Il y a des jours, comme celui-là, où elle se passerait bien de son métier. Un informateur secret lui avait donné une info et, sans réfléchir davantage, elle s’était rendue à l’endroit indiqué. 2h à poireauté, à tourner en rond, à compter les pavés et le nombre de chewing gum au sol sans que rien ne se passe. Le pire était qu’elle aurait probablement pu attendre encore longtemps s’il ne s’était pas mis à pleuvoir à verse depuis 10 minutes. Abritée sous un porche, en remontant le col de sa petite veste en cuir, elle s’était dit que ça passerait… Et, elle avait tort. Le froid ayant eu raison de sa volonté elle avait quitté son abris en courant, ses chaussures se remplissant d’eau à chaque flaque d’eau traversées – elle savait bien qu’il était temps de changer ses converses usées – et les gouttes d’eau trouvaient des stratagèmes impressionnant pour réussir à se glisser entre le col de sa veste et le début de son haut, à croire qu’elles étaient téléguidées pour atterrir sur un bout de peau ! Et comme, bien évidemment, elle n’avait pas songé à regarder la météo avant de partir, elle n’avait même pas un parapluie à sortir d’un quelconque sac magique.

Heureusement pour elle, bien vite, elle trouva un kiosque à journaux ou elle demanda un journal. L’homme qui tenait le stand semblait assez étonnée par ce qu’elle venait demander et ne la voyant pas préciser un peu plus, il avait fini par lui demander ce qu’elle voulait EXACTEMENT comme journal. « N’importe lequel », c’est ce qu’elle avait répondu en sautant d’un pied à l’autre en pensant que cette technique lui permettrait de moins sentir l’eau présente dans ses chaussures. Sérieusement, elle se foutait du journal qu’elle aurait, alors le premier que lui tendit l’homme lui alla parfaitement. Le paiement effectué elle retourna sous la pluie, le journal en papier positionné au-dessus de sa tête. Dans son esprit, c’était une bonne idée, ce qu’elle n’avait pas calculé dans cette histoire c’est, qu’avec la pluie, l’encre noir du journal commençait déjà à couler sur ses doigts mais ça position l’empêchant de le voir, elle n’y prit pas garde.

Quelques minutes plus tard, à travers le brouillard qui accompagnait la pluie, elle aperçue une enseigne lumineuse annonçant un bar. Son salut était arrivé, elle allait enfin pouvoir se mettre à l’abri et prendre une boisson chaude pour oublier l’eau qui lui était tombé dessus. Sauf que, avec sa chance, elle avait mal remis son portefeuille dans le sac qu’elle portait à l’épaule. Elle le perdit quelques mètres avant l’entrée du bar sans même s’en apercevoir…

Elle poussa le porte et entra, en mettant le journal dans la première poubelle qui venait et, comme un réflexe, elle remit ses cheveux en place comme elle pouvait. L’action, pour le coup, eut la bonne idée de transférer l’encre qu’elle avait sur les mains sur les bords de son visage, là où elle avait replacée ses mèches. A aucun moment elle ne se demanda pourquoi deux ou trois personnes l’avaient regardé de manière étrange avant de sourire, ou même de rire. Elle avait mis ça sur le compte de son taux d’humidité. Du coup, sans se démonté elle fit la queue pour aller commander à boire, ce fut, d’ailleurs, rapidement son tour.

« Un café, s’il vous plait. »

Le serveur la regarda et il avait vraiment l’air de se retenir de rire. Elle fronça les sourcils, avec une petite moue bien à elle – elle en avait toute une panoplie pour différentes circonstances – ce qui força le serveur à se retourner pour aller préparer sa commande. Elle avait appris à ne plus prendre garde à ce genre de chose, ça arrivait de temps en temps, le plus souvent à cause de son accent américain bien prononcé. A aucun moment elle n’imagina avoir de l’encre sur le visage qui pouvait être à l’origine de cette réaction. Rapidement, il déposa le café sur le comptoir et demanda la somme qu’il était convenu pour cette boisson. Pas de soucis. Confiante, Maddison ouvrit son sac pour y trouver son portefeuille. Sac trop grand, trop de bordel dedans comme toutes les femmes qui se respectent. Une main tenait la lanière du sac pendant que l’autre cherchait dedans mais cette technique habituellement convaincante ne servit à rien cette fois, elle ne trouvait pas son portefeuille.

« Une seconde s’il vous plait. »

Finalement, c’est le sac, dégoulinant d’eau – ce qu’elle n’avait pas remarqué – qu’elle posa sur le comptoir. Fouiller avec les deux mains était la méthode imparable. Mais le résultat fut le même. Elle mettait tellement de temps à chercher que certaines personnes, attendant leur tour, commençaient à s’impatienter. « Mais où est-ce que j’ai bien pu le mettre », ses paroles étaient basses mais il y avait un certain agacement qui lui était destiné. Le serveur lui demanda, avec un certain embarras, de bien vouloir se mettre sur le côté pour qu’il puisse servir d’autres personnes pendant qu’elle était en train de chercher. Pas de soucis. Elle pouvait bien le faire… Mais pas sans incident. En se décalant avec son sac, elle embarqua son café qui s’écrasa au sol, mêlant la couleur noir du café avec l’eau qu’elle avait ramené de dehors. Le rouge lui monta aux joues et elle leva les yeux vers le serveur en ayant l’impression que tout le monde la regardait, sûrement la paranoïa de la culpabilité.

« Je suis vraiment désolée. J’vais ramasser, vous avez quelque chose ? »

Surtout qu’avec cette connerie, elle dû se rendre à l’évidence d’un autre problème : elle avait perdu son portefeuille. Elle était donc sans argent avec un café à payer qu’elle n’avait même pas pu boire pour se réchauffer. Elle ne savait plus vraiment où se mettre, elle avait beau avoir l’habitude de ce genre de situation, jamais elle n’arrivait à s’y faire. Le serveur leva les yeux au ciel dans un soupir avant de récupérer un air plus professionnel.

« Non, laissez, on va le faire… Sous-entendu « ne touchez plus à rien ». ...Je vous en fais un autre ? »
« Non, Elle se pinça la lèvre inférieur avec ses dents, l’air de ne plus savoir où se mettre, je n’ai plus mon portefeuille »

Elle eut l’impression que le serveur la fusilla du regard et elle ouvrit la bouche pour protester mais… En fait, elle la referma parce qu’elle n’avait pas grand-chose à dire pour sa défense. Après tout, c’était à elle de vérifier avant de commander qu’elle avait bien de quoi payer. Le serveur, déjà énervé par le bordel qu’elle devait lui avoir foutu, ne semblait pas vraiment vouloir faire l’impasse sur un café. D’un autre côté ça se comprenait, sinon tout le monde lui ferait le coup.

« Il vous faut payer le café que vous venez de faire tomber ! »

Elle s’imaginait déjà voir débarquer le patron pour un café, pire, la police pouvait venir aussi et elle n’avait même pas ses papiers d’identité restés dans son portefeuille. Par expérience, elle avait toujours tendance à imaginer le pire dans une situation des plus banales. Sans trop savoir quoi répondre, et sans que personne n’ai pu perdre une miette de ce qui venait de se passer, elle plongea les mains dans son sac à la recherche de petites pièces qui auraient pu se trouver dans le fond…

Spoiler:

Aujourd’hui n’était pas une bonne journée. D’abord, il faisait moche. Le ciel était noir de nuages qui noyaient Londres sous une pluie torrentielle et il faisait froid. Et ensuite, j’avais eu une journée ennuyeuse à mourir au Yard. Rien de très intéressant, que des signalements qu’il avait fallu vérifier et qui au final ne s’étaient même pas révélés relevant des compétences de notre service.
Lorsque la pendule avait indiquée 17h, je n’avais donc pas été mécontent de partir et d’en finir avec cette journée. Le déluge dehors ne s’étant pas calmé avec la journée (en fait c’était même plutôt l’inverse) et étant venue à pied ce matin (le temps était magnifique à cette heure-là et n’ayant pas regardé la météo la veille, je ne savais pas que le beau temps du début de la journée se transformerait en orage), je décidai d’aller au bar le plus proche prendre un café et d’attendre un peu, espérant que le temps se calmerait (il avait plu toute la journée, il allait bien falloir que ça s’arrête à un moment donné non ?). Je commandai un chocolat viennois et me posai à une table. A peine avais-je commencé à prendre une cuillère de chantilly qu’elle entra. Je ne pus m’empêcher de sourire en la voyant. Elle n’avait qu’une petite veste en cuir sur le dos et des converses usées et trempées aux pieds. N’ayant visiblement pas de parapluie, elle s’en était fait un d’un journal qu’elle jeta en entrant. Le seul problème de ce parapluie de fortune c’est que l’encre avait coulé sur ses doigts et qu’en remettant du mieux qu’elle pouvait ses cheveux, elle s’en mit sur le visage. Mais ne s’en étant pas aperçue, elle avança comme si de rien était et commanda un café. C’est là que les problèmes commencèrent. Tout d’abord, elle galéra à trouver son portefeuille, puis finit par poser son sac trempé sur le comptoir pour le chercher, au grand dam du serveur qui avait ouvert de grands yeux. Finalement, à la demande de celui-ci elle se décala pour que les autres clients puissent commander pendant qu’elle cherchait…et embarqua son café avec son sac, qui alla s’écraser au sol ! Le silence se fit dans le bar tandis qu’elle devenait écarlate.

- Je suis vraiment désolée. J’vais ramasser, vous avez quelque chose ? demanda-t-elle
- Non, laissez, on va le faire… lui répondit le serveur excédé ...Je vous en fais un autre ? »
- Non, je n’ai plus mon portefeuille

Elle avait donc perdu son portefeuille ! Décidemment, la pauvre les accumulait aujourd’hui.

- Il vous faut payer le café que vous venez de faire tomber ! le prévint le serveur tandis qu’elle plongeait la main dans son sac à la recherche d’hypothétiques pièces qu’elle aurait pu avoir.

La pauvre me faisait vraiment de la peine. Enfin…pas tellement de la peine mais je la trouvai touchante, elle et sa maladresse. Alors je me levai et m’avançai vers le comptoir.

- Tenez, dis-je au serveur en lui tendant un billet. Et refaites-en lui un s’il vous plaît.

Puis je me tournai vers elle avec un sourire :

- On dirait que vous n’avez pas beaucoup de chance aujourd’hui hein ?

Je lui tendis ma main :

- Oh, au fait, je m’appelle Théodore.

« Tenez. Et refaites-en lui un s’il vous plaît. »

Elle se tourna vers l’homme – encore tourné – vers le serveur et ne put s’empêcher de l’imaginer avec une sorte d’énorme halo de lumière derrière lui et une chorale imaginaire hurlant en cœur « Alléluia ». Elle n’avait rien de croyante mais il faut croire que c’est de cette manière qu’elle s’imaginait le sauveur de demain parce que, dans le fond, et même si ce n’était qu’un café, c’est bien ce qu’il était : un sauveur. Alors, quand il se tourna vers elle, elle ne pu s’empêcher de faire un grand sourire, soulagée, et voulant bien recroire un peu en la nature humaine. Un accès de joie qui, de manière parfaitement spontanée, n’avait pu lui faire faire qu’une seule action : sans réfléchir, elle passa ses bras dans autour de l’homme dans un « merciiiiii ». Sur le coup, elle manqua de renverser son sac mais sa poisse semblait vouloir l’abandonner pour cette action, mais, très vite, elle redescendit sur terre et relâcha l’homme se sentait un peu stupide d’avoir réagir de manière aussi spontanée et fit un petit pas en arrière.

« On dirait que vous n’avez pas beaucoup de chance aujourd’hui hein ? »
« Si il n’y avait qu’aujourd’hui… »

Pourtant elle avait pris le partit d’en sourire plutôt que d’accuser une quelconque fatalité. Oh, bien sûr, elle aurait pu en vouloir à un Dieu quelconque de chercher à s’acharner sur elle de cette manière mais, n’étant pas croyante, elle n’avait pas d’autre choix que d’accepter les choses. Et puis, dans le fond, il était préférable de prendre les choses en souriant sinon, avec le nombre de tuiles qui lui tombaient dessus, elle aurait fini par se jeter sous une rame de métro.

« Oh, au fait, je m’appelle Théodore. »

Elle tendit la main en retour mais s’arrêta en chemin en voyant l’état de ses mains – sans songer à l’état que pouvait avoir son visage. Sans tendre sa main plus loin, elle décida de frotter cette dernière sur son jean, plutôt que d’étaler de l’encre sur la main de cet inconnu qui était venu à son secours. Une main propre plus tard, elle attrapa celle de l’homme, toujours dans un sourire avant de lui répondre à son tour.

« Enchantée. Moi c’est Maddison et, vraiment, merci encore. »

Il était plutôt rare de tomber sur des personnes qui voulaient bien aider les autres, à croire que le monde se décidait à sombrer dans une sorte d’individualité sans faille. En plus, elle s’estimait encore plus chanceuse – ce qui était étrange – d’être tombé sur une personne semblant aussi avenante. Enfin, ce qu’elle entendait par là, c’est qu’il n’avait pas l’air de lui avoir payé son café juste parce qu’il était blasé par le temps que pouvait prendre le service si on avait le malheur de passé derrière elle. Il ne faisait même pas partit des gens qui attendaient d’être servis. En temps normal, elle lui aurait bien proposé un café pour le remercier mais, dans cette situation précise, ça lui semblait un peu compliqué.

« Votre café ! »

Même si le serveur avait l’air peu avenant, elle trouva le moyen de le remercier en attrapant son café d’une main et remettre son sac sur son épaule. Et tout ça sans le moindre incident, s’il vous plait ! C’est en jetant un coup d’œil dans la salle qu’elle s’aperçu que toutes les tables étaient prises, à croire qu’elle était loin d’être la seule à avoir voulu entrer là-dedans en attendant que le temps se calme. L’idée de boire son café dehors ne lui plaisait guère dans la mesure où elle était venue ici se réchauffer un peu. Alors peut-être qu’elle aurait l’air d’abuser un peu mais, tant pis. Elle posa à nouveau son regard sur l’homme.

« Je suis désolée. Je ne voudrais pas avoir l’air d’abuser mais est-ce que je peux m’installer à votre table, toutes les autres sont prises et je crois que je ne suis pas prête à affronter le temps pour l’instant. »

Sourire et yeux de chat potté à l’appui, sa meilleure chance pour qu’il accepte alors qu’il ne la connaissait même pas. Elle-même n’était pas certaine d’accepter… En fait, si, elle accepterait mais elle comprendrait si cela posait un souci. D’ailleurs il était peut-être venu pour être tranquille et c’est sûrement pour cette raison qu’elle se décida à préciser assez rapidement.

« J’peux être très discrète, hein, si vous ne voulez pas être dérangée »

Avec le bordel qu’elle venait de faire, elle se doutait bien que cette affirmation pouvait surprendre pourtant c’était vrai. Du moment qu’elle ne bouge pas, qu’elle ne fait pas geste brusque et ainsi de suite, il ne devrait pas y avoir d’incident. Et puis, même si elle était une catastrophe ambulante, y a des moments où ça se calmait un peu, elle ne faisait pas des conneries 24h sur 24… Et heureusement.

Spoiler:

- Si il n’y avait qu’aujourd’hui…

La pauvre était donc vraiment malchanceuse au possible apparemment. Elle me tendit sa main pour serrer celle que je lui tendais lorsqu’elle se souvint qu’elle était couverte d’encre. J’allai retirer ma main et lui proposer un mouchoir mais elle réagit trop vite….et essuya sa main sur son jean ! Ouch pour le jean pensai-je. Finalement, une fois sa main à peu près propre, elle serra la mienne et se présenta avec un sourire.

- Enchantée. Moi c’est Maddison et, vraiment, merci encore.

- De rien. Je n’allais pas vous laisser galérer comme ça quand même. De toute façon, même en cherchant dans votre sac, je doute que vous auriez trouvé grand-chose, ajoutai-je en riant.


A ce moment-là, le serveur lui tendit son café, que Maddison accepta en le remerciant et en reprenant son sac. Elle regarda la salle à la recherche d’une table mais de toute évidence, nous étions nombreux à être venus attendre au chaud ici en attendant que le temps se calme.

- Je suis désolée. Je ne voudrais pas avoir l’air d’abuser mais est-ce que je peux m’installer à votre table, toutes les autres sont prises et je crois que je ne suis pas prête à affronter le temps pour l’instant, osa finalement me demander la jeune femme avec un sourire et des yeux suppliants. J’peux être très discrète, hein, si vous ne voulez pas être dérangée

Vu ce qui s’était passé, cette dernière affirmation était dure à croire mais je lui souris :

- Non, non, aucun problème, venez !

Je me rassis à ma place, Maddisons en face de moi, et lui tendis un paquet de mouchoir.

- Tenez, vous devriez vous débarbouiller.

Je repris une cuillère de chantilly.

- Au moins on aura appris quelque chose aujourd’hui…les journaux sont définitivement des mauvais parapluies !, ajoutai-je en lui faisant un clin d’œil. Mais bon…bravo pour l’idée. Je n’y aurais pas pensé.

« De rien. Je n’allais pas vous laisser galérer comme ça quand même. De toute façon, même en cherchant dans votre sac, je doute que vous auriez trouvé grand-chose »

Souriant à son rire, elle ne pouvait qu’être d’accord avec ce fait même si elle aurait préféré avoir de quoi payé elle-même son café sans avoir à importuner une personne qu’elle ne connaissait. Même si, en voyant le bon côté des choses, ça lui permettait de rencontrer des personnes dans une ville où elle venait de débarquer sans la moindre attache. Bien sûr, elle ne voulait pas l’ennuyer non plus, et c’est pour cette raison qu’elle lui avait promis de se montrer discrète si il préférait rester tranquille, venir à son secours était déjà bien assez cool sans qu’elle ne cherche à abuser plus de la situation.

« Non, non, aucun problème, venez ! »

Elle suivit le dénommé Théodore dans un sourire, ravie de cette réponse qui l’empêcherais de se retrouver une nouvelle fois dehors par ce temps horrible. Y a des fois, où elle était capable de regretter son New York natal, mais bon… Une fois installé, elle se demanda d’abord pourquoi il lui tendait un paquet de mouchoir mais quand il parla de se débarbouiller les joues de Maddison prirent rapidement une teinte écarlate, un peu honteuse en se disant qu’elle devait ressembler à un mineur après une longue journée de travail. Maudit journal. Maudite encre. Maudite pluie. Un peu confuse, elle attrapa le paquet de mouchoir dans un énième « merci » à croire que c’était le mot qu’elle utilisait le plus ! Elle entreprit d’ouvrir le paquet de mouchoir alors que l’homme reprenait la parole.

« Au moins on aura appris quelque chose aujourd’hui…les journaux sont définitivement des mauvais parapluies ! Mais bon…bravo pour l’idée. Je n’y aurais pas pensé. »
« J’crois qu’il aurait été préférable de ne pas y penser, parce qu’en plus de ne rien protéger du tout, c’est juste catastrophique… »

Ce qu’elle appréciait c’est qu’elle ne sentait aucune critique ou moquerie dans la voix de l’homme ou dans sa façon de dire les choses, en fait, il avait surtout l’air amusé sans pour autant faire un jugement de valeur. C’était vraiment agréable parce qu’en général – sans que ce soit fondé – on avait tendance à la prendre pour la blonde de base quand elle faisait une connerie découlant d’un évènement « pas de chance ». Elle ne s’estimait pas plus stupide que la moyenne mais quand elle trébuchait sans le faire exprès, quand elle était capable de renverser son café ou faire tomber ses clés dans la seule bouche d’égout à des kilomètres, on avait tendance à penser qu’elle était stupide. A croire que les gens confondaient maladresse et intelligence. Ce n’était pas le cas de Théodore et rien que pour ça elle était capable de lui ajouter des points. Oui, parce que Maddison avait un système bien à elle concernant les gens, en leurs ajoutant ou retirant des points selon leur action, le score lui permettait, par la suite, de savoir si elle appréciait ou non les gens. Chacun sa façon de faire !

Ce qui était certain c’est qu’on ne pouvait pas passer à côté de cet accent américain si prononcé chez la jeune femme, en même temps elle n’était en Angleterre que depuis 2 mois. Et même si on la critiquait sur cet accent qui « tuait la langue anglaise » elle ne comptait pas prendre l’accent anglais qu’elle trouvait trop pompeux pour l’américaine qu’elle était. Tout ça pour dire que n’importe qui était capable qu’elle n’était pas du coin et comme ça ne pouvait être un secret elle se décida à embrailler sur ce sujet.

« C’est habituel ce temps à Londres ? Parce que je crois que j’vais franchement avoir du mal à m’y faire. Je n’ai jamais vu autant de brouillard de ma vie. »

Il y avait un léger rire dans le timbre de sa voix parce que, dans le fond, ce n’était pas une réelle critique ou problème envers le pays où elle avait choisi de fuir. Cela dit, il était vrai que le temps la surprenait un peu, pas vraiment habitué à ce genre de climat. Elle se demandait ce que pouvait donner les hivers dans cette ville, enfin, a priori, elle aurait bien le temps de voir par elle-même si elle restait assez longtemps à Londres. Bon, elle aurait bien demandé à l’homme ce qu’il faisait dans la vie, enfin tout ce genre de trucs banales qu’on pouvait poser à une personne qui nous était inconnu mais elle avait tendance à garder ce genre de question pour plus tard, peut-être à cause d’une envie de ne pas forcément faire comme tout le monde… Elle entreprit de s'essuyer le visage, tout en continuant de parler.

« En tout cas, quand il pleut ça ne fait pas semblant, va falloir que je songe à investir dans un parapluie »

Ouais, enfin, avant il allait surtout falloir qu’elle fasse opposition sur sa carte de crédit et qu’elle retrouve très vite un moyen de paiement vu que son portefeuille avait décidé de se faire la malle. Hormis cette rencontre, ça n’avait franchement pas été sa journée mais elle préféra ne pas penser à toutes les démarches administratives qu’elle allait devoir faire pour récupérer de nouveaux papiers et ainsi de suite. Et, par-dessus tout, elle espérait que sa carte de crédit ne servirait pas à un paiement exorbitant sur internet ou un truc dans le genre. Définitivement, elle préféra se sortir ses pensées de la tête avant de se mettre à déprimer ce qui, de toute évidence, n’était pas son genre préférant voir le bon côté des choses.

- J’crois qu’il aurait été préférable de ne pas y penser, parce qu’en plus de ne rien protéger du tout, c’est juste catastrophique…

Je ris et tentai de la rassurer :

- Mais non, vous inquiétez pas, il y a pire !

Bon, en réalité je ne savais pas s’il y avait pire. Elle était quand même trempée et avec de l’encre plein le visage et les mains. Mais si ça pouvait la rassurer un peu…

-C’est habituel ce temps à Londres ? Parce que je crois que j’vais franchement avoir du mal à m’y faire. Je n’ai jamais vu autant de brouillard de ma vie.

On sentait que ce n’était pas vraiment une critique mais plutôt une remarque prise sur un ton amusé.

- En tout cas, quand il pleut ça ne fait pas semblant, va falloir que je songe à investir dans un parapluie, ajouta-t-elle en s’essuyant le visage

- Vous devriez oui ! Parce que même s’il ne pleut pas tout le temps, contrairement à ce que la plupart des gens croient, il fait souvent humide ici.

Il fallait bien le reconnaître : oui, Londres était humide. Et même si un déluge pareil ne s’abattait pas souvent, il était fréquent que deux, trois gouttes tombent dans la journée. Même si ça pouvait ne durer que quelques minutes.

- Donc pour répondre à votre question, repris-je, oui c’est un temps habituel pour Londres. Enfin, un peu trop pluvieux, rectifiai-je, mais oui. Mais ça doit changer des Etats-Unis c’est sûr ! (vu son accent, elle ne pouvait être qu’américaine). Quoique tout dépende encore de la ville d’où vous venez mais si vous êtes déroutée par ce temps c’est que vous devez venir d’une ville où il fait plutôt beau je suppose.

J’avalai une gorgée de chocolat :

- Je peux vous demander d’où vous venez Maddison ?, osai-je finalement lui demander après quelques secondes d’hésitation.

« Mais non, vous inquiétez pas, il y a pire ! »

Elle n’était pas certaine qu’il puisse y avoir pire – enfin, si, il y avait toujours pire – mais elle appréciait le fait qu’il cherche à la rassurer même si, dans le fond, elle ne se formalisait pas trop non plus. Maddison n’avait jamais été du genre à se plaindre et il y avait tout à parier sur le fait qu’elle ne commencerait pas aujourd’hui, elle était toujours partie du principe qu’il y avait pire vie que la sienne et, juste ça, l’empêchait de se plaindre à qui que ce soit… Encore plus quand il s’agissait d’inconnu. Du coup, elle se contenta d’un sourire pour signifier qu’elle le vivait bien et que ce n’était pas si terrible que ça, même si elle ne s’était pas montrer sous son meilleur jour.

« Vous devriez oui ! Parce que même s’il ne pleut pas tout le temps, contrairement à ce que la plupart des gens croient, il fait souvent humide ici. »

Elle ne savait pas trop si ça la rassurait, cela dit elle était mauvaise langue parce qu’elle était certaine qu’il pleuvait bien plus à New York que sur l’Angleterre en général. C’est juste que… Enfin, c’est juste que ce n’était pas chez elle et qu’elle avait tendance à tout voir en pire même quand ce n’était pas réellement le cas. Le temps était bien plus tolérant ici qu’il ne pouvait l’être chez elle, du coup, elle s’en voulait presque d’avoir balancé un truc sur la pluie qui tenait plus du cliché qu’autre chose.

« Donc pour répondre à votre question, oui c’est un temps habituel pour Londres. Enfin, un peu trop pluvieux, mais oui. Mais ça doit changer des Etats-Unis c’est sûr ! Quoique tout dépende encore de la ville d’où vous venez mais si vous êtes déroutée par ce temps c’est que vous devez venir d’une ville où il fait plutôt beau je suppose. »

Elle s’était mise à sourire quand il avait parlé des État Unis, ça ne l’étonna pas réellement, les gens devinaient vite de quel pays elle venait. Et elle était certaine que si elle avait été du Texas, les gens auraient été capables de lui donner son état. Cet accent était vraiment horrible, il n’y en avait pas de pire selon elle. Enfin quoiqu’il en soit elle était assez contente qu’on puisse deviner son pays si facilement parce qu’elle en était fière – même si elle l’avait quitté – et, du coup, pour rien au monde elle ne voudrait perdre ce qui paraissait être un accent pour les autres. Par contre, elle culpabilisa un peu plus d’avoir donné un tel cliché sur l’Angleterre qui venait d’induire une erreur Théodore sur le fait qu’elle venait d’un endroit chaud. Elle était quand même bien loin de la Floride et savait parfaitement ce que « froid » en hiver voulait dire.

« Je peux vous demander d’où vous venez Maddison ? »
« En réalité, il ne fait pas beaucoup plus beau d’où je viens. Enfin, disons que nos saisons sont plutôt bien marquées. J’viens de New York. Il faut avouer qu’on à beaucoup de pluie et que je serais mal avisée de critiquer Londres. »

Elle avait souri comme pour s’excuser de ce qu’elle avait dit un peu plus tôt. Critiquée une ville qui l’avait accueillie alors qu’elle avait fui New York pour plusieurs raisons n’était pas franchement la chose la plus cool que l’on puisse faire. Bref, finissant de s’essuyer, elle commença à boire sa boisson chaude qui lui fit un bien fou après l’averse qu’elle venait de se prendre sur le coin de la figure. Et c’est entre deux gorgées qu’elle s’intéressa à ce que pouvait faire Théodore dans la vie.

« Et moi, je peux vous demander dans quoi vous travailler ? Mais rien ne vous oblige à répondre, bien sûr. »

Par expérience elle savait que certaines personnes n’aimaient pas parler de leur travail. Sûrement parce qu’ils ne l’aimaient pas vraiment et qu’en dehors des heures de bureau ils avaient envie de penser à plein de chose tant que ça n’impliquait pas leur travail. Et puis, si il ne voulait pas répondre, elle était capable d’alimenter une conversation pour deux à elle toute seule si il le fallait, comme le fait qu’elle pouvait trouver un tas de question à poser. Après tout, elle n’était pas journaliste pour rien.

- En réalité, il ne fait pas beaucoup plus beau d’où je viens, me répondit Maddison. Enfin, disons que nos saisons sont plutôt bien marquées. J’viens de New York. Il faut avouer qu’on à beaucoup de pluie et que je serais mal avisée de critiquer Londres.

- Oh, New-York, je vois. Oui je comprends ce que vous voulez dire, lui répondis-je avec un sourire. Vous êtes chanceuse en tout cas : New-York est une ville géniale. Enfin, de ce que j’en ai vu en tout cas.

Cela remontait à plusieurs années, j’avais 21 ans. Nous étions partis à New-York un mois pendant les vacances d’été. Et ça avait été merveilleux. New-York était une ville tellement extraordinaire. La ville qui ne dormait jamais recelait des surprises à tous les coins de rue et j’avais eu un pincement au cœur en devant partir. Et depuis je rêvais d’y retourner. J’adorais Londres, certes, mais l’atmosphère de New-York, vraiment particulière et tellement différente de Londres m’attirait.

- Et moi, je peux vous demander dans quoi vous travaillez ? Mais rien ne vous oblige à répondre, bien sûr.

Je lui souris :

- Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas vous répondre Maddison. En fait je travaille à Scotland Yard. Moi et mes collègues nous occupons de tout ce qui concerne la cybercriminalité. Ce n’est pas extrêmement passionnant par moments je dois bien l’admettre mais bon…il y a des boulots pire quand même.

Je finis mon chocolat.

- Et puis il y a des moments plus intéressants alors ça compense. Et vous ? Je peux vous demander ce que vous faîtes ici ?

« Oh, New-York, je vois. Oui je comprends ce que vous voulez dire. Vous êtes chanceuse en tout cas : New-York est une ville géniale. Enfin, de ce que j’en ai vu en tout cas. »

Maddison ne pu s’empêcher de sourire, c’était assez rare qu’on puisse la qualifier de « chanceuse », beaucoup de mots pouvaient la qualifier mais certainement pas celui-là même si elle avait conscience que, du point de vue de Théo, on pouvait dire qu’elle était chanceuse. C’était probablement un point de vue. Elle fut néanmoins contente de ne pas avoir le droit à « qu’est-ce qui vous amène à Londres, pourquoi quitter New York ? » parce que, c’est vrai au fond, pourquoi quitter une ville aussi vivante où l’on peut trouver de tout même sur le plan professionnel. Cette question d’ordinaire posée pour alimenter une conversation avait tendance à l’embarrasser un peu parce qu’elle n’aimait pas s’épancher sur ses choix – de peur d’ennuyer – et qu’il était difficile d’expliquer son choix en restant évasive. Enfin, si, elle le pouvait mais on verrait très vite qu’elle ne préférait pas s’étendre sur ce sujet. Le seul truc notable dans la réponse qu’il venait de lui faire, au final, était qu’il avait déjà été à New York et que, à l’écouter, il avait apprécié cette visite. Pour Maddison, il y avait deux sortes de personnes : celles qui adoraient New York et celles qui détestaient cette ville. C’était, généralement, tout l’un ou tout l’autre. On adhérait à la vraie vie en ville ou pas, c’était une question de goût au final.

« Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas vous répondre Maddison. En fait je travaille à Scotland Yard. Moi et mes collègues nous occupons de tout ce qui concerne la cybercriminalité. Ce n’est pas extrêmement passionnant par moments je dois bien l’admettre mais bon…il y a des boulots pire quand même. »

Au contraire, elle trouvait ça super intéressant. Aussi bien sur un point de vue personnel que professionnel. A New York ses contact dans différents services de police l’avaient bien aidé pour les articles qu’elle devait écrire, ici, son manque de contact impliquait être relégué aux faits divers. Cela dit, elle ne s’en plaignait pas sachant qu’elle finirait par se faire des contacts, elle avait toujours eu le contact facile et était franchement réglo avec ses informateurs. Bref, forcément, elle trouvait le boulot de Théo super intéressant, surtout qu’il devait avoir des bases solides en informatique et que c’était toujours une bonne chose. Elle ne savait pas encore à ce moment si elle garderait Théo en contact ou non, mais il était clair qu’elle trouvait son activité super intéressante.

« Et puis il y a des moments plus intéressants alors ça compense. Et vous ? Je peux vous demander ce que vous faîtes ici ? »
« Sérieux, je trouve super intéressant. Enfin je suppose que je ne peux pas réellement savoir étant donné que je ne suis pas de ce genre de métier mais, ouep, j’trouve ça cool. J’avais un ami à new York qui faisait un peu la même chose, carrément utile et super intéressant à écouter même si quand il parlait ordi je comprenais qu’un mot sur deux. »

Elle s’arrêta parce qu’elle était capable de monopoliser toute la conversation avec ses histoires alors que l’homme qui lui faisait face lui avait posé une question. Il était préférable qu’elle lui réponde plutôt qu’elle se mette à lui raconter une partie de sa vie. Maddison avait toujours cette tendance à s’emballer quand un sujet l’intéressait mais là, il convenait de faire un peu attention sous risque de rapidement saouler l’homme qui venait de lui payer son café… En fait, il en avait même payé deux.

« Je suis journaliste. Enfin sans grande importance, j’m’occupe plus des faits divers que de vrais sujets mais ça viendra, faut juste le temps que je prenne mes marques dans cette ville. »

Et par là elle entendait surtout le fait d’avoir des contacts. Parce que, une journaliste sans contact, s’occuperait toujours des choses sans importances et il était clair que ce n’est pas ce qu’elle voulait, pas après le poste qu’elle avait occupée à new York et qui lui convenait plus que bien. Maddison s’était toujours épanouie dans son boulot là-bas et elle comptait bien retrouver la même chose ici. Elle allait reprendre la parole pour demander à Théo à quel moment il avait pu visiter New York mais la porte du café s’ouvrit. Ce fait aurait pu n’avoir aucune importance mais l’homme qui venait d’entrer avait en main le portefeuille de Maddison qu’elle avait fait tomber un peu plus tôt.

« je suis désolée. Un moment. »

Elle se releva en catastrophe, manqua de se prendre le pied dans la lanière de son sac et se dirigea rapidement vers l’homme qui avait son portefeuille. De loin, il avait semblé beaucoup moins grand mais, une fois en face d’elle, Maddison avait la désagréable sensation de faire face à une véritable armoire à glace. Dans le fond elle s’en foutait un peu, difficilement impressionnable ce qui pouvait être un défaut.

« Excusez-moi Monsieur mais c’est mon portefeuille que vous avez dans les mains. »
« Et alors ? Fallait pas le faire tomber, maintenant c’est le mien. »
« Quoi ? »

Maddison resta une seconde interdite face à cette réponse, même pas il cherchait à nier quoique ce soit, juste il se croyait tout permis et se permettait de vouloir garder SON portefeuille à ELLE. Maddison fronça les sourcil un instant en reposant son regard sur l’homme. Et avec toute la conviction qu’elle avait, elle tendit sa main vers l’homme, nullement impressionnée par sa stature ou par ce qu’il était capable de faire.

« Rendez-moi mon portefeuille, maintenant ! »
« Sinon quoi ? »
« J’te fais bouffer tes dents espèce d’abruti ! »

Maddison avait un gros défaut, celui de ne pas être patiente avec les gens qui la saoulait. Un gros défaut parce qu’elle avait tendance à se foutre dans des situations à la noix pour pas grand-chose, comme à ce moment très précis. C’était bien beau de lui promettre à pétage de dent en règle, mais vu sa petite taille, même en se mettant sur la pointe des pieds, elle n’était pas certaine de lui arriver à l’épaule. Aucune idée de la manière dont elle allait s’y prendre mais elle avait toujours bon espoir que l’intimidation pourrait marcher… Enfin ça marchait sûrement pour certaine personne, mais du haut de ses 1m64, Maddison avait tendance à n’impressionner personne. Encore moins l’homme qui lui faisait face à en juger par la manière dont il la fixait.

- Je suis journaliste. Enfin sans grande importance, j’m’occupe plus des faits divers que de vrais sujets mais ça viendra, faut juste le temps que je prenne mes marques dans cette ville.

Journaliste… intéressant. Ça devait être un métier passionnant. Enfin pour l’instant apparemment elle attendait de pouvoir écrire plus que des faits divers, mais même si je ne la connaissais pas, je sentais qu’elle y arriverait. Elle avait l’air déterminée et très sociable, deux atouts précieux dans le milieu du journalisme. Il n’y avait donc aucune raison pour qu’elle n’y arrive pas.

- Oui, j’en suis sûr, lui répondis-je donc

- Je suis désolée. Un moment.

Je n’eus pas le temps de réagir qu’elle s’était levée en catastrophe, manquant de tomber, et dirigé vers un homme. Je ne compris pas tout de suite mais un examen plus attentif de la situation me permit de comprendre. L’homme avait en main le portefeuille de Maddisson. Et celle-ci semblait déterminée à le récupérer. Sauf que l’homme en question était une armoire à glace qui faisait deux têtes de plus qu’elle. Je ne sais pas ce qu’il lui répondit mais cela ne dut pas lui plaire puisqu’elle tendit la main vers lui en haussant la voix :

- Rendez-moi mon portefeuille, maintenant !

Je me levai, sentant que la situation risquait de mal tourner.

- Sinon quoi ?, lui répondit l’homme
- J’te fais bouffer tes dents espèce d’abruti !

Je rejoignis Maddisson alors que l’homme la regardait d’un œil moqueur, visiblement peu impressionné par ses menaces.

- Rendez-lui son portefeuille. Maintenant. Dis-je d’un ton posé mais ferme à l’homme.
- Elle avait qu’à pas le faire tomber. C’est le mien maintenant.

Pardon ?? Nan mais c’était quoi cette logique à deux balles ?

- Ecoutez…

Je m’avançai vers lui jusqu’à n’être qu’à quelque centimètres de son visage et regardai les gens autour de nous avant de me retourner vers lui et de le regarder droit dans les yeux.

- Le vol est passible de 3 ans d’emprisonnement et 4500£ d’amende. Au maximum bien sûr. Pour un portefeuille ce ne serait surement qu’une amende et peut-être d’à peine 500£. Mais ce serait inscrit sur votre casier judiciaire. De plus je vous ferai remarquer que nous sommes dans un bar bondé où des dizaines de personnes pourraient attester qu’il s’agit d’un vol. Ah oui et…je travaille à Scotland Yard. Vous voulez vraiment jouer à ça ?

Ce n’est qu’une fois que j’eus finit de parler que je me rendis compte qu’un silence de mort s’était abattu dans le bar. Et que tout le monde nous regardait.

- Ce sont des menaces?
- Des menaces? Oh non pas du tout. Je vous rappelle juste la loi... Et aussi que je n'ai qu'un coup de fil à passer pour que vous ne dormiez en garde à vue ce soir, dis-je le plus simplement du monde.

L'homme sembla hésiter quelques secondes.

- Oh et puis merde !, finit-il par s'exclamer

Il fourra violemment le portefeuille dans les mains de Maddisson et disparut du bar.
Il s’écoula quelques secondes de blanc, puis tout le monde reprit sa conversation.

- J’espère qu’il ne vous manque rien, dis-je à la journaliste en désignant le portefeuille.

Spoiler:

Maddison ne se laissa pas démonter devant l’homme, bien qu’elle avait l’impression qu’il faisait 2 fois sa taille aussi bien en hauteur qu’en largeur. Rien à faire des menaces qu’il pouvait donner, rien à faire qu’il ne la pense pas capable de se mettre à exécution. Si elle devait frapper et y laisser l’intégralité de son poignet, elle n’allait pas se gêner. C’était son portefeuille après tout. Bien qu’elle ne s’y attende pas, c’est Théo qui arriva pour lui prêter main forte en demandant calmement qu’on lui rende son bien. Elle apprécia le ton posé dont il pouvait faire preuve, alors qu’elle, elle était incapable de patience avec ce genre de type. Y a des fois – souvent – où Maddison était plus du genre à foncer dans le tas et réfléchir après. Et vu les mésaventures qu’elle avait pu avoir, elle était bien placée pour savoir que ce n’était pas la meilleure chose à faire.

« Le vol est passible de 3 ans d’emprisonnement et 4500£ d’amende. Au maximum bien sûr. Pour un portefeuille ce ne serait surement qu’une amende et peut-être d’à peine 500£. Mais ce serait inscrit sur votre casier judiciaire. De plus je vous ferai remarquer que nous sommes dans un bar bondé où des dizaines de personnes pourraient attester qu’il s’agit d’un vol. Ah oui et…je travaille à Scotland Yard. Vous voulez vraiment jouer à ça ? »

Wahou… Il sortait ça d’où ? Maddison aurait été incapable de retenir toutes les peines qui pouvaient exister pour toutes les condamnations possibles. Vas-y que je te paye mon coup de pression. Théo n’employait pas la force. Bon c’était mieux ainsi parce que sans vouloir le dénigrer, son gabarit à côté de celui de l’homme donnait un sérieux avantage au voleur. Mais les mots employés semblaient franchement faire réfléchir l’homme qui resta muet pendant un instant. D’ailleurs, tout le monde semblait retenir son souffle dans le café en se demandant si le type allait finir par en décoller une à Théo ou non. Cela aurait été bien ennuyeux parce qu’en plus de lui offrir un café renversé et un autre café – plein cette fois -, Maddison lui serait aussi redevable d’une altercation par sa faute.

« Des menaces? Oh non pas du tout. Je vous rappelle juste la loi... Et aussi que je n'ai qu'un coup de fil à passer pour que vous ne dormiez en garde à vue ce soir »

Elle ne connaissait pas Théo mais elle l’adorait déjà. Il ne se laissait pas démonter. La journaliste se garda bien de sourire à cette réponse, de façon à ne pas provoquer un peu plus l’homme qui tenait son portefeuille. Ce dernier, après un temps de réflexion, déposa tellement fort le portefeuille de Maddison dans ses mains qu’elle en fit un pas en arrière. Puis, après, la vie semblait reprendre son court. Pas d’altercation, même pas un mot plus haut que l’autre, les gens semblaient osciller entre soulagement et déception… A croire qu’une altercation aurait pu leur donner un bon sujet de conversation en rentrant chez eux le soir. L’homme reparti pendant que Maddison vérifiait l’intérieur de son portefeuille, ses papiers d’identités étant plus important que le reste.

« J’espère qu’il ne vous manque rien »

Elle releva un visage souriant vers Théo en secouant la tête. Non, il ne lui manquait rien. Du coup, elle décida de reprendre sa place afin de pouvoir finir sa boisson chaude et, une fois que Théo eut repris sa place également, elle ne put s’empêcher de sourire.

« Impressionnant… Enfin, vous voyez, j’ai toujours trouvé plus impressionnant les gens capables de sortir d’une situation par des mots plutôt qu’en foutant quelques poings. Je crois que j’étais mal barrée face à lui. »

Elle se voyait mal jouer la grande et affirmer le contraire. Si ce type lui avait collé une baffe, elle aurait sûrement volé à travers le café et n’aurait pas été redevable que d’un simple café dans ce lieu. Non, sérieusement, il avait gérer sur ce coup et de manière exemplaire. Trop de types avaient tendance à vouloir se montrer « forts » pour impressionner une personne. Lui se l’était joué avec finesse et c’était tout à son honneur !

« Bref merci beaucoup, j’crois que vous êtes mon sauveur de la journée ! Puis elle prit un air intrigué. Vous connaissez vraiment les peines encourus pour tout, ou c'était du bluff ? »

Maddisson me sourit en secouant la tête. Bon s'il ne lui manquait rien c'était le principal. Nous reprîmes donc nos places, histoire de finir nos boissons.

- Impressionnant…, me dit-elle. Enfin, vous voyez, j’ai toujours trouvé plus impressionnant les gens capables de sortir d’une situation par des mots plutôt qu’en foutant quelques poings. Je crois que j’étais mal barrée face à lui.

- Oui, pas mal de gens sous-estiment les mots, lui répondis-je avec un sourire. Disons que si on a le gabarit qui va avec ça peut aller. Mais vu le mien j'étais aussi mal barré que vous si j'avais voulu y aller avec la force. Alors j'ai du apprendre à me battre avec les mots. Ce qui des fois sert beaucoup plus.

De toute façon je n'avais jamais été capable de me battre. Rien que l'idée ne me plaisait pas, et même physiquement j'en étais incapable. Angus avait d'ailleurs bien tenté de régler ça un jour où elle m'avait vu rentrer avec un oeil au beurre noir après m'être pris un coup perdu dans une bagarre. Mais elle m'avait surestimé. Résultat je m'en étais pris une (même plusieurs) pendant qu'elle m'ordonnait de riposter. Comme si j'avais pu la frapper! Elle était dingue! J'avais bien fini par le faire (vraiment plus qu'à contre-ceur) et je m'en étais voulu pendant des jours. Là s'étaient arrêtées mes "leçons". Alors définitivement, mon arme à moi c'était les mots, pas les poings.


- Bref merci beaucoup, j’crois que vous êtes mon sauveur de la journée !

Un sourire apparût au coin de mes lèvres. C'est vrai qu'entre son....ses cafés (puisqu'il y en avait eu deux) et ça.... Si c'était le genre de mésaventures qui lui arrivait souvent, je comprenais quand elle me disait qu'elle n'avait pas de chance. Et je n'aurais pas échangé ma place avec la sienne, la pauvre!

- Vous connaissez vraiment les peines encourus pour tout, ou c'était du bluff ?, me demanda-t-elle intriguée.

- Tout? Mon Dieu, non! Y'en a beaucoup trop vous savez. D'ailleurs même les plus hauts magistrats ne les connaissent pas toutes. Non non, disons que j'ai retenues les principales: vol, homicide, les choses du genre. ça fait pas de mal d'être au courant. Encore plus en travaillant au Yard. Et apparemment ça marche bien sur certains.

Je finis ma tasse et reprenais notre conversation.

- Alors...Vous me disiez que vous étiez journaliste? Vous travaillez à quel journal? Enfin si je peux demander.

Spoiler:

« Oui, pas mal de gens sous-estiment les mots. Disons que si on a le gabarit qui va avec ça peut aller. Mais vu le mien j'étais aussi mal barré que vous si j'avais voulu y aller avec la force. Alors j'ai dû apprendre à me battre avec les mots. Ce qui des fois sert beaucoup plus. »

Madison ne put s’empêcher de sourire, non par moquerie mais parce qu’elle était d’accord avec lui. Son gabarit n’aurait pas suffi à impressionner l’homme d’avant. Cela dit, elle appréciait le côté réaliste de Théo et la façon dont il gérait les choses. Maddison avait tendance, une fois énervée, à utiliser des mots aussi mais ils ressemblaient plus à « j’vais te faire bouffer ta cravate » qu’à autre chose. Enfin, elle n’était pas attaquer tout le monde non plus, il fallait qu’elle ait des raisons d’en venir là et qu’elle n’en trouve pas d’autre. Comme le type d’avant à qui elle aurait été incapable de cité la loi et « j’bosse dans un journal » c’est vachement moins impressionnant que « j’suis à SY ! »

D’ailleurs il la rassura très vite sur le fait qu’il n’était pas au courant de toutes les peines de chaque crime. Maddi eut un soupire, un exagérer juste pour prouver qu’elle s’amusait un peu de sa réponse. Enfin, elle ne la dénigrait pas, juste elle se sentait un peu moins stupide de ne pas tout connaitre par cœur sur le bout des doigts. Elle hocha la tête confirmant, qu’effectivement, ça fonctionnait bien sur certain.

« Faudra que j’essaye la prochaine fois… Enfin, faut surtout que j’en apprenne quelques-unes avant. »

Parce que, se connaissant, elle était parfaitement capable de sortir une tirade décrivant la peine encouru à une personne qui l’ennuyait pour que ce dernier lui dise : « Non, en fait je risque ça, ça et ça. » Avec sa chance, elle allait forcément tomber sur quelqu’un de plus caller qu’elle, et là, elle aurait l’air un peu stupide avec son discours qui ne vaut rien. Mouais, se plonger un peu dans les lois pénales de ce pays ne serait pas une mauvaise chose. C’était de toute façon envisagé à un moment où à un autre vu qu’elle comptait évoluer.

« Alors...Vous me disiez que vous étiez journaliste? Vous travaillez à quel journal? Enfin si je peux demander »
« The Independent. Elle but une nouvelle gorgée de son café qui avait eu le temps de bien se refroidir. Ce qui, au final, n’était un drame vu qu’elle décida de le finir dans la foulée. Mais j’écris quelques trucs, de temps en temps, pour Metro et The London Paper »

Les deux derniers étaient des journaux gratuits, l’un sortait le matin, l’autre le soir. Ca lui permettait surtout d’être lu par plusieurs personnes – même si personne ne lis le nom des journalistes – et de pouvoir régulièrement changer de sujet. Puis, peut-être qu’un jour elle fera mouche avec un article qui sera lu par un journaliste bien plus compétent qu’elle qui pourrait l’aider par la suite. Enfin, si elle voulait une place dans les médias, il fallait bien qu’elle soit un peu partout et surtout qu’elle trouve l’affaire du siècle. Ses yeux se portèrent sur une pendule, accroché à un mur, lui rappelant qu’elle ne pourrait pas rester là éternellement. Pas aujourd’hui. Son regard se reporta alors sur Théo.

« Vous venez souvent ici ? Parce que, je crois bien être redevable de deux cafés et je n’aime pas être redevable alors il m’a bien falloir que je m’acquitte de cette dette. »

Si il venait régulièrement elle pourrait sûrement le recroiser et pouvoir lui offrir les cafés qu’elle lui doit et puis, ca permettrait de connaitre quelques personnes de plus à Londres. Si ce n’était pas le cas alors elle prévoyait de lui proposer de lui rembourser ses cafés maintenant. Vu qu’elle avait récupéré son portefeuille cela ne serait plus un problème.

Spoiler:

- The Independent. Mais j’écris quelques trucs, de temps en temps, pour Metro et The London Paper

Pas mal. Certes les deux derniers n'étaient pas spécialement des grands journaux, mais il fallait bien commencer quelque part. Et elle s'investissait dans 3 journaux différents et donc dans des types d'articles différents, ce qui montrait à quel point elle en voulait. Ce qui me plaisait. Elle savait ce qu'elle voulait et était determinée à y arriver.

- Vous venez souvent ici ? Parce que, je crois bien être redevable de deux cafés et je n’aime pas être redevable alors il m’a bien falloir que je m’acquitte de cette dette.

- Franchement ce n'est rien, lui répondis-je en souriant.

Après tout ce n'était jamais que deux cafés. Ce n'était pas ça qui allait me ruiner n'est-ce pas? Mais bon Madisson avait vraiment l'air très gentille et j'avais bien envie de la revoir un jour pour discuter.

- Mais oui je viens de temps en temps ici après le boulot. Alors si un jour ça vous dit de prendre un café, dites moi.

Je sorti un petit carnet de mon sac, un crayon et griffonnai mon numéro de portable.

- tenez, dis-je en lui tendant. Voici mon numéro de portable. Appelez moi, quand vous voudrez venir boire un café et discuter. D'accord?

Je remettais mon manteau et me levai.

- En tout cas, c'était un plaisir Maddisson. Vivement ces prochains cafés.

Je lui souris et sorti. La pluie s'était enfin arrêté et j'allais profiter de cette accalmie pour rentrer avant que le déluge ne recommence. Finalement la journée ne s'était pas aussi mal finie que prévue. Madisson était vraiment quelqu'un...d'étonnant. Si faible en apparence et pourtant tellement forte et déterminée en réalité, apparemment tellement malchanceuse et le prenant pourtant avec le sourire. Oui, j'avais vraiment hâte de la revoir et de discuter avec elle. Car quelque chose me isait qu'elle méritait vraiment à être connue. C'est donc finalement de meilleur humeur que prévue que je rentrais.