Enfin le denier jour de la semaine venait de se terminer. Pas qu'il ait attendu le week-end avec impatience non mais cette semaine avait été une semaine chargée et compliquée sur certains points pour lui alors il était content d'enfin pouvoir relâcher un peu la pression une fois qu'il serait rentré chez lui après une dernière série de coup de fils et de dernières recommandations à son équipe. Être le boss avait bien sûr ses avantages, comme par exemple le fait de ne pas avoir de compte à rendre à quelqu'un s'il voulait s'absenter un moment du bureau ou qu'une décision ne lui paraissait pas judicieuse, il avait quasiment toujours le dernier, sauf si bien sûr la décision en question revenait à quelqu'un de plus haut placé et là, pas le choix. Mais autrement, il contrôlait tout y compris donc son emploi du temps et surtout celui de ses collaborateurs. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Jarod était un patron assez cool, arrangeant même quand il le fallait mais il exigeait juste de son équipe le même engagement que lui dans son boulot parce que tout simplement, c'était comme ça que ça marchait. Donnant-donnant. Alors il avait donné leur weekd-end à tout le monde mais dès lundi matin, une grosse réunion les attendraient à leur retour alors autant que comme lui, ils profitent de leur week-end pour recharger leur batterie parce qu'ils auraient du pain sur la planche pour préparer le discours du Premier Ministre pour une visite officielle d'un nouveau centre d'aide pour les parents isolés. Choisir les bons mots étaient son boulot, depuis presque dix ans maintenant mais ce poste était tout de même différent dans le sens où à présent il fallait convaincre tout le monde, plus juste une certaine tranche d'âge ciblée pour un produit ou que sais-je encore. Là on parlait bien de convaincre et d'apaiser le peuple anglais tout entier, pas une mince affaire mais heureusement pour lui, il avait un don pour ce genre de choses. Celui de pouvoir se servir des mots pour arriver à ses fins. Comment croyez-vous qu'il arrivait toujours à repartir avec un numéro ou une fille à chaque soirée ? Non ça ne tenait pas que à sa belle gueule, même si oui, ça aussi ça jouait, il ne s'en cachait pas. Il fallait bien admettre que Dame Nature n'avait pas été trop mauvaise avec lui sur ce coup là.

Bref, il avait enfin terminé ce qu'il avait à faire et il pu quitter les lieux et rentrer chez lui avant que la grosse averse qui menaçait de s'abattre sur la ville ne finisse par tomber. Pas qu'il craigne la pluie mais il ne voulait pas rentré complétement trempé en marchant jusqu'à son loft qui se trouvait à un quart d'heure à peine à pieds. Oui, s'il pouvait marcher et ne pas prendre sa voiture ou le métro, il évitait. Parce que un ça lui faisait faire un peu de sport -de façon douce en plus- et parce qu'il pensait à la pollution. Oui, on peut être un coureur de jupons donc en principe un type pas vraiment bourrés de principes et pourtant en avoir quand même. Il en était l'exemple même. Bref, il arriva au bas de son immeuble juste après que les premières gouttes ne se soient mises à tomber et il ne prit pas la peine d'accrocher sa veste au crochet prévu à cet effet dans son entrée, la jetant plutôt sur le canapé -comme sa sacoche- et il s'avança sans se retourner en direction de sa salle de bains. Une bonne douche bien chaude, voilà ce qu'il lui fallait pour se détendre après une telle semaine et une telle journée. Et à peine les premières gouttes sortie du jet de cette dernière, il se sentit déjà un peu plus détendu. Il se plaignait parfois d'avoir un tel train de vie mais en réalité, il adorait ça. Ne plus savoir parfois ou donner de la tête c'était mieux selon lui que de ne pas savoir comment occuper son temps. L'oisiveté lui faisait peur, quitte à passer l'arme à gauche prématurément à force de parfois trop tirer sur la corde. Et pourtant, croyez-le ou non, il profitait quand même de la vie de cette manière. A sa façon, voilà tout. Un de ses passe-temps favoris -outre écumer les bars pour draguer, ça va de soi- c'était la lecture. Une passion que son grand-père lui avait refilé et il allait donc souvent à la bibliothèque où travaillait cette jolie blonde du nom d'Aedis, certes le plus souvent pour le boulot mais pour son propre plaisir parfois aussi. Et a chaque fois bien évidemment, il prenait toujours la peine de flirter avec elle. Tant qu'à faire, autant joindre l'utile à l'agréable, pas vrai ? Il venait à peine de finir de se doucher quand on sonna à sa porte. Il fit une moue interrogatrice, il n'attendait personne, en théorie. Il enfila donc une serviette autour de sa taille -pas que la nudité le gêne, il aimait à se balader à poil chez lui après tout mais par respect pour les autres, il gardait encore un minimum de décence- et alla donc ouvrir sa porte.

Et presque aussitôt une jeune femme blonde fit irruption chez lui sans qu'il ne comprenne ce qui se passait. Il identifia bien sûr la bibliothécaire, mais il se demandait bien d'une, comment elle savait où il vivait et de deux ce qui pouvait l'amener chez lui un vendredi soir après les heures de fermeture de la bibliothèque. Il l'écouta donc lui sortir son petit laïus avec des airs de sergent chef, croisant les bras sur son torse et haussant un sourcil quand il comprit qu'elle avait fait tout ce chemin pour venir récupérer un livre, livre qu'il avait depuis déjà bien longtemps retourné à la bibliothèque à vrai dire. Mais plutôt que de se braquer, il décida de prendre ça de manière plus décontractée. Fidèle à lui-même en somme. « Bonsoir à vous aussi Miss Darrek, ravi de vous revoir mais si je ne m'abuse, j'ai retourné ce livre deux semaines après l'avoir emprunté, il ne se trouve donc pas ici je suis désolé de vous le dire. » répondit-il à la jeune femme, tendant son bras droit dans sa direction pour marquer son ennui face à cet état de fait avant de poursuivre en disant « Mais c'est un plaisir de vous voir prendre votre boulot de façon aussi sérieuse. Et de vous revoir, bien entendu. » finit-il par répondre, arborant un large sourire juste après. Pourquoi souriait-il ainsi ? Parce que visiblement elle était tellement remontée qu'elle n'avait pas encore remarqué qu'il était quasiment nu face à elle et que sa réaction quand elle le réalisait promettait d'être cocasse. Voilà pourquoi il souriait.