Bon sang ça faisait des années que je voulais allez visiter les jardins près de la Thames lors des Open Garden Squares, mais rien à faire. A chaque fois j’avais soit du taff, soit un impondérable qui m’empêchait d’y aller. Cette année, j’ai pris quelques mesures préventives. J’ai pris un jour de congé juste pour ça. Comme ça le travail ne serait pas un obstacle à ma sortie du jour. Après les impondérables…Je croisais silencieusement les doigts pour qu’il n’arrive rien à Maddi qui m’obligerait à l’emmener aux urgences. Bon, ça ne serait pas la première fois, mais là j’aimerais vraiment avoir cette journée pour moi.

Et aujourd’hui, miracle ! Je n’ai rien eu qui m’empêcherait d’avoir une balade tranquille dans le Ballast Quay Garden. Un jardin sur lequel j’ai jeté mon dévolu. Il faisait beau, bon, et pas un nuage en vu. Dire qu’il y a quelques années j’aurais pu y aller en t-shirt simple et un jean. Aujourd’hui, les manches longues furent de mise, mais sous la forme d’un haut assez simple, fin et en coton ; parce que le coton, ça respire. Un jean et des baskets et hop, on est paré. Ou presque. Il y avait une chose que j’avais l’habitude d’emmener partout avec moi, par réflexe presque. Un réflexe qui m’avait été instillé par mes années aux services secrets. J’ai observé pendant longtemps le tiroir qui renfermait mon arme. Un pistolet. Acheté légalement et avec le permis de port d’arme en prime. Sans trop savoir pourquoi j’ai hésité à le prendre, et j’ai finalement opté pour le laisser à la maison, dans le tiroir fermé à double tour, et je suis sorti, les clés dans une poche avec mon portable et mon portefeuille dans l’autre.

Et quel bien ça me faisait de faire une sortie dans un autre endroit que les rues bondées de Londres. Un jardin, un vrai, un préservé de la destruction humaine…C’est beau, c’est rafraichissant et c’est génial. Je le saurais pour la prochaine fois. Je profitais tranquillement des animations proposées par quelques artistes de rue, des fleurs en pleine floraison, des arbres savamment taillés pour être en accord avec le reste du décor…

Et puis ce fut le choc. La collision au sens propre avec un autre être humain. Une jeune femme pour être précis. Si personnellement j’avais eu le réflexe de déplacer mon poids pour ne pas m’étaler au sol, la pauvre fille n’avait pas eu la même chance. Alors je lui tendis une main pour l’aider à se relever, qu’elle ne vit pas ; bon, vu la collision je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle s’excusa d’ailleurs et j’esquissais un de mes grands sourires.

"Ne vous en faites pas, y a pas mort d’homme." Je fis une pause puis lui retendis la main "Matthew. Ca va, rien de cassé ?"

IL avait des caméras dans chacun des jardins qu’il avait visés en ce jour. Il fallait bien qu’il puisse voir ce qu’il se passait pour ses petits oiseaux en cage. En revanche, il n’avait pas de micro. Il avait des haut-parleurs, très utiles pour la suite de son plan, mais pas de quoi entendre ce qu’il se passait dans la foule. Ce n’était peut-être pas plus mal. Le brouhaha aurait probablement amené un mal de tête des plus inconvénient à M. Si mal de tête il y avait eu, c’est toute l’intégrité de son plan qui était en péril. Il avait besoin d’avoir l’esprit clair pour le mettre à exécution. Sinon comment se rappeler quel levier tirer, pousser ou manœuvrer ? Car bien qu’elle semble d’une facilité déconcertante son illusion, le fait est qu’il y a beaucoup de technique derrière et ça a toujours été ce qui lui a fait défaut dans son apprentissage selon ses professeurs et son idole : il avait le sens du spectacle, de la mise en scène et des effets visuels, mais aucune technique professionnelles. Il pouvait faire ce qu’il voulait d’un jeu de carte mais dépassé ce stade, il restait un amateur. Qu’ils aillent tous pourrir en enfer ! Il était voué à devenir magicien, prestidigitateur même ! Ce ne sont pas un vieux crouton et ses acolytes qui allaient lui barrer la route et il allait leur prouver.

Les caméras étaient bien réparties. Il avait une vue imprenable sur le jardin qu’il voulait, quand il le voulait. La plupart des personnes présentes étaient de sinistres inconnus pour M et peu lui importait. Tout ce qu’il savait ? Que ça ferait encore plus de monde pour brouiller les pistes. Tant mieux.

Il observait le tout d’un air ennuyé, presque las de devoir attendre quand il se releva d’un coup sur son siège. Etait-ce bien…Oui ! Mais oui ! C’est bien lui ! Ahah, ce cher Prime a compris qu’il ne fallait pas blaguer avec les menaces vagues. Il voulait surtout garder une bonne image face au peuple britannique, mais il n’en n’est pas moins qu’il est venu. Cela voulait dire qu’il pouvait lancer son plan maintenant. Enfin ! Il a bien cru qu’il s’endormirait là, ce qui serait assez embêtant vu la situation, avouez…Observant une dernière fois les différents jardins qui avaient eu la chance d’être choisis par M pour être les stars de son illusion, il s’étira les mains et commença le processus. Il lança de la musique, un air de Glenn Miller connu et qu’il appréciait particulièrement. Ca camouflerait les bruits des machines…

Minute papillon…Quelles machines ? Celles installées par un ingénieur à moitié fou sur ordre de la reine victoria bien sûr ! Il avait découvert ce fait dans des livres en faisant quelques recherches au lycée…Il avait tout de suite été séduit par l’idée. Par la suite il a dû faire appel à un homme…Disons influent, pour exécuter son plan comme il le souhaitait.

Doucement, un peu trop au goût de M, des parois de métal oxydé et/ou rouillé s’élevaient du sol, emprisonnant ceux pas assez prompte à réagir et à sauter par-dessus les dites parois en élévation. Que le jeu commence…S’éclaircissant la gorge, M plaça le modulateur de voix sur son micro et pris la parole.

"Londonien, Londoniennes…Belle journée, n’est-ce pas ? Mais trêve de bavardage. Vous avez dû remarquer que..Eh bien que certains d’entre vous se retrouvent en cage en quelques sorte. Pourquoi ? Oh, un petit jeu. Mais si vous voulez vraiment des réponses…Demandez à votre cher Prime Minister. C’est LUI, la cause de tout cela…"

Et maintenant, que les humains montrent leurs plus vilaines faces.

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