Fuck the world.

Des fois tu avais juste l'impression que le monde se foutait ouvertement de toi, qu'il faisait exprès de te jouer des tours pour te voir ruminer et t'énerver comme ça. Et à cela s'ajoutait ta nature impatiente qui te faisait toujours partir au quart de tour. Non, tu n'aimais pas attendre, tu n'aimais pas que l'on se joue de toi non plus. Et alors ? Toi tu n'embêtais personne – enfin pas souvent quoi – alors pourquoi le destin s'acharnait-il contre toi en s'amusant à planquer tes lacets de rechange ?! Alors que tu venais juste de proposer à une amie – Lily-Gabrielle, c'était son nom – de sortir et que cette dernière venait d'accepter ? Il avait fallut que le lacet de ta chaussure gauche te lâche quand tu avais voulus l'attacher. Life was really a bitch, that's all. Avec tout ce bordel, tu allais finir par être en retard hein... Bon, tant pis. Tu allais prendre tes converses bleues montantes à la place de tes vieilles bottines de cuir noir. Certes, cela allait faire un peu bizarre avec ta petite robe à manche longue, mais tu t'en fichais royalement. Tu n'avais pas le temps de te changer pour aller retrouver Lily-Gabrielle. Ah. Lily-Gabrielle tu l'aimais bien. Avec elle, pas de prises de tête, pas de chichis inutiles . Avec elle, c'était cool. Avec elle, tu pouvais lui parler de presque tout, sans te soucier de sa réaction car tu savais, qu'au fond, elle t'acceptait vraiment comme la personne que tu étais et non pour celle que tu laissais voir. Tout simplement. Et tu essayais de faire comprendre à la demoiselle, tant bien que mal, qu'elle pouvait elle aussi compter sur toi. Donc passer une soirée avec elle était une des rares choses que tu appréciais rarement en ce monde. Après passer une soirée avec Théodore, bien sûr. D'ailleurs ce dernier n'était pas prêt de rentrer... Trop de boulot t'avait-il dit. C'était une des raisons qui t'avaient poussé à contacter Lily... La solitude ne te bottait pas ce soir et puis cela faisait un sacré moment que tu n'avais pas vu la jeune femme. Alors autant profiter de l'absence de ''ton homme'' pour s'organiser une petite soirée tranquille entre filles.
C'est à ce moment là que ton téléphone se mit à sonner, te signalant l'arrivée d'un nouveau message et te tirant de tes pensées par la même occasion. Une converse chaussée, l'autre dans ta main, tu te dirigeas clopin-clopant dans le salon, là où se trouvait ton téléphone. Tu te saisis de ce fossile de la technologie – un vieux nokia qui ne faisait pas les couleurs, mais il fonctionnait encore parfaitement alors …– pour voir qui osait te déranger pendant que tu te préparais. Ah. Il s'agissait de Lily justement... Un petit coup d’œil à l'horloge t'apprit que tu risquais d'être en retard si tu ne te bougeais pas d'avantage le popotin. ''Where are u ?'' te demandait-elle. Ahah... Euh... Chez toi ? Tu enfilas ta deuxième chaussure en quatrième vitesse, attrapas ta veste tout aussi rapidement puis sortis de ton appartement. Après avoir verrouillé la porte, tu te décidas enfin à envoyer un vague ''J'arrive'' à ton excentrique d'amie. Tu dévalas les escaliers de ton immeuble avant de débouler dans la rue comme une folle dingue.

L'humidité extérieure te frappa dés que tu eus mis les pieds dehors. On sentait dans l'air qu'il avait plus peu de temps auparavant, et que cela ne tarderait pas à recommencer plus tard dans la soirée. Fuck. Tu n'avais pas pensé à prendre ton parapluie et il n'était pas question que tu remontes, sinon tu allais accumuler trop de retard. La pauvre Lily-Gabrielle avait dut t'attendre un moment sous la pluie avant que celle-ci ne s'arrête. Allez... Même si tu étais un peu short niveau budget ce mois-ci, c'était toi qui lui payerais à boire ce soir.
Tu remontas la fermeture éclaire de ta veste jusqu'en haut avant de rentrer un peu plus ta tête dans tes épaules, désireuse de garder un peu de chaleur. Puis sans plus tarder, tu hélas un taxis et lui lanças l'adresse du quartier dans lequel tu voulais qu'il t'emmène. Hell yeah. Trafalgar Square te voilà. Lily n'avait donc plus trop de temps à patienter avant que toi, sauveuse de sa soirée, n'arrive à son secours.

Une fois arrivée à destination, tu ne tardas pas à payer ton transport et à t'extirper du véhicule noir. Tu sondas la foule du regard pour repérer ton amie. Elle était là, à une dizaine de mètres de l'endroit où tu te trouvais. L'ombre d'un sourire étira tes lèvres alors que tu t'approchais d'elle.


Elle acheva sa phrase en te donnant une petite claque sur l'épaule. Claque à laquelle tu répondis par un froncement de sourcils faussement sévère, avant de lui sourire franchement.


Et tu partis en direction d'un bar que tu connaissais relativement bien pour y avoir déjà bu quelques verres et pour avoir fait un peu de ''commerce'' – oui, la drogue pouvait être considérée comme tel – juste devant. Le gérant était vraiment sympa et les serveurs chaleureux.
Tu passas une main, machinalement, dans tes cheveux.