La nature humaine. On pense tout savoir et pourtant il y a tellement de choses qui nous échappent. Jynn n'avait jamais été l'élève la plus brillante à l'école, elle avait un naturel curieux mais son Q.I n'explosait pas pour autant des records. Et pourtant, la jeune femme était dotée d'un sens de l'observation plutôt poussé. L'observation du langage du corps pour être plus précis. Comme un sixième sens qui s'était développé en elle et qui lui avait certainement sauvé la vie sans même qu'elle ne s'en aperçoive. Et ses vieux souvenirs du passé lui étaient revenus en pleine figure ses derniers jours alors qu'ils étaient sur une affaire plutôt délicate de violence familiale. Jynn avait réussi à prendre sur elle jusque là mais les démons du passé et l'attitude horripilante de ses collègues avaient fini par avoir raison d'elle. « Sérieusement Cameron, arrête de croire qu'un simple plis sur le visage de quelqu'un signifie qu'il bat sa famille. T'es juste une psy qui essaie de se donner un peu d'importance en faisant deux trois tours de magie. Ca impressionne peut être le boss mais c'est tout. » Lui avait balancé alors Blackwood. Elle savait exactement pourquoi il se comportait ainsi avec elle, elle avait lu en lui comme dans un livre ouvert. Elle avait fini par découvrir qu'il buvait quelques verres pendant son service, pas au point d'être saoul mais il buvait. Et ça pouvait être dangereux, quand on est flic.

Ils n'en avaient jamais parlé à haute voix, de simple insinuations de la part de la rousse qui avait espéré qu'il se confie à elle sur ce problème. Au lieu de ça, il avait fait d'elle son bouc-émissaire préféré. « Oh la ferme Blackwood, je suis une assez bonne magicienne pour savoir que ce boulot ne te plait pas autant que la secrétaire du deuxième alors ne me cherche pas. » Lui avait-elle rétorqué sans haussé la voix afin que tout cela reste entre eux. Elle avait quitté le commissariat et avait pris le chemin de l’hôpital sans vraiment savoir pourquoi. Avec un peu de chance, elle y croiserait le docteur Watson et le détective Holmes. Par la force des choses, ils avaient fini par se côtoyer souvent lors des enquêtes un peu trop complexes pour son équipe. Elle avait vite appris à apprécier leurs présences même si les deux hommes étaient totalement différents. A vrai dire la franchise et le direct du détective ne la dérangeait pas le moins du monde, pour une fois que quelqu'un était sincère qu'importe les conséquences elle n'allait pas ce plaindre. Et puis son attitude l'amusait plus qu'autre chose. Elle lui rappelait celle de ces enfants pourris gâtés à qui on ne savait jamais rien refuser. Les gens avaient beau le critiquer à tort et à travers ils se pliaient néanmoins à toutes ses exigences, sans exception. Plutôt incongru quand on y réfléchit bien.

Sur le chemin elle s'arrêta prendre deux cafés et des beignets à la confiture, le docteur en raffolait et si c'était comme d'habitude Sherlock ne les laissait jamais le temps de beaucoup manger lorsqu'ils étaient sur une affaire qu'il jugeait suffisamment intéressante pour daigner s'y intéresser. Les bras encombrés, elle erra dans les couloirs, cherchant un signe de vie qui pourrait l'aider à savoir où ils auraient pu élire domicile. L'hôpital était vaste mais elle avait deux options qui s'offraient à elle, le labo ou la morgue. Elle préféra opter pour le labo elle n'était pas d'humeur à cohabiter avec les cadavres aujourd'hui. Elle put voir une lumière du couloir, un sourire satisfait s'installa sur son visage. Alors qu'elle poussait la porte comme elle le put, elle ne vit que le détective concentré derrière son microscope. Elle balaya la pièce du regard, pas de Watson ? Grand Dieu que se passait-il ? Elle déposa la boite de beignets sur une table avant de s'approcher du détective sans un bruit. Pas de formalité, pas de faux semblants, c'est ce qu'elle appréciait chez lui. Elle se contenta de déposer le gobelet de café sur sa table, à lui d'en faire ce qu'il voudrait après, elle n'allait pas se vexer pour si peu. La jeune femme ignorait à quel point Sherlock était plongé dans son monde, peut être ne l'avait-il même pas entendu arrivé. Histoire d'évaluer tout ça elle tenta de briser le silence dans lequel la pièce était plongée et Dieu seul sait depuis quand.

« Vous avez envoyé le docteur Watson en solo sur une affaire ? » S'enquit-elle curieuse, sachant pertinemment que son intervention allait certainement le déranger. Au pire elle se ferait morigéner par le cadet des Holmes, elle était prête à en prendre le risque, qui sait depuis combien de temps il avait le nez et les yeux rivés sur sa machine. Elle s'assit en face de lui, scrutant avec attention son visage qui ne laissait rien paraître. Elle ne cherchait pas à analyser toutes les personnes qu'elle croisait, très loin d'elle cette idée là mais il était vrai que le naturel revenait souvent au galop et parfois elle se surprenait à chercher rien qu'un détail qui pourrait l'aider à en savoir plus. Elle possédait un gros avantage sur les autres, c'était sa façon à elle de pouvoir garder les chose sous contrôle.