Je ne travaillais pas aujourd'hui, non pas que je n'aimais pas ça, mais cette fois, cela n'avait pas été volontaire.
Mon supérieur avait eut vent de l'explosion de mon ancien appartement à cause d'un simple mélange d'acide sulfurique et de nitroglycérine, et il m'avait passé un savon mémorable durant tout la matinée lorsque j'étais venu au labo. Puis, sans aucune raison, ou plutôt le prétexte stupide qu'il avait assez vu mon visage pour la journée, il m'avait congédié en me priant de ne revenir que le lendemain.

En fait, mon patron ne m'avait jamais compris. J'étais intelligente et n’hésitais pas à prendre des risque pour mettre au point une meilleur une arme, et lui il me voyait comme une petite fille inconsciente et écervelée. C'est pourquoi quand il avait appris qu'à cause d'une expérience qui avait mal tourné, j'avais mit le feu chez moi, il en avait profité pour mettre en avant toute sa supériorité.
Encore, cela ne me dérangeait pas plus que ça, des savons j'en ai déjà eut et il suffit de faire la sourde oreille et d'attendre que la personne finisse de déballer tout ce qu'elle a sur le cœur en hochant la tête avec une mine affligée. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'il avait osé m'interdire l'accès aux labo pour la journée.

Je n'avais rien a faire chez moi, ou plutôt chez Néo.
Je n'avais plus rien, j'avais racheté des vêtements et des affaires quelconques, bien sûr... Mais pour me refaire le mini-laboratoire que j'avais fait dans mon ancien appartement, il allait me falloir des mois et des mois pour enfin rassembler tout le matériel nécessaire... Tout était partie en fumée.
C'est pour ça que je tournait en rond chez Néo, comme un lion en cage. J'avais fait des courses, lavé et rangé chaque pièce, préparé des plats divers... Mais maintenant qu'il n'y avait plus rien à faire ici, je m'ennuyais ferme.
J'avais horreur de l'ennui, de l'inaction, cela me donnait l'impression de me ramollir et de devenir toute molle. C'était plus fort que moi, il fallait que je fasse quelque chose, n'importe quoi.

Puis, dans ma tête, un phrase de Néo me revint.
"Son frère de cœur"... Il travaillait à Scotland Yard... Une idée intéressante... Oui... J'allais lui rendre une petite visite pour voir qui pouvait être cette personne qui semblait si importante pour Néo et qui semblait avoir Néo en grande estime. Il se considéraient comme des frères... J'étais curieuse de voir qu'il pouvait être.
C'était décidé, j'allais sortir et aller à Scotland Yard... Je revêtit un jean, un T-shirt blanc simple, une veste en cuire et un écharpe de tissus, et je descendit dehors.

Je ne mit pas si longtemps que ça pour aller à Scotland Yard, je pensais mettre plus de temps vu que j'y allais à pied.
En fait, je mis plus de temps à chercher le bureau de la personne que j'étais venu voir, Néo m'avait donné son nom quand il m'avait parlé de lui mais pas son métier exacte, et j'avais le plus grand mal à m'orienter dans l'immense bâtiment policier.
Si bien que quelque temps après mon entrée (j'avais pu passer facilement l'entrée grâce à mon travail au MI5), je m'étais totalement perdue.

Cela faisait bizarre de se retrouver ici, j'avais l'impression d'être dans la gueule du loup alors que le loup ignorait totalement que j'y étais.
J'étais dans l'endroit où on ne devait jamais aller quand on était recherché comme moi, mais aucune des personnes présentes ne savaient qui j'étais, alors je pouvait y déambuler librement. C'était bizarre, j'avais l'impression folle qu'à un moment ou à un autre, on allait me reconnaître et qu'une tonne de policiers fonceraient sur moi pour me mettre en prison. Et même si c'était une impression qui n'avait aucun sens, cela me rendait un peu paranoïaque.

A force d'aller et venir dans tout les sens, je finit par me retrouver devant une machine à café devant laquelle un jeune homme faisait une pause dans son travail, tout en pianotant sur son I-phone. Je me rendit compte que j'en avais bien envie moi aussi, d'un café. J'étais un peu habitué à ma dose de caféine par jour pour garder mon esprit en éveil lors de mes expériences et je commençait à en manquer.
Je glissait donc une pièce dans la machine et prit un café au lait, extrêmement sucré, j'avais horreur de l'amertume...

Et tout en buvant ce nectar réconfortant, j'observais le jeune homme qui n'avait pas bougé à mon arrivée. Il semblait ne pas vouloir quitter des yeux le petit écran qu'il tenait dans sa main, il était plutôt grand, assez fin, il avait des lunettes et des cheveux clairs en batailles qui lui donnaient un air fou contrastant avec sa mine plutôt concentrée.
En arrivant à la moitié de mon gobelet, je pris mon courage à deux mains et je m'approchai de lui pour lui adresser la parole.

"Euh, excuser-moi, je cherche Greg Lestrade... Vous savez où est son bureau ?" lui demandai-je avec un petit sourire.

Mardi 6 novembre 2012, 6h du matin
En me levant, mon premier réflexe est d’allumer mon portable puis, une fois dans la cuisine, d’allumer la radio avant de finalement commencer à me préparer mon petit-déjeuner. J’ai à peine le temps de prendre ma bouteille de lait dans le frigo que j’entends la nouvelle que je veux savoir : « Bonjour ! Et c’est l’information du jour, Barack Obama vient d’être réélu président des Etats-Unis cette nuit. Les chiffres précis ne sont pas encore connus, le dépouillement ayant encore lieu dans certains états, mais il a d’ores et déjà recueillis le nombre de grands électeurs nécessaires. C’est donc à quatre années de plus en tant que président que Barack Obama se prépare…. ». Je souris à pleine dent en me versant une tasse de lait que je mets à chauffer. Au milieu des bombardements à Gaza, des affaires de meurtres et de la crise financière, enfin une bonne nouvelle ! Evidemment, j’avais suivi les élections avec un grand intérêt depuis des mois : après tout ce n’est pas tous les jours qu’un des pays les plus puissants du monde élit son président. J’avais regardé les débats, suivi les sondages, espérer qu’Obama se fasse réélire…les gens auraient presque pus croire que j’étais américain tellement je m’étais passionné pour ces élections ! Et finalement Romney avait perdu. Je mangeai tranquillement mon petit-déjeuner en écoutant la radio. Oui, ça allait être une bonne journée.

Mardi 6 novembre 2012, 10h
N’ayant rien de passionnant ou d’urgent à faire aujourd’hui, les cybercriminels s’étant apparemment mis en congé, je navigue de site en site sur internet pour connaître les chiffres exacts du scrutin. Finalement, malgré ce que disaient les sondages, le résultat est serré mais pas autant qu’on aurait pu le croire. Au fur et à mesure que les heures passent, les chiffres arrivent. Sauf pour la Floride mais c’est classique : c’est toujours la pagaille en Floride lors des élections. Après tout il n’y a que chez eux qu’on a recompté les voix un mois lors des élections présidentielles il y a quelques années.

Mardi 6 nombre, 10h30
J’ai décidé de faire une pause et suis donc allé me chercher un chocolat à la machine à café. Je pianote sur mon portable tout en le buvant et lis le discours de victoire d’Obama. Comme d’habitude il a su utiliser les mots qu’il fallait et rallier les américains à sa cause. Entre l’évocation des valeurs du pays et l’éloquence naturelle d’Obama, ce discours est vraiment un modèle du bon discours par excellence selon moi…

- Euh, excuser-moi, je cherche Greg Lestrade... Vous savez où est son bureau ?

Je relève soudain les yeux de mon iPhone et regarde la personne qui m’a parlé. C’est une jeune femme blonde et souriante. Qui n’est clairement pas de Scotland Yard mais semble connaître Lestrade puisqu’elle connaît son prénom. Lestrade…c’est le patron de Garance. Je ne l’ai qu’aperçu, un jour en croisant Garance. Nous nous sommes simplement salué mais Garance m’a un peu parlé de lui. Elle le respecte énormément (ce doit bien être le seul de Scotland Yard qu’elle respecte d’ailleurs !) et semble beaucoup l’apprécier. Enfin bref. Je me reconcentre sur la jeune femme. Son bureau ?

- Oui, lui dis-je avec un sourire. 3ème étage. Vous voulez que je vous accompagne ?

Pour mon plus grand soulagement, le jeune homme répondit par l'affirmative, et avec un grand sourire soit dit en passant. Je le lui rendit avec joie. Le sourire de cet personne était étrangement contagieux. C'était agréable.
Il me proposait de m'y accompagner. Me rappelant comment j'avais réussi à me perdre dans cet endroit, être accompagné n'était pas du luxe.

"C'est très gentil de votre part, je suis tellement perdue que je ne sais même pas à quel étage nous nous trouvons..." avouais-je en me grattant la tête d'un air gêné et parfaitement stupide, mais ça collait tellement bien avec ma situation.

Et c'est ainsi que je me retrouvais avec ce jeun homme, enfin dans la direction pour rencontrer le frère de cœur de l'homme qui s'était emparé du mien. Je profitait du trajet et du fait que je n'avais pas à me soucier du trajet à prendre pour me présenter.

"Moi c'est Noémie Buckingham, enchantée... Je travaille au MI-5, au centre de recherche. Et je suis en collocation avec un ami d'enfance de Greg Lestrade, c'est pour ça que j'avais voulu le rencontrer. Je suis curieuse de nature... Et vous ? Vous faites quoi ici ? Vous arrêtez les méchants ?"

J'étais curieuse de savoir qui était mon bon samaritain et me demandait si je devait m'imaginer la même personne me passer les menottes un jour ou l'autre ou s'il faisait quelque chose d'un peu moins... cliché...
J'écoutais sa réponse avec l'air le plus attentif qui soit... un air attentif qui n'était aucunement feint. Au moins ce n'était pas lui qui allait m'arrêter sur le terrain... Mais il était sûrement capable de me démasquer s'il creusait très profondément dans mon identité.

En arrivant enfin au bureau de Greg, j'eus la mauvaise surprise d'apprendre qu'il n'était pas là aujourd'hui. Je fit un grimace et croisait les bras d'un air fâché et boudeur. J'allais faire quoi moi maintenant ?!!!

"C'est bien ma veine" laissais-je échapper.

- C'est très gentil de votre part, je suis tellement perdue que je ne sais même pas à quel étage nous nous trouvons... m'avoua le jeune femme

C'est sûr que si on ne connaissais pas, il était facile de se perdre au Yard.

- Moi c'est Noémie Buckingham, se présenta-t-elle. Enchantée... Je travaille au MI-5, au centre de recherche. Et je suis en collocation avec un ami d'enfance de Greg Lestrade, c'est pour ça que j'avais voulu le rencontrer. Je suis curieuse de nature... Et vous ? Vous faites quoi ici ? Vous arrêtez les méchants ?

Le MI-5? Elle attira d'un coup mon attention. Je ne l'avais jamais croisé. Mais il était vrai que je ne m'étais que rarement rendu au centre de recherche. Peut-être une fois ou deux seulement.

- Enchanté. Je m'appelle Théodore Hemingway. (Je souris à la fin de sa phrase) Non, pas vraiment. Enfin... si, mais les cyber-méchants. Je travaille dans la cybercriminalité. Je traque les criminels de l'informatique. Je sais, ça a beaucoup moins la classe que d'arrêter les grands criminels sur le terrain., lui dis-je avec un sourire.

Finalement nous arrivâmes au bureau du patron de Garance. Mais apparemment il n'était pas là aujourd'hui. Dommage pour Noémie. Elle ne semblait d'ailleurs pas très contente et croisa les bras d'un air boudeur. On aurait dit une enfant; c'était assez drôle et mignon à voir.

- C'est bien ma veine...

- Je suis vraiment désolé pour vous. Peut-être que vous devriez revenir demain, lui conseillai-je.

Elle me remercia et me demanda à quelle heure je finissais. Je fronçai les sourcils. En quoi cela pouvait-il l’intéresser ? Mais elle m’expliqua qu’elle avait des conseils à me demander, à propos d’ordinateurs et de logiciels de simulation scientifique.

- Je finis à 18h.

Elle sourit et m’invita à la retrouver à un pub pas très loin du Yard, ce que j’acceptais, puis retournai travailler après lui avoir indiqué comment sortir du bâtiment (vu son sens de l’orientation, mieux valait prévenir que guérir)

Vu que sa rencontre avec Greg était compromise parce que môsieur le policier de scotland Yard avait décidé de ne pas être là de la journée, je dû trouver rapidement quelque chose à faire pour ne pas rester inactive de la journée... Et puis quoi encore !!!!
Au niveau achat d'affaires en tout genre (vêtement, brosse à dent, etc...), j'avais déjà pris tout ce qui m'était nécéssaire. Je n'avais jamais eut vraiment besoin de beaucoup de chose contrairement à la majorité des femmes. Quand on risquait de devoir prendre la fuite à chaque fois que sa fausse identité était menacée, on avait de petits bagages.

Par contre, je ne m'étais pas encore reconstruit de laboratoire personnel. Il était vrai que vu que le dernier avait causé la perte de mon appartement et de toutes mes affaires, je ne devrais pas être motivé pour en refaire un autre...
Mais pour moi, me faire un laboratoire était indispensable. Au MI-5 je ne pouvait pas mener toutes les expériences nécéssaires pour répondre aux attente de Moran, mon patron officieux. Et en plus, mener des recherches non autorisées pouvaient me couter ma place et ça c'était hors de question.

Je devais me reconstruire un laboratoire clandestin, mais cette fois dans un endroit abandonné de Londres, chez Néo c'était tout simplement impossible.
Mais j'avais toutefois envie d'y avoir un ordinateur de simulation, cela me permettait de continuer mes recherches sans pour autant mettre en danger le logement de l'homme que j'aimais.

C'est pour ça que je n'ai pas trop hésité à demander à revoir Théodore quand il aurait finit de travailler. Je n'avais encore jamais acheté d'ordinateur de ce genre et il s'y connaisserait peut-être mieux que moi.
Et puis c'était aussi un peu pour pouvoir faire mieux connaissance avec cet homme. Ce n'était pas tout les jours qu'on croisait quelqu'un avec un sourire aussi eclatant et atendrissant, aussi j'avais envie de mieux le connaître, de me lier d'amitier.
Ce n'était peut-être pas très judicieux de sympatiser avec quelqu'un travaillant à Scotland Yard mais sur le moment je m'en fichais complètement.

Après l'avoir remercié de m'avoir indiqué où était la sortie, je quittait enfin la gueule de loup dans un soupir de soulagement.
Vers 18h, j'arrivai au pub où j'avais donné rendez-vous à Théodore et m'assit à une table d'où je pouvait voir l'entrée. Dès qu'il entra, je lui fit de grands signes pour qu'il me repère et vint à sa rencontre avec un sourire, j'étais beaucoup moins crispée que tout à l'heure et ça se voyait.

"C'est gentil d'être venue... Ca ne vous a pas mit mal à l'aise j'espère ?!! Enfin bref... Vous buvez quoi ?"

Dans un pub, on commençait toujours par le plus important avant de parler de ce pourquoi on s'était donné rendez-vous.