. Je ne t'appartiens pas. Et même si j'épprouvais quelque chose d'autre que de l'amitié pour toi, ça ne te donnerais pas le droit de me harceler comme tu le fais sans arrêt.

Il la lacha et la repoussa légèrement.

-D'autre part, je ne t'ai pas prise de haut. Pas à mon sens en tout cas. Et si je disais tout ça, c'était sous le coup de la fatigue et de l'inquiétude, je n'ai pas réagit pour te rabaisser ni t'accabler de reproches. J'ai juste relevé deux ou trois erreurs assez graves histoires que par la suite tu évites ce genre de connerie. Et même quand je t'ai traité d'imbécile je ne le pensais pas sérieusement. Mais je vais peut-être changer d'avis finalement.

Il marqua une pause. Il ne quittait pas Noémie des yeux. Son regard était emplie de fureur glacée, et on aurait dit qu'il était prêt à lui sauter dessus pour la tabasser. Il serra les poings. Non, ce n'était pas une bonne idée.
Il finit par réussir à reprendre son sang-froid, au prix d'un effort qui lui parut surhumain.

-Va te doucher, ton odeur est une véritable infection. grogna-t-il enfin.

Une manière plutôt agréable de lui dire qu'en fait elle puait.

Spoiler:

Je n’avais jamais voulu mettre Néo aussi en colère, jamais. J’aurai préféré le réconforter avec la journée qu’il avait eue, j’aurai préféré être une source de soulagement pour lui et plus une source d’embêtement…
Mais cela avait été plus fort que moi, j’angoissais trop et être forcé à faire face à mes erreurs m’avais fait sortir de mes gonds. C’était peut-être vrai, il n’avait sûrement jamais voulu me prendre de haut, il s’était inquiété, c’est tout… Et moi, comment je l’avais remercié ? Je lui avais crié dessus et embrassé de force.
Mon dieu, je l’avais embrassé… Je l’avais embrassé et rendu furieux à cause de ça. Bien sûr qu’il n’était pas mon objet !!! Il ne l’avait jamais été !!! Il était… tellement plus que ça… Il était comme un soleil que j’essayais désespérément d’atteindre malgré tout ce qu’il y avait entre lui et moi. Il était tellement meilleur que moi…

Avant que je n’aie le temps de les retenir, des larmes s’échappèrent de mes yeux et coulèrent le long de mes joues. C’était à cause de la culpabilité, la honte de m’être comporté comme ça et la peur de la réaction de Néo qui s’était mise à m’envahir. Je restai contre le mur même quand il me lâcha enfin, je ne pris pas la peine d’essuyer le liquide qui coulait de mes yeux, de toute façon il n’était pas près de s’arrêter. Je pleurais littéralement en silence.
J’aurai voulu dire quelque chose, des excuses, m’expliquer… Mais si j’ouvrais la bouche j’allais finir par éclater complètement en sanglots.

Par un effort surhumain, je réussi à détourner la tête et cesser de le regarder et je partis d’un pas rapide pour m’enfermer dans la salle de bain. Cela avait toujours été une salle ou je me réfugiais, c’était la seule qui possédait un verrou dans la maison de mon enfance. Et quand on grandi avec un grand nombre de frères et sœurs qui sont tous plus grand que soit, on apprécie de pouvoir s’enfermer dans une pièce pour avoir enfin de l’intimité.

Je restai un petit moment recroquevillé sur moi, sous l'eau chaude à tenter de calmer les sanglots qui avaient finit par éclater. Tout en faisant sortir une bonne fois pour toute tout ce qui me pesait sur le cœur dans ces larmes je murmurai aussi des petits "désolé" inaudibles mais que je répétais inlassablement.
Au final, j'étais propre extérieurement et vidée intérieurement. Je me sentait mieux, je ne comprenais jamais comment faisaient les gens qui ne pleuraient jamais, comment faisaient-ils pour évacuer les sentiments trop lourds ?

Je mis le peignoir de Néo qui trainait par là, je ne pouvais pas remettre mes vêtements qui empestaient le brulé, ils méritaient d'être jetés à la poubelle. Il allait falloir demander à Néo de quoi me dépanner au moins pour la nuit et le lendemain. Vu que j'avais posé deux jours de congé, j'allais m'acheter tout ce qui me manquait demain.
Mais pour l'instant, je devais de nouveau lui faire face pour lui demander quelque chose de plus. Bizarrement, j'avais peur de le faire... Je déverrouillai la porte et posa ma main sur la poignet mais ne bougea pas plus, hésitante.

Néo regarda Noémie s'engager dans le couloir pour rejoindre la salle de bain. Il croisa les bras. Là, c'était clair et net, il resterait enfermé dans son armure pour le restant de la soirée. Soirée qu'il allait s'empresser de terminer sous la couette avec le bouquin qu'il lisait en ce moment. Un livre français pour une fois, un roman policier d'une certaine Fred Vargas. Il aimait bien l'ambiance particulière de ses polars, avec un héros plus que singulier. Même son nom était bizarre. Adamsberg.

Il lacha finalement un soupir. Ses pensées revenaient obstinément à Noémie. Il avait été brutal avec elle, peut être même violent. Il avait vu les larmes rouler le long de ses joues, de plus en plus nombreuses. Il n'avait pas voulu la faire pleurer, il n'avait pas voulu non plus être si dur avec elle. Mais elle avait dépassé les bornes en l'embrassant comme ça. Il s'était senti violé et humilié, bizarrement. Ça avait été la goutte d'eau qui avait fait non pas déborder mais carrément exploser le vase. Enfin, au moins, maintenant, il avait mis les choses au clair à propos de ses sentiments. Il ne l'aimait pas. Il ne ressentait que de l'amitié. Point final.

Il émit un sifflement agacé, toujours en fixant le couloir. Il aurait voulu être plus doux avec elle, plus délicat dans sa façon de la... repousser. Mais Noémie avait un don pour le faire sortir de ses gonds. Il n'osait même pas imaginer dans quel état elle serait le jour où il ramènerait une fille chez lui... Ou alors si elle tombait nez à nez avec Arya au détour d'une pièce un matin, après une de leur soirée bien trop arrosée.

-Si elle touche à un seul des cheveux de Ryry, je la torture jusqu'à ce qu'elle meure de douleur. pensa-t-il tout haut.

Ok, c'était peut être un peu exagéré... Mais il en aurait été réellement capable. Il fronça les sourcils. Il devait vraiment beaucoup apprécier la PA de Mycroft Holmes pour avoir envie de tuer Noémie de manière aussi atroce rien qu'à l'idée qu'elle puisse toucher à un seul de ses cheveux.

Il secoua la tête.

"Arrete de penser un peu... Ca te fera du bien, et Alistair sera content... Vu qu'il t'a demandé d'arrêter de réfléchir de temps en temps..."

Il se retourna et regarda longuement les assiettes encore pleines qui attendaient sagement, posée sur la table basse. Non, ils allaient probablement finir de manger tout de même, ce n'était pas la peine de débarasser. Pas encore.

Il entendit le verrou de la salle de bain et remarqua alors que son amie avait finit sa douche. Dans ce cas, pourquoi restait elle enfermée là bas ?

Néo prit son courage à deux mains, laissa une petite porte s'ouvrir dans son armure, et partit voir ce qu'elle faisait. Une pensée bizarre lui traversa l'esprit.

"Elle ne se serait pas suicidé au moins ?!"

Cela paraissait tout à fait absurde, mais sa journée avait été tellement pourrie qu'il n'aurait presque pas été étonné qu'elle finisse comme ça. Apres tout...

-Noémie... appela-t-il d'une voix douce. Ça va ?

Spoiler:

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J'avais finit par faire réagir Néo avec mon hésitation stupide d'hésiter à sortir d'une pièce. Bon sang mais je n'allais pas me mettre à marcher pied nu sur de la braise ou autre chose comme ça !!! Je devais juste sortir de la salle de bain, pourquoi j'avais un blocage comme ça ?!!!
Je dû me donner plusieurs gifles mentales pour réussir à ouvrir la porte en grand. Il était toujours là, légèrement inquiet. j'eus du mal à soutenir son regard longtemps, trop gênée par ce que j'avais fait, aussi fixais-je obstinément son col.

"Oui, ça va... Je... On peut dire à présent que je suis totalement démunie vu que je n'ai vraiment plus rien à me mettre sur le dos." finis-je par déclarer avec un mince sourire.

Je finit par lever les yeux et réussit à regarder son visage sans pleurer ni rien d'autre. Il était calme, sa colère n'était plus présente. Ça me rassura, c'était déjà ça en moins à craindre.
Mon sourire finit par s'élargir un peu plus et mon visage fut moins triste qu'il y avait quelques seconde. C'était un don qu'il avait sur moi, il me rendait heureuse, rien qu'avec un regard, un regard et sa voix... si douce...

"Je suis désolé pour tout à l'heure... C'était... Je ne voulais pas te frapper alors du coup j'ai fait autre chose, mais c'était encore pire." lui expliquais-je avant qu'une idée ne fasse briller mes yeux d'une lueur malicieuse. "La prochaine fois... Ça sera toi qui m'embrassera, je ne ferais rien avant, promis."

L'idée était amusante, la promesse de ne plus l'embrasser avant qu'il ne m'embrasse en retour. C'était un challenge pour moi, surtout qu'à ce moment précis je mourrais d'envie de me jeter sur lui pour le serrer contre moi et déposer milles baisers dans son cou. En fait voulais faire ça à chaque fois que je le voyais.
Mais j'espérais que cette promesse allait lui faire comprendre que l'autre fois, ça n'avait rien à voir avec ce que je ressentait pour lui et que jamais je n'aurai fait ça si je n'avais pas été aussi stressée.

Néo fut légèrement surpris de la voir enveloppée dans son peignoir... Mais en même temps, elle ne pouvait pas remettre des vêtements sales.

"Oui, ça va... Je... On peut dire à présent que je suis totalement démunie vu que je n'ai vraiment plus rien à me mettre sur le dos."

Il hocha la tête. Il était gêné, il ne savait pas quoi lui dire. Elle leva enfin les yeux vers lui et sourit. Il lui fit un tout petit sourire à son tour.

"Je suis désolée pour tout à l'heure... C'était... Je ne voulais pas te frapper alors du coup j'ai fait autre chose, mais c'était encore pire. La prochaine fois... Ça sera toi qui m'embrassera, je ne ferais rien avant, promis."

Néo n'aimait pas particulièrement la lueur malicieuse qui était apparue dans le regard de son amie.

-Je me demande...

Il s'interrompit. Non, il ne pouvait pas lui dire qu'il aurait sans sans doute préféré se prendre une gifle plutôt que se faire embrasser. Il lui en avait déjà envoyé assez comme ça dans la figure. Ce n'était pas la peine d'en rajouter, ni de la faire culpabiliser plus que de raison. En attendant, elle risquait d'attendre longtemps avant que lui ne l'embrasse. Mais ça aussi, il le garda pour lui.

-Hum, n'en parlons plus... Quant à moi, je suis vraiment désolé de t'avoir fait pleurer...

Il baissa les yeux en disant cela.

-Tu crois que tes vêtements sont à peu près récupérables si on fait une lessive ? Parce que je veux bien te passer quelque chose pour dormir, mais je ne pense pas que sortir dans la rue avec mes habits soit une bonne idée, à moins que tu veuilles te retrouver à moitié à poil.

Il leva les yeux vers elle et afficha un sourire goguenard. L'imaginer avec le pantalon descendu jusqu'aux chevilles au beau milieu de Trafalgar Square avait quelque chose d'amusant, mais elle ne serait probablement pas ravie de se retrouver dans cette situation, elle. Quoique, elle serait capable d'en tirer profit en se disant que Néo-son-grand-amour -"hahaha la bonne blague"- aurait probablement une belle occasion d'admirer ses jolies petites fesses sans qu'elle l'eut fait exprès. Son sourire se figea légèrement.

Évidemment il ne me prenait pas au sérieux. Est-ce qu'il ne comprenait pas ce qu'elle venait de lui offrir ? Un assurance qu'elle ne le considèrera jamais comme un objet ou tout autre chose... Ce n'était peut-être pas assez évident pour lui.
Mais en tout cas, il semblait vraiment désolé de m'avoir fait pleurer. Heureusement, il était humain après tout, non ? J'haussais les épaules face à ses excuses, je n'avais pas tellement envie d'en reparler pour le moment.

"Mes vêtements ?"

Je jetais un regard désolé au tas de vêtements derrière-moi.

"J'ai bien peur qu'ils soient irrécupérables... Mais ne t'inquiète pas, demain c'est dimanche... Je m'achèterai tous ce qu'il me manque."

Un grand sourire apparu sur mon visage.

"Par contre ça veux dire que je vais devoir mettre temporairement tes vêtement, demain aussi !!!"

Même si la taille risquait de poser problème, je n'avait aucunement peur du ridicule et l'idée de mettre des vêtements de Néo m'amusait vraiment beaucoup pour y voir un seul inconvénient.

"Mais on s'en préoccupera demain de ça non ? Je peux mettre quoi ce soir ?"

Car ce n'était pas que de rester avec si peu de vêtements devant l'homme de ses rêve me gênait... Mais c'est qu'il commençait à faire vraiment froid.

-Mes vêtements ? J'ai bien peur qu'ils soient irrécupérables... Mais ne t'inquiète pas, demain c'est dimanche... Je m'achèterai tous ce qu'il me manque.

Néo suivit son regard et fixa brièvement le tas de vêtements de Noémie. Effectivement, il doutait que l'odeur s'en aille, même au bout d'une bonne centaine de lessives... Mais tant pis...

-Par contre ça veux dire que je vais devoir mettre temporairement tes vêtement, demain aussi !!!

« Oh youpigénialsupertopmégacooldelamortquituedel'enferyesyesyes !!! »

Bon, de toute façon, il n'allait pas la laisser à poil non ? Quand même !

« Les cauchemars, je péfère éviter...... Et si j'arrêtais d'être aussi dégueulasse avec elle ? On va faire un effort hein.... »

-Mais on s'en préoccupera demain de ça non ? Je peux mettre quoi ce soir ?
-Mmmm ça dépend... Si tu es frileuse ou pas...

Néo la prit doucement par le poignet et l'entraina derrière lui vers sa chambre. Il ouvrit son placard. Il hésita un bref instant en regardant le contenu dudit placard.

-Oh, prend ce que tu veux après tout... De toute façon, je ne pense pas avoir quelque chose de vraiment à ta taille ici.

Bon, il y avait bien le t-shirt Pikachu d'Arya, mais il était dans le panier du linge sale, et surtout... il était à Arya. Il eut un petit sourire en repensant au moment où il l'avait trouvé. Puis il reporta son attention sur Noémie.

-Tout sauf ma tenue d'escrime je veux dire...

La jeune femme ne devait pas être stupide au point de vouloir dormir dans une tenue d'escrime, mais après tout, pourquoi pas... Surtout que ça devait être assez inconfortable.

-Tu sais quoi, je me disais qu'en fait... Ca doit être vachement interessant pour des strip-teasers ta fumée dissolvante pour tissus... Tu devrais essayer de poser un brevet, voir si ça marche... dit-il d-un ton amusé mais tout de même sérieux.