- Non !! Mais c’est pas possible, où je l’ai mise cette clé ??????

Je continuai à retourner tout mon appartement, en vain. Depuis ce matin, je la cherchais.
Tout avait commencé normalement : je m’étais levé, j’avais allumé mon ordinateur et je m’étais préparé un petit-déjeuner que j’avais finalement pris devant celui-ci. Et puis j’avais eu besoin de cette clé. Ou plutôt d’un code sur cette clé. Sauf que voilà : je ne savais plus où je l’avais mise. Enfin, je pensais le savoir, mais après 1h à retourner mon appartement, il était évident que je l’avais égarée. Je râlais contre moi-même et mon côté tête-en-l’air, lorsque j’eus un flash. Mais bien sûr !!! Je lui avais passé la semaine dernière !! Elle avait eu besoin d’une clé USB (je ne sais plus pourquoi d’ailleurs) et je lui avais passé celle que j’avais à ce moment-là ! Sauf que je ne me souvenais plus que c’était précisément celle avec le code dont j’avais besoin maintenant. Je regardais l’heure : 11h. Parfait, elle devrait être chez elle, et réveillée. Je m’habillais donc en vitesse, prenant le premier jean et le premier t-shirt qui me tombaient sous la main, avant de fermer l’appartement et de sortir.
L’air était déjà chaud, et je n’osais pas imaginer la chaleur qu’il ferait cet après-midi ; les Londoniens et les touristes étaient nombreux dans les rues et je m’amusai à les observer. Lorsque j’arrivais devant l’immeuble où habitait Alexis, je rentrai et montai jusqu’à chez elle. Là, je frappai. J’entendis Alexis lancer un faible « j’arrive » avant de finalement ouvrir. Dès que je la vis, je compris que quelque chose n’allait pas. Elle d’habitude si souriante avait une mine sombre, et des cernes étaient apparues sous ses yeux. Elle faisait peine à voir et d’instinct, je voulus savoir ce qui n’allait pas et l’aider. Je rentrai donc sans attendre qu’elle m’invite (de toute façon, depuis le temps, on ne se formalisait plus de ce genre de chose) et l’emmenait avec moi jusqu’à son salon avant de m’assoir à côté d’elle sur le canapé et de la regarder.

- Alexis…qu’est-ce qui va pas ? Dis-moi, lui demandai-je d’une voix douce en prenant instinctivement sa main dans la mienne

-Thé...Théodore ?

Elle était visiblement surprise de me voir. Ajouté à sa tenue, un simple pull et un « pyjama » et à son visage, cela me confirma que décidément, ma meilleure amie n’allait pas bien du tout. Je l’emmenai donc dans le salon et l’assit à côté de moi sur le canapé en lui demandant de me dire ce qui n’allait pas. Je sentis sa main se serrer autour de la mienne et la vit se mordiller la lèvre inférieure, signe qu’elle avait surement quelque chose sur le cœur, mais qu’elle n’osait pas me le dire (ou se demandait si elle le devait). Je continuai donc de la regarder avec un regard doux, espérant qu’elle se décide à me le dire. Je ne supportais pas de voir mes proches se sentir mal et la voir dans cet état me serrait le cœur et me causait une peine inimaginable pour elle. Finalement, elle détourna le regard et me dit :

- Ne t'en fais pas... Ce n'est rien. Je... euh... Je suis juste un peu fatiguée, c'est tout...

Avec ce qu’elle tentait de faire ressembler à un sourire.
Je soupirai et gardai sa main dans la mienne. Elle croyait vraiment que j’allais avaler ça ? Alors que je ne l’avais jamais vu aussi mal, même dans les pires moments de fatigue ?

- Alexis, Alexis, Alexis.., fis-je en secouant la tête

Je regardai la tasse posée sur le meuble télé. Je me levai et allait la prendre avant de la mettre dans les mains d’Alexis.

- Bon, je vais aller me préparer un chocolat ok ? Et après…on verra. Reste là.

Je me dirigeais dans sa cuisine pour me préparer ce chocolat quand je m’arrêtais net à l’entré de celle-ci. Ça sentait le tabac. Un coup d’œil sur le plan de travail me permit de voir une cigarette à moitié fumée dans un cendrier. A côté d’un paquet presque vide. Je n’avais jamais vu Alexis fumer et je me demandai donc en combien de temps elle avait pu finir ce paquet. Pas très vite surement. Mais cela ne me rassura pas pour autant : que ce soit régulier ou occasionnel, fumer n’était jamais bon. Je pris le paquet et revint vers ma meilleure amie, toujours assise sur le canapé, sa tasse fumante entre les mains.

- C’est quoi ça ?, dis-je en exhibant le paquet d’un air accusateur. Tu sais à quel point c’est dangereux de fumer sweetie ? ça te détruit tout ! Ça te tue les poumons, le cœur, ça te jaunit les dents et la peau, ça te bouche les artères…ça peut te faire perdre l’audition aussi ! Ou carrément avoir un cancer ! Et puis ça te fait mourir plus jeune…

Je savais qu’elle le savait, mais c’était plus fort que moi, je m’étais laissé emporter. Je savais à quel point fumer était nocif, et je ne voulais voir ma meilleure amie mourir d’un cancer à cause de cette saloperie.

Je vis Alexis devenir de plus en plus contrarié, ce qui me fit encore plus regretter de lui avoir dit ça. Après tout, qu’est-ce que ça pouvait me faire qu’elle fume un peu ? Je n’étais pas son père, et elle était assez grande pour faire ce qu’elle voulait ! Mais…je ne sais pas, lorsque j’avais vu le paquet ça avait été plus fort que moi. Je ne voulais pas que ma meilleure amie se tue à petit feu. En fait entre ça et la tête qu’elle faisait lorsque j’étais arrivé, je m’inquiétais de plus en plus pour elle. Et le fait qu’elle ne veuille pas me dire ce qui se passait ne faisait que m’intriguer davantage. Et me peinait aussi un peu. C’est vrai quoi ! Alexis était ma meilleure amie, ma seule amie même à vrai dire, et je n’aimais pas la voir comme ça. Elle se redressa subitement, et se dirigea d’un pas décidé vers moi. J’allais m’excuser lorsqu’elle m’arracha méchamment le paquet des mains et me flanqua un coup de coude dans les côtes qui me fit tomber sur le canapé. Canapé dans lequel je restai affalé, abasourdi. Alexis n’était pas d’une nature violente, elle n’aurait pas fait de mal à une mouche et j’étais donc plus qu’ébahi par son geste. A vrai dire, elle m’avait même fait mal. Je me redressai et portait une main à mes côtes avec un légère grimace avant de lancer un regard vers elle. Elle me regardait à présent d’un regard noir, un de ces regards qui nous faisait remercier l’expression « si les regards pouvaient tuer »…de n’être qu’une expression ! Elle me regarda ainsi pendant un moment qui me sembla interminable avant de se reconcentrer sur sa tasse. Je cherchai quelque chose à dire pour rattraper la situation alors qu’elle buvait son thé. Alexis et moi ne nous étions jamais vraiment « engueulés ». Ils nous arrivaient d’avoir des opinions qui divergeaient sur certains sujets, et nous essayions alors à tout prix de convaincre l’autre que nous avions raison, mais ce n’était à proprement parler des « disputes ». Je me sentais donc plus que mal d’en avoir provoqué une. Alexis était…c’était comme une sorte de petite sœur pour moi : je l’adorais et j’aurais fait n’importe quoi pour elle. Finalement ce fut elle qui reprit la parole:

- Je le sais déjà tout ça, merci Mr. Hermingway ! J'ai vingt-deux ans je te rappelle, j'ai pas besoin que tu... tu... tu me fasses la morale comme ça ! Et puis tant pis si je meurs jeune, je m'en fiche...

- Alexis !, m’écriai-je, choqué.

Comment pouvait-elle dire une chose pareille ? Elle n’avait que 22 ans ! Elle avait la vie entière devant elle et ça ne me plaisait pas de l’entendre sortir des horreurs pareilles. Je réalisai soudain à quel point Alexis m’était indispensable. Nous nous voyions pratiquement tous les jours, et même si je râlai un peu quand elle me forçait à sortir, au fond je n’étais pas si mécontent que ça. Parce qu’au moins ça prouvait qu’elle s’inquiétait pour moi, comme je m’inquiétais à présent pour elle. Et puis Alexis était comme moi : toujours souriante et pleine de vie, et la vérité, c’était qu’au fond elle me faisait du bien. Parce qu’elle avait raison quand elle disait que je ne pouvais pas passer ma vie devant mon ordinateur et qu’il fallait que je voie un peu des gens (même si ça je ne lui dirais jamais ). Alors non, l’entendre dire des choses comme ça ne me plaisait pas du tout.

- Bon... Je suis désolée, j'aurais pas dus te pousser comme ça... C'était vraiment pas sympa. Je... J'ai passé une mauvaise nuit tu sais, j'ai des... trucs qui me prennent la tête et ça me met sur les nerfs... C'est compliqué à expliquer. J'ai l'impression d'avoir le cœur en miette, d'avoir touché le fond, mais en même temps, je peux pas m'empêcher de dire que ça pourrait être pire... Et... Et... Et … Je sais pas trop comment te dire sans paraître plus pitoyable que je ne le suis déjà ou t'embêter... Alors voilà. Je suis désolée... J'espère que tu ne m'en veux pas trop.

Elle était assise sur l’accoudoir du canapé, les coudes sur ses genoux. Je me dis qu’il valait mieux rester là où j’étais pour l’instant. Je poussai un soupir et lui répondit :

- Sweetie…je suis ton meilleur ami. Et si t’as des problèmes, tu ne m’embêteras jamais en me les racontant. D'accord? Parce que les amis c'est fait pour s'aider, pas vrai?

Je souris.

- Et si, je t’en veux à mort de m’avoir poussé comme ça ! Franchement tu devrais avoir honte Alexis Buckley !

Je l’avais volontairement dit sur un ton ironique, histoire d’essayer de la dérider un peu, avant d’éclater de rire. Finalement je repris un peu de sérieux et demandait d’une voix tendre :

- Tu veux vraiment pas me dire ce qui va pas ?

Spoiler:

Je vis Alexis me fixer du coin de l’œil avant de détourner le regard. Je savais qu’elle était en train de se demander si elle…devait ? pouvait ? me dire ce qui n’allait pas. Je priais pour qu’elle décide que oui parce que plus les minutes passaient, plus je m’inquiétais. Je ne savais pas ce qui se passait mais je me sentais de plus en plus mal pour elle. Elle soupira une nouvelle fois tout en évitant de se retourner vers moi. Finalement elle inspira profondément et commença :

- C'est plus compliqué que ce que tu crois, Théodore. Enfin pour moi ça l'est. Parce que j'ai jamais vraiment parlé de ça à qui que ce soit. Je veux dire, j'en ai déjà parlé, mais sans rentrer dans les détails. On me posait des questions, j'y répondais sans vraiment y répondre, je tournais toujours autour du pot, sans vraiment vouloir entrer dans le vif du sujet...

Elle s’arrêta et chercha ses mots.

- Tu vas trouver ça ridicule, parce que ça fait des années que... qu'il est partit, et que je devrais m'être fait une raison, que je devrais avoir tourné la page. Mais je l'ais fais... Je veux dire, tourner la page, je l'ai fais. Seulement, y a des jours comme ça où je déprime pour rien et je pense qu'à ça. C'est vraiment con, hein.

Alors c’était ça. Alexis avait perdu quelqu’un de cher et aujourd’hui était donc un mauvais jour car elle repensait à lui. J’eus de la peine pour elle. Je la comprenais, étant passé par là aussi. Mais elle était jeune lorsque ça lui était arrivé. J’avais eu plus de chance.
Elle se laissa tomber sur le canapé, posa sa tête contre l’accoudoir et ferma les yeux.

- J'avais un frère avant. Un frère jumeau. Je... Quand j'étais petite, il était vraiment tout pour moi, hm. Le monde pouvait s'écrouler, tant que j'étais avec lui j'en avais absolument rien à faire. Edwin, il s'appelait... Et il avait vraiment pas de chance. Parce qu'il avait une maladie au cœur je crois... Une sorte de malformation tu sais. Il pouvait pas sortir comme moi, il pouvait pas venir jouer dehors avec moi. Ça le frustrait, je le savais, mais il ne disait ou ne faisait jamais rien pour m'empêcher de sortir. Mais je passais toutes mes journées avec lui, à l'aider. Parce que c'était mon frère merde. Mes parents se souciaient toujours beaucoup de lui, ce qui était tout à fait normal. Ils le surprotégeaient peut-être un peu trop... Alors que moi non. Je faisais presque comme si de rien n'était. Je savais qu'il était malade, mais je le poussais à... se battre dira-t-on. Je me souviens que je voulais tellement le voir vivre... Je lui avais promis qu'on voyagerait ensemble un jour.

Elle s’arrêta de nouveau, sans doute perdue dans ses souvenirs douloureux, pendant que j’essayais d’encaisser ce qu’elle venait de dire. Maintenant je me sentais vraiment plus que mal. Je n’avais jamais su qu’Alexis avait un frère, en fait elle ne m’avait jamais vraiment parlé de sa famille. Tandis qu’elle me racontait comment était son frère, sa maladie, elle, sa sœur si merveilleuse, qui le poussait à se battre, je réalisai à quel point j’en savais peu sur Alexis. Et aussi à quel point j’étais stupide. En 3 ans, je n’avais jamais cherché à en savoir plus sur sa famille, sur la vie qu’elle menait avant d’arriver à Londres. J’étais vraiment un meilleur ami pitoyable !
Je vis Alexis se frotter les yeux pour retenir les larmes qui lui montaient aux yeux.

- Puis un jour, PAF ! Il est tombé. On rentrait juste de l'école, j'ai rien compris... On l'a emmené à l'hôpital. Il y est resté quelques semaines avant que son cœur lâche définitivement. Je... enfin on avait même pas onze ans. C'est bête de se morfondre pour un truc qui s'est passé y a tant de temps... Mais moi ça me mine aujourd'hui. J'pensais que j'avais fais mon deuil et tout... Mais apparemment, pas suffisamment bien. Je peux pas m'empêcher de me souvenir de lui à l'hosto, de me demander ce à quoi il ressemblerait aujourd'hui...

Je lachai un petit soupir. Elle avait beau dire que c’était stupide, je comprenais. J’étais peut-être fils unique mais j’avais beaucoup de cousins et de cousines alors j’avais pu observer les liens fraternels. Et j’avais aussi beaucoup lu sur les jumeaux et je savais à quel point le lien les unissant était fort.
Je réfléchissais ensuite à ce qu’elle m’avait dit : elle n’avait que 11 ans quand il était mort. Ça avait dû être…en fait je ne pouvais même pas imaginer la souffrance que ça avait pu être. J’avais été privilégié : je n’avais perdu qu’une seule personne de ma famille et c’était il y a 4 ans. J’en avais 24 alors on peut dire que j’avais été plus chanceux qu’elle. Et même si j’adorais mon arrière-grand-père, ce n’était pas mon frère.
Je regardai Alexis d’un regard désolé et vit qu’elle avait les larmes aux yeux. Ça me fit vraiment plus que «mal » au cœur ; c’était comme si on m’avait mis un coup de couteau dans le cœur. Alors, même si je savais que ça n’allait pas lui plaire, je me rapprochai d’elle, la prit dans mes bras et la serra contre moi. Parce qu’elle aurait beau me dire le contraire, je savais que ça lui ferait du bien. Et même si elle me ferait croire qu’elle n’avait pas envie de pleurer, le contraire était évident.

- Oh Sweetie…je suis…tellement désolé pour toi. Je sais que ça t’aide pas hein mais…je sais pas quoi te dire d’autre. A part que t’as tort : c’est pas stupide. C’est même normal. Ce qui serait stupide c’est d’essayer de plus y penser. Et aussi que quand ça va pas comme ça tu devrais pas rester ici toute seule à déprimer, tu devrais m’appeler.

Je restai comme ça, dans le canapé, Alexis dans mes bras, énervé de rien pouvoir lui dire de plus pour la réconforter.

Je restai comme ça, Alexis dans mes bras pendant un moment. J’avais vu qu’elle ne s’y attendait pas et qu’elle avait été surprise, mais j’avais néanmoins senti sa tête se caler contre mon épaule et ses bras s’enrouler autour de moi. Puis, au fur et à mesure que le temps passait, j’avais senti qu’elle se détendait un peu et que j’avais eu raison de penser que ce geste lui ferait du bien. D’ailleurs, en y réfléchissant, je me sentais bien moi aussi. Je ne savais pas pourquoi, mais avoir Alexis dans mes bras était une sensation plutôt agréable. Une sorte de douce chaleur se diffusait dans mon corps et une sensation de bien-être m'avait envahi. Je n’avais aucune envie d’abréger ce moment mais ce fut elle qui le fit Elle s’écarta doucement de moi, à mon grand regret, et tourna la tête vers l’écran de la télé avant de finalement me remercier. Pour ce que j’avais dit et fait et pour le fait qu’elle sache qu’elle pouvait compter sur moi. Je ne dis rien, ne voyant vraiment pas pourquoi elle me remerciait. C’est vrai quoi, j’étais son meilleur ami. Tout cela me paraissait juste…normal. Pui elle me sourit, d’un sourire s’approchant un peu de ceux dont j’avais l’habitude avec elle et qui me fit lui sourire en retour et me dit :

- Au fait...Pourquoi es-tu venu ? Je ne t'ai même pas appelé, il doit bien y avoir une raison ?

Je repensai alors à ma clé. C’est vrai que dès que j’avais vu Alexis, mon envie de savoir ce qui n’allait pas et de l’aider m’avait complétement fait oublier cette histoire. Mais je ne me voyais plus juste lui demander la clé et partir comme ça. Je ne pouvais pas la laisser toute seule à broyer du noir et retourner tranquillement chez moi.

- Rien, oublie. J’avais besoin que tu me rendes la clé USB que je t’avais prêté la semaine dernière parce que j’avais besoin d’un code dessus pour…enfin bref, de toute façon je vais pas te laisser comme ça alors tant pis pour ce que je voulais faire, je passe la journée avec toi.

Je la voyais sur le point de me répliquer quelque chose alors j’ajoutai avant qu’elle puisse le dire :

- Et discute pas sweetie ! C’est comme ça. Tu me feras pas croire que ça va aller, que tu peux te débrouiller toute seule et que je peux rentrer, je te croirais pas vu comment le contraire est évident. Alors tu sais ce qu’on va faire ? Tu vas aller t’habiller et on va sortir pour te changer les idées. D’accord ?, lui dis-je avec un sourire. Allez, va t’habiller, je t’attends ici !

Elle devait être trop sous le choc pour opposer une résistance quelconque puisqu’elle s’exécuta. Pendant ce temps, je restai dans le salon et réfléchit à ce que nous pourrions faire. Je me souvenais qu’elle m’avait parlé quelques jours plus tôt d’un film qui venait de sortir et qu’elle voulait aller voir. Ça semblait être un bon moyen de lui changer les idées. Je regardai l’heure : midi. Bon eh bien un déjeuner s’imposait aussi. Restaurant plus cinéma…oui ça semblait être un bon programme ! J’espérais que ça lui remonterait un peu le moral et qu’elle irait mieux après ça. Je souris et m’assis dans le canapé en l’attendant. Elle revint quelques minutes plus tard, habillé et ayant déjà l’air plus en forme que lorsqu’elle m’avait ouvert un peu plus tôt. Je lui fis un grand sourire.

- Allons-y !

« Rien, oublie. J’avais besoin que tu me rendes la clé USB que je t’avais prêté la semaine dernière parce que j’avais besoin d’un code dessus pour…enfin bref, de toute façon je vais pas te laisser comme ça alors tant pis pour ce que je voulais faire, je passe la journée avec toi. »


Tu t'apprêtais à répliquer : Théodore avait certainement d'autres chats à fouetter que de s'occuper de toi... Il devait bien avoir un ou deux codes à craquer, non ? Non, tu ne voulais pas te débarrasser de ton meilleur ami, tu avais juste la désagréable impression d'être un boulet depuis quelques jours et tu ne voulais simplement pas l'importuner. Tu étais prête à aller lui chercher sa clef, tout de suite maintenant. Tu avais même esquissé un geste pour te lever et lui ramener ledit objet, la bouche entr'ouverte pour lui intimer de rester là quelques secondes, le temps que tu la retrouves sur ton bureau. Seulement, il ne te laissa pas l'occasion de prononcer le moindre mot. Il te connaissait trop bien, il savait que tu t'apprêtais à opposer une certaine résistance. Après tout, même si tu avais le moral au plus bas, tu n'étais pas du genre à te laisser marcher sur les pieds...


« Et discute pas sweetie ! C’est comme ça. Tu me feras pas croire que ça va aller, que tu peux te débrouiller toute seule et que je peux rentrer, je te croirais pas vu comment le contraire est évident. Alors tu sais ce qu’on va faire ? Tu vas aller t’habiller et on va sortir pour te changer les idées. D’accord ? Allez, va t’habiller, je t’attends ici. »


Tu le regardas quelques secondes, interloquée par le ton soudainement autoritaire qu'il venait d'utiliser. Théodore se montrait rarement aussi autoritaire, et surtout pas avec toi. C'était plutôt l'inverse même. Tu ne comptais plus les fois où tu t'étais incrustée chez lui, tes mains posées sur tes hanches et droite comme un ''i''. Tu arborais souvent un air sévère et dur dans ces moments-là, juste pour lui faire comprendre que discuter n'était qu'une futilité de plus en ce bas monde : tu savais ce que tu voulais et tu l'aurais par tous les moyens possibles et imaginables. Tu haussais souvent la voix pour le forcer à t'écouter, ce qui n'était pas une chose facile en soi. En effet, le jeune homme avait constamment – ou presque – le nez rivé sur ses écrans. Et ça t'agaçait magistralement. Tu en avais marre de le voir vivre en reclus, tu en avais assez de le voir craquer des codes, des systèmes qui ne voulaient – à tes yeux – rien dire. Il s'isolait... Ce n'était pas bon. Selon toi du moins, alors tu t'évertuais à le sortir, tant bien que mal. Tu essayais de le sociabiliser comme tu pouvais, tout en tentant de l'intéresser réellement au monde extérieur, au fait que les relations sociales pouvaient apporter... Tu e ressentais toi-même les bienfaits aujourd'hui même. Tu devais bien avouer que la présence de ton meilleur ami allégeait quelque peu ton humeur. Ce n'était pas encore tout à fait ça, mais presque. Tu avais moins envie de rester là, avachie sur ton canapé. Alors quand il t'eût ordonné – il n'y avait pas d'autres mots – d'aller t'habiller, tu n'avais pas eu le cœur à refuser. Et puis ça te donnait une bonne excuse pour te bouger un peu aussi...
Maladroitement, tu te levas alors du canapé, ne sachant trop quoi lui répondre. La façon autoritaire dont il s'était adressé à toi t'avait coupé la parole. Alors d'un pas léger et rapide, tu allas t'enfermer dans a chambre pour accéder à sa requête.

Tu ne savais pas trop quelle pile était celle des vêtements propres, en réalité. Tout était dispatché dans la pièce qui devait te servir de chambre. Il y en avait de partout, par terre, sur le lit, sous le lit, sur le bureau... Ah... Il y avait, à côté de ton lit, une panière avec des vêtements propres ! Un léger sourire victorieux vint étirer tes lèvres alors que tu te jetais négligemment sur ton matelas, étant trop fainéante pour le contourner et attraper les bouts de tissus divers. Tu n'eus qu'à tendre le bras pour t'emparer de ce dont tu avais besoin. Un simple t-shirt avec l'Union Jack fièrement peint dessus et un jean un peu usé constitueront ta tenue d'aujourd'hui alors. Tu t'empressas d'enfiler le tout, avant de te coiffer un peu: il était hors de question que tu sortes coiffée comme l'as de pique ! Tu lanças un dernier regard à ton miroir, puis satisfaite, tu sortis de ta chambre, tout en ayant récupéré la clef USB que ton aîné t'avait prêté quelques semaines plus tôt pour un devoir que tu devais faire.
Son regard se posa sur toi dés que la porte se referma derrière toi. Un grand sourire étirait ses lèvres alors qu'il se mettait debout. Tu lui offris un timide sourire en retour, essayant de paraître un peu moins austère. Il ne te laissa, une fois encore, pas l'occasion de parler. Il semblait tellement déterminé à te changer les idées... ça te faisait chaud au cœur, car connaissant Théodore et le peu d'ami qu'il avait... Tu ne pouvais t'empêcher de te sentir mieux à cette pensée.


« Allons-y ! »

Bien malgré toi, ton sourire s'élargit quand tu entendis cette exclamation enfantine et pleine d'entrain. Oui, allons-y ! Où ? Tu n'en savais encore rien, mais tu suivrais Théodore où il le souhaitait, tu avais une confiance aveugle en lui. Sans un mot de plus, tu te dépêchas d'ouvrir la porte d'entrée de ton appartement. Tu le laissas passer devant toi, puis verrouillas soigneusement la serrure avant de te retourner et de dévaler les escaliers de ton appartement à toute hâte. Une fois au bas de ton immeuble, tu te retournas vers ton aîné, le regard brillant de curiosité éclairant ton visage fatigué.


« Où va-ton ? »

HRP:

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